Robots-tueurs : les nouvelles armes développées par la Norvège inquiètent
Le scénario est digne d’un film de science-fiction. C’est pourtant un projet bien réel qui est en cours de développement par la Norvège: des missiles capables de détecter et de décider seuls, sans intervention humaine, de l’élimination d’une "cible", comme disent les militaires. C’est-à-dire possiblement d’êtres humains.
Depuis plusieurs mois, le gouvernement norvégien finance la mise au point de ces nouveaux missiles. Un contrat allant de 260 millions à plus d’un milliard d’euros, selon les sources, aurait été signé il y a quelques mois avec le groupe d’armement Kongsberg. L’objectif: équiper avec ces "robots-tueurs" la nouvelle flotte d’avions de combat de l’armée norvégienne.
Plusieurs pays on fait état dès le mois de juin de leur intérêt pour cette technologie. Selon le site Business Insider, l’Australie, mais aussi le Japon et la Corée du Sud souhaiteraient ainsi faire l’acquisition de ces nouvelles armes.
Le projet rencontre pourtant de nombreuses résistances. La Ligue norvégienne pour la paix, citée par le site d’informations The Local, alerte depuis plusieurs semaines déjà l’opinion publique et estime que c’est un tabou qui menace d’être brisé. "Qui sera responsable si le missile fait des erreurs?", interroge l’association, qui soulève également la question du respect du droit international.
Une inquiétude qui gagne jusqu’au-delà des frontières norvégiennes. Le rapporteur spécial de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires (par drone interposé, par exemple) Christof Heyns émet également des réserves sur ce projet et souhaite la mise en place d’un moratoire sur ce nouveau type d’armes. "Nous avons vu au cours de la dernière décennie que la distance entre le soldat et sa cible augmente. Mais ce que nous voyons aujourd’hui c’est que l’armement devient le guerrier. La Norvège est un grand exportateur d’armes. Il faut donc être très attentif à ces questions éthiques", a-t-il résumé pour le site The Local.
A ce stade, le gouvernement norvégien, plus sensible aux enjeux économiques qu’à ces questions d’éthique, est resté sourd à ces appels. La ministre de la Défense du pays refuse ainsi de suspendre le projet en attendant que de nouvelles règles soient mises au point et réfute également le terme de "robots-tueurs".
Après le développement des drones d’attaque, pilotés à des milliers de kilomètres de distance et dépersonnalisant l’acte de mise à mort, une nouvelle étape est ainsi en passe d’être franchie. Et ce alors même que l’ONU, par exemple, en est encore à s’inquiéter des bavures découlant de l’usage intensif de ces avions sans pilote.
Car aucune technologie n’est infaillible. Et, il faut le rappeler, ce sont des vies humaines qui sont en jeu. D’autant que le développement incontrôlé de ce nouveau type d’armement pourrait le mettre à la portée d’un nombre grandissant de pays. Sans assurance que tous soient bienveillants à l’égard de leurs voisins. Ou de leur population.
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