Un ancien de la NASA cherche à prouver que nous vivons dans une simulation

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Axel Messaire, pour France-Soir
Publié le 10 août 2024 - 15:15
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Casques VR
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DR - Unsplash
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L'idée que nous pourrions vivre dans une simulation informatique n’est plus réservée à la science-fiction, et gagne de plus en plus de terrain dans les cercles scientifiques et philosophiques. Si bien qu’un ancien physicien de la NASA a conçu une série d’expériences visant à prouver que notre réalité pourrait n'être qu'une construction numérique avancée, orchestrée par une intelligence supérieure.

La "théorie de la simulation" postule que toute notre existence – l'univers, la Terre, la nature, et les êtres humains, bien sûr – pourrait être le produit d'une simulation numérique, semblable à un jeu vidéo extrêmement avancé. L'idée a été popularisée par le philosophe suédois Nick Bostrom dans un article de 2003 intitulé "Are You Living in a Computer Simulation?" [Vivez-vous dans une simulation numérique?]. Il y explique qu’une civilisation suffisamment avancée pourrait avoir la capacité de créer des simulations indiscernables de la réalité, une sorte de métavers perfectionné, et il est statistiquement probable que nous vivions dans l'une d'elles plutôt que dans la "vraie" réalité. Voilà qui n’est pas sans rappeler les films Matrix.

Tout le monde veut être l’élu

Le film Matrix des Wachowski, sorti en 1999, est souvent cité comme une représentation populaire de cette théorie. On y découvre un futur où les humains vivent dans une réalité virtuelle appelée la Matrice, créée par des machines intelligentes pour maintenir les esprits humains sous contrôle pendant que leurs corps servent de source d'énergie. Le protagoniste, qui devient l’élu, Neo, découvre la vérité sur cette illusion en choisissant la pilule rouge, et lutte pour libérer l'humanité.

Rangé dans la catégorie « science-fiction », la trilogie soulève des questions philosophiques pertinentes : quelles sont les limites de la technologie ? Comment savons-nous que ce que nous percevons est réel ? Si nos sens peuvent être trompés par une technologie suffisamment avancée, existe-t-il un moyen de distinguer la réalité d'une simulation ? Ces questions ont inspiré des générations de philosophes, de scientifiques et de technologues. À tel point qu’aujourd’hui, on écarte de plus en plus le côté « fiction » pour se concentrer sur la « science », cherchant à prouver la vérité fondamentale invoquée dans Matrix.

Beaucoup de « si » pour prouver la simulation

L'hypothèse de Nick Bostrom repose sur trois propositions principales : soit les civilisations avancées s'éteignent avant de pouvoir créer de telles simulations, soit elles n'ont aucun intérêt à les créer, soit nous vivons presque certainement dans une simulation. Dans une interview donnée à Joe Rogan en 2018, Elon Musk s’est exprimé sur le sujet : « L’univers a 13,8 milliards d’années, donc toutes les civilisations qui ont surgi dans tout le cosmos ont eu beaucoup de temps pour parfaire leur savoir-faire technologique ». Or, en admettant la possibilité que des civilisations plus avancées que l’Homme puissent créer des simulations, alors la conclusion la plus probable est que nous faisons partie d’une sorte d’enchaînement de simulations, de couches numériques, d’expériences.

Des scientifiques de renom ont exploré l'idée. Comme l’a rapporté Futurism, en 2017, Thomas Campbell a publié un article dans The International Journal of Quantum Foundations, décrivant une série de cinq expériences conçues pour tester la "théorie de la simulation". L’ancien physicien de la NASA ne s’est d’ailleurs pas contenté de rédiger son papier, puisqu’il a aussi fondé le Centre pour l'unification de la science et de la conscience (CUSAC), une ONG ayant pour objectif de financer la réalisation desdites expériences.

En se fondant sur l'expérience intrigante de la double fente, réalisée pour la première fois en 1801 par Thomas Young, Thomas Campbell émet l’hypothèse que sans le regard de l’observateur, les informations de l’expérience n’existent pas. Autrement dit, il part du même principe de fonctionnement qu’un jeu vidéo : quand vous découvrez un monde « ouvert » numérique, les informations qui sont projetées sur votre écran le sont uniquement au moment où vous arrivez à leur niveau. C’est-à-dire que tant que votre personnage n’a pas avancé, ou tant que vous n’avez pas tourné votre caméra, le monde qui se trouve derrière vous ou un peu plus loin n’existe pas encore. Le physicien résume en décrivant l’univers comme étant uniquement « participatif » ; sans nous pour « jouer », il n’existerait pas.

D’un autre côté, des astrophysiciens tels que Silas Beane ont proposé des expériences pour vérifier si les lois de la physique telles que nous les comprenons pourraient être le résultat de contraintes d'un système informatique. Par exemple, dans une simulation numérique, il pourrait y avoir des limites à la résolution spatiale et temporelle, analogues aux pixels dans une image numérique, ce qui pourrait se manifester par des effets détectables dans les rayons cosmiques ou d'autres phénomènes astrophysiques. En fait, ils cherchent tous une faille dans le système, comme Neo dans la Matrice.

Pour le moment, bien que nos technologies se rapprochent de plus en plus de la réalité et que les chercheurs soient penchés sur le sujet, les expériences ne sont pas concluantes et la théorie de la simulation en reste donc au niveau de la spéculation philosophique. Et finalement, si c’était ça le plus important ? Thomas Campbell lui-même se détachait de son prédécesseur Bostrom en assurant que « notre conscience n'est pas un produit de la simulation : elle est fondamentale pour la réalité. » Alors, posons-nous les bonnes questions, en conscience !

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