Vols vers Mars : il faudra faire des missions encore plus longues pour se préparer
Le 2 mars dernier, l'astronaute américain Scott Kelly est rentré sur Terre après 340 jours à bord de la Station spatiale internationale. Car, pour se préparer aux voyages vers Mars, les spationautes réalisent des voyages de plus en plus longs. Mais ces derniers ne sont pas sans conséquences pour leurs organisme, comme le relève le spationaute français pour l'Agence spatiale européenne (ESA) Jean-François Clervoy, dans une interview au site Pourquoi Docteur.
Au cours d'un voyage en impesanteur, "presque toutes les fonctions sont touchées", explique-t-il. En effet, "la densité osseuse diminue, comme la masse musculaire, le sang se répartit d'une nouvelle manière, ce qui crée un déconditionnement cardiovasculaire, le coeur s'atrophie et le système immunitaire est déprimé", décrit-il, ajoutant que si "ces altérations n'empêchent pas les spationautes d'être en bonne santé à bord", "c'est le retour qui est plus difficile".
Car trois de ces modifications sont irréversibles: la densité osseuse, l'acuité visuelle et le cumul des rayonnements cosmiques. Ainsi, après une mission, un quart des astronautes doivent porter des lunettes à vie alors qu'ils n'en portaient pas avant, explique Clervoy. Quant aux rayonnements cosmiques, "dans l'espace nous sommes plus exposés que sur Terre", développe-t-il, racontant que certains astronautes n'ont plus le droit de voler car ils se rapprochent "de la limite autorisée par le droit du travail".
En cas de problème pendant un vol spatial, deux "crew medical officers" se trouvent dans l'équipe. Ils ont été formés avant le départ pour être capables d'exercer des gestes de médecine d'urgence en cas de besoin. "Ils sont aptes à poser des sondes, réaliser des endoscopies ou poser un plombage". "Et à bord, on dispose d’une trousse médicale à faire pâlir d’envie une clinique! On a beaucoup d’instruments et toutes sortes de médicaments. Par ailleurs, chaque spationaute a un médecin référent sur Terre, qu’il peut joindre à tout moment en cas de besoin, via une communication cryptée", déclare Clervoy.
Quant au fameux voyage sur Mars, une grande incertitude persiste sur le plan médical: les radiations. Car "le rayonnement cosmique de l'espace interplanétaire n'est pas encore bien caractérisé". "Pour ce qui est de la durée des missions, les premiers vols ne se poseront pas sur Mars, ils contourneront la planète, ce qui signifie que les astronautes resteront en impesanteur pendant des périodes de un an et demi à deux ans. Et ça on ne l'a pas encore testé. Il faudra donc faire des missions encore plus longues pour préparer ces vols martiens", conclut Clervoy.
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