Opérations escargot des taxis à Paris, Toulouse et Marseille
Quelque 780 taxis étaient mobilisés en région parisienne à la mi-journée, selon la préfecture de police, qui en dénombrait 2.100 la veille. Sur l'immense place de la porte Maillot à Paris, théâtre de débordements mardi, environ 200 chauffeurs ont passé la nuit dans leurs voitures, rejoints par des taxis niçois venus en renfort.
Les VTC "pompent notre économie et précarisent tout le monde", dénonce Moustafa Amrani, chauffeur parisien, interrogé par l'AFP. "Nous, on les voit en tournée, pourquoi la police ne les voit pas? Ils ont pourtant les mêmes yeux que nous!", s'exclame Stéphane Levy, taxi marseillais.
A l'autre bout de la capitale, une centaine de chauffeurs, dont de nombreux Bordelais et Nantais, ont campé toute la nuit boulevard de Bercy, sous les fenêtres du ministre de l'Economie Emmanuel Macron, dont ils réclament la démission.
Les taxis n'avaient pas encore appris qu'Uber France, leur principal ennemi désigné, a été condamnée mercredi à verser 1,2 million d'euros à l'Union nationale des taxis, une organisation qui accusait la société de VTC d'"ambiguïtés" dans sa communication.
Le tribunal de grande instance de Paris a confirmé que les chauffeurs d'Uber étaient "incités" à pratiquer le maraudage, ce que la loi leur interdit et que les taxis dénoncent régulièrement.
Pour tenter de calmer la contestation des chauffeurs de taxis, le Premier ministre Manuel Valls a reçu mardi une délégation de neuf syndicats et leur a notamment annoncé une concertation de trois mois "sur l'équilibre économique du secteur (...) et les éventuelles évolutions de la réglementation qui pourraient en découler". Une mission confiée au député socialiste Laurent Grandguillaume.
Les deux intersyndicales de taxis se retrouvaient mercredi matin à Paris pour discuter des suites du mouvement, mais tous sont d'accord sur un point: "on rejette le médiateur, on n'en veut pas", résume Mohamed Ben Ali, du syndicat de défense des conducteurs de taxis parisiens (SDCTP).
Autre preuve de leur détermination, les taxis poursuivaient leurs actions dans les aéroports parisiens. A Roissy, "environ 200 taxis calmes provoquent des ralentissements aux entrées de l'aéroport", a indiqué le préfet Philippe Riffaut, chargé de la sécurité du site.
Après avoir bloqué un accès autoroutier, certains chauffeurs ont entamé une opération escargot dans les terminaux, où les stations de taxis sont neutralisées, a constaté un journaliste de l'AFP.
"On s'excuse, mais on n'a pas le choix", déclare Brahim, 45 ans, qui affirme avoir perdu la moitié de son chiffre d'affaires à cause de la concurrence des VTC. A Orly, une centaine de chauffeurs bloquaient les stations de taxis des terminaux sud et ouest.
La mobilisation redémarrait aussi en province, en particulier à Toulouse, où 250 taxis ont passé la nuit à l'aéroport et filtraient mercredi matin l'entrée des véhicules à ses abords, selon Stéphane Abeilhou, porte-parole de l'association de défense des taxis toulousains, qui prévoit un "durcissement" du mouvement et promet "beaucoup d'opérations en tous genres dans la journée".
Une centaine de taxis était ainsi mobilisée à la gare Matabiau et une opération escargot était en cours sur le périphérique toulousain, a-t-il précisé à l'AFP.
Les chauffeurs de la Ville rose doivent recevoir le renfort de leurs homologues bordelais. "On va à Toulouse pour bloquer le pôle économique, autrement dit Airbus", prévient Nadège Roy, vice-président du syndicat autonome des artisans taxis.
A Marseille, une opération escargot était également en cours sur l'A50 (est) en direction du centre ville, provoquant un bouchon de plusieurs kilomètres, tandis qu'un barrage filtrant limitait l'accès à l'aéroport de Marignane.
Une centaine de chauffeurs se sont par ailleurs rassemblés dans le calme place Castellane, en centre ville. D'autres taxis se sont regroupés à Aix-en-Provence, avant de partir en cortège vers la gare TGV.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.