Selon l’ARCOM, 2,3 millions de mineurs se rendent chaque mois sur des sites pour adultes

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France-Soir
Publié le 27 mai 2023 - 08:30
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Photo de Charles de Luvio sur unsplash.com
Selon l'ARCOM, "75% de ces mineurs accèdent à ces plateformes pornographiques avec leurs smartphones".
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PROTECTION DE L'ENFANCE - Les mineurs sont de plus en plus nombreux à consulter des sites pornographiques. Selon une étude menée par Médiamétrie pour l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), ils étaient 2,3 millions en 2022 à fréquenter chaque mois ces plateformes, sur lesquelles ils passaient une moyenne de 7 minutes par jour.

PornHub, déjà mis en demeure par ce régulateur pour instaurer un contrôle d’âge de ses visiteurs, est le site le plus visité par les moins de 18 ans. En attendant le "certificat de majorité" annoncé pour septembre 2023, le ministre délégué en charge du Numérique Jean-Noël Barrot, souhaite renforcer les pouvoirs de l'Arcom pour protéger les mineurs. 

L'étude a recensé 14 111 sites, dont les e-boutiques pour adultes, et s'est basée sur les 179 qui disposent d'une "audience significative". Les contenus pornographiques présents sur d’autres sites comme les réseaux sociaux n’ont pas été pris en compte.  

Pornhub, le site le plus fréquenté par les mineurs 

Il en ressort qu’en 2022, 36% des internautes (tous âges confondus) se sont rendus au moins une fois par mois sur un site pour adultes. Ce taux est "à peine plus faible" chez les adolescents, fait remarquer l’ARCOM. Environ 30% des moins de 18 ans ont visité, au moins une fois par mois, ce type de sites. Cette part a ainsi augmenté de 9 points en 5 ans, entre 2017 (19%) et 2022 (28%) pour représenter 2,3 millions de mineurs. Un nombre en hausse de 600 000 en 5 ans. La même tendance haussière est décelée dans la fréquentation quotidienne, qui est passée de 4% (des mineurs consultant quotidiennement un site X, NDLR) en 2017 à 9% en 2022.  

Cette étude révèle également le temps passé sur ces sites. Les mineurs passent en moyenne 50 minutes par mois et 7 minutes par jour contre 2 heures par mois et 16 minutes par jour chez les adultes. 75% de ces mineurs accèdent à ces plateformes pornographiques avec leurs smartphones. Les hommes, tous âges confondus, sont 2,5 fois plus nombreux que les femmes à consulter les sites adultes. Ils y accèdent dès leurs 10 ans et y passant 57 minutes par mois à 12 ans. Les filles représentent 31% des mineurs et passent en moyenne 49 minutes.  

PornHub est le site le plus fréquenté chez les adultes comme chez les mineurs qui sont 18% à y accéder. D’ailleurs, l’ARCOM souligne une "envolée" de 900 000 nouveaux visiteurs mineurs depuis 2017 sur ce site, dont le son d’introduction de ses vidéos est également une tendance sur les réseaux sociaux. xHamster, XVidéos, Chaturbate et TuKif.com complètent ce top 5 et captent 59% du temps passé par les mineurs sur les sites adultes. 

Renforcer le pouvoir de l’ARCOM en attendant le certificat numérique 

Des chiffres qui ont déjà été dévoilés le 9 mai dernier par le ministre délégué en charge du Numérique Jean-Noël Barrot, de passage chez Europe1. "Chaque mois, deux millions d’enfants sont exposés à des images pornographiques. Si vous avez un enfant de douze ans, il y a une chance sur trois qu’il ait déjà été exposé à ce type d’images", avait-il indiqué.  

En février, Jean-Noël Barrot avait promis de “mettre fin à ce scandale et faire respecter la loi une bonne fois pour toutes”. Il avait annoncé l’instauration en septembre 2023 d’un "certificat numérique de majorité". Une “solution technique” qui devrait pouvoir “faire respecter les limites d’âge qui existent dans notre droit, mais qui ne sont pas suffisamment respectées en ligne", expliquait-il.

Les sites pornographiques, qui se contentent actuellement d’afficher sur leur page d’accueil une déclaration sur l’honneur, seront "réellement" obligés de contrôler l’âge de leurs utilisateurs. "Ils devront s'y conformer sous peine de voir leur diffusion interdite sur le territoire national", a-t-il affirmé.  

Mais la situation est "urgente" selon le ministre délégué, qui envisage entre temps d’autres possibilités pour "soustraire nos enfants" des sites pornographiques, "des mercenaires cupides, sans cœur, irresponsables, qui placent le trafic, les profits, les recettes publicitaires au-dessus de la santé de nos enfants puisque l'exposition précoce aux contenus pornographiques a des conséquences délétères sur le développement affectif de l'enfant".

Le gouvernement souhaite doter l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) du pouvoir d’ordonner, sans passer par un juge, le blocage par les opérateurs et le déréférencement des sites pornographiques qui ne vérifient pas l’âge de leurs visiteurs pour empêcher pas les mineurs d’accéder à leurs contenus. 

Cette mesure fait partie du projet de loi visant à "sécuriser et réguler l'espace numérique", déposé le mercredi 10 mai 2023 au Sénat et renvoyé à la Commission des affaires économiques. "Je propose que nous puissions aller beaucoup plus vite en donnant à l'ARCOM, comme le pouvoir de bloquer en quelques semaines, un mois maximum, l'accès aux sites pornographiques dès lors qu'ils ne vérifient pas l'âge des utilisateurs", avait détaillé Jean-Noël Barrot. "Ce blocage pourra se faire sans passer par un juge. Et la décision pourra être complétée par le déréférencement sur les moteurs de recherche ainsi qu'une amende pouvant aller jusqu'à 4 % du chiffre d'affaires", précise-t-il. 

L’ex-CSA revient à la charge 

Depuis octobre 2021, un décret d’application permet à l’ARCOM de mettre en demeure les sites qui ne se soumettent pas à la loi. L’ex-CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel, ndlr) est également en mesure de veiller à la fiabilité du procédé technique "mis en place" par l’éditeur-même des contenus pornographiques. En 2022, l’ARCOM, après plusieurs mises en demeure, a saisi la justice pour demander le blocage de cinq sites pornographiques, dont PornHub, pour ne pas avoir interdit l’accès des mineurs. Le procès à Paris a débouché sur une médiation entre les deux parties. 

Les avocats de ces plateformes expliquaient qu’il était "très difficile de trouver une solution satisfaisante de contrôle de l’âge des internautes". L’ARCOM est revenue à la charge en avril 2023, annonçant de nouvelles mises en demeure et une nouvelle saisine du juge aux fins de blocages de sites.  

Plusieurs outils de vérification de l’âge ont déjà été proposés comme l’usage d’une carte bancaire mais aucun n’a obtenu l’aval la CNIL. Celle-ci a sollicité avec l'ARCOM des sociétés spécialisées pour développer des solutions permettant de confirmer la majorité d’un internaute sans dévoiler son identité. "Cela fonctionnera un peu comme le contrôle demandé par votre banque lorsque vous réalisez un achat en ligne, sauf que ce certificat de majorité sera anonyme", avait affirmé le ministre délégué chargé de la Transition numérique.

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