Loi Travail : le conflit social se durcit, perturbations dans les transports
La guerre des nerfs continue entre le gouvernement et les opposants à la loi Travail, à huit jours de l'Euro, avec des grèves reconductibles qui devraient encore perturber ce jeudi 2 les transports, sans qu'aucune issue à la crise sociale ne se profile. Alors que des grèves persistent aussi dans les raffineries, dans les ports et docks, l'énergie, et ont débuté lundi dans le secteur du traitement des déchets, le Premier ministre Manuel Valls a évoqué son "sentiment de gâchis" sur l'impact économique du conflit social.
De nouvelles manifestations sont prévues en régions, notamment à Nantes, Rennes, Toulouse et Marseille, ainsi qu'à Paris. En pointe de la mobilisation contre la réforme du travail, le patron de la CGT, Philippe Martinez, a assuré qu'il n'était "pas question de bloquer l'Euro" mais accusé l'exécutif de refuser le dialogue. Il a promis cette semaine "la plus forte mobilisation depuis trois mois". Mais le gouvernement entend "tenir sur le fond" du projet de loi Travail, sur lequel près de 400 amendements ont été déposés au Sénat, pour environ 5.000 à l'Assemblée nationale avant l'utilisation précoce de l'article 49-3 par le gouvernement. "Reculer serait une faute politique", a martelé Manuel Valls. Faire marche arrière serait une preuve de "courage politique", a rétorqué François Hommeril, devenu mercredi président de la CFE-CGC.
Le climat social est alourdi par les passes d'armes qui continuent sur le terrain médiatique. Voulant temporiser ses propos sur les militants de la CGT qu'il avait qualifiés de "terroristes", le patron du Medef Pierre Gattaz a concédé mercredi un mot "inadapté" tout en décriant "les méthodes de voyous employées par la CGT". M. Martinez a annoncé une plainte pour diffamation contre le patron du Medef, qui a répliqué en appelant les entreprises touchées par les blocages à porter plainte pour "délit d'entrave à la liberté du travail". Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a dénoncé une "coalition de ceux qui préfèrent le statu quo", avec d'un côté la CGT "qui n'a fait aucune proposition" sur la loi travail, et de l'autre le Medef "qui cherche des adversaires et non des solutions".
A la SNCF, où les négociations d'entreprise sont dans leur phase finale, la nouvelle grève entamée mardi soir et qui a significativement perturbé le trafic mercredi, est la première à durée illimitée. Sa reconduction a été votée par toutes les assemblées générales. L'entreprise a recensé mercredi 17% de grévistes, tous personnels confondus, Sud-rail "plus d'un cheminot sur deux". La direction devait communiquer ses prévisions de trafic en matinée.
Dans les transports publics parisiens, la CGT a appelé à partir de jeudi à une grève illimitée pour des questions salariales et contre le projet de loi Travail. La RATP prévoit toutefois un trafic normal dans le métro, les bus, les trams et le RER A, mais des perturbations sur le RER B. Côté ciel, le trafic sera légèrement perturbé jeudi, notamment à Orly et Lille où Air France a annulé 10% des vols, en raison d'une grève des contrôleurs aériens répondant à un appel de la CGT-fonction publique contre "l'inacceptable" loi Travail.
En revanche, deux syndicats de contrôleurs aériens dont le principal, le SNCTA, ont levé leur préavis de grève pour le week-end, à la suite d'une réunion de négociation sur l'évolution des effectifs et des primes. A Air France, la menace d'une grève des pilotes en juin s'est précisée, avec un préavis annoncé par le Spaf (deuxième syndicat) à compter du 11 juin. Le SNPL (majoritaire) doit, lui, se prononcer dans la semaine.
Du fait des grèves, six raffineries sur huit restaient "à l'arrêt ou au ralenti", selon la CGT pétrole. Au terminal pétrolier havrais, qui approvisionne notamment les aéroports parisiens, la grève a été reconduite pour cinq jours. Côté énergie, la CGT accentue son action avec un appel à la grève reconductible, tandis que la CFE-CGC Energies et l'Unsa Energies se joignent à la mobilisation jeudi. Un arrêt de travail allant de une heure à journée entière jeudi a été votée dans 16 des 19 centrales nucléaires françaises. Le mouvement de grève devrait aussi toucher les centrales thermiques et hydrauliques, avec des baisses de charge.
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