Brexit : Christine Lagarde met en garde contre les risques
La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a adressé ce vendredi 13 à Londres une sévère mise en garde aux partisans du Brexit, en alertant contre le "risque important" qu'engendrerait un départ britannique de l'Union européenne. La question du maintien ou non du Royaume-Uni au sein du bloc des 28 pays de l'Union européenne est soumise le 23 juin à référendum dont le résultat s'annonce très serré selon les sondages. Évoquant une possible sortie britannique de l'UE (Brexit), Mme Lagarde a jugé qu'il s'agissait "d'un risque important", lors d'une conférence de presse tenue en présence du ministre britannique des Finances, le conservateur George Osborne, grand partisan du maintien dans l'UE, comme son Premier ministre David Cameron ainsi que l'opposition travailliste.
Réfutant toute accusation de s'immiscer dans les affaires intérieures britanniques, elle a justifié la prise de parole du FMI en soulignant qu'il ne s'agissait pas d'"une question intérieure" mais d'"une question internationale". "Lors des six derniers mois, je ne crois pas m'être rendue dans un seul pays du monde où on ne m'a pas demandé +quelles seraient les conséquences économiques d'un Brexit ?+", a mis en exergue Mme Lagarde, ajoutant: "En plus de la Grèce, de l'Ukraine et de quelques autres, on m'interroge sur les conséquences d'un départ britannique de l'UE".
Or, à l'issue d'un travail des experts du Fonds, "nous n'avons rien vu de positif" dans un départ britannique, a-t-elle argué, en présentant un rapport de routine sur l'économie britannique qui s'est pour l'occasion transformé en plaidoyer en faveur du maintien. Le rapport publié par le FMI avertit en effet qu'une telle sortie entraînerait "de la volatilité sur les marchés financiers et porterait un coup à la croissance", avec en prime une chute des prix de l'immobilier, qui flambent depuis des années à Londres. Le Royaume-Uni devrait en effet négocier les conditions de son départ et établir de nouvelles relations avec le club des 27 pays restant de l'UE, notamment sur le plan commercial, ce qui prendrait du temps.
"La ratification d'un nouvel accord nécessiterait l'accord unanime de tous les gouvernements des pays de l'UE, ce qui soumettrait la conclusion de nouveaux traités à des risques politiques considérables", a prévenu le Fonds, qui souligne que le pays devrait de surcroît négocier des ententes de substitution aux accords commerciaux en vigueur entre l'UE et une soixantaine de pays non-membres. S'appuyant sur des avis d'"experts", le FMI estime qu'un Brexit entraînerait un manque à gagner compris entre 1,5% et 9,5% pour le PIB britannique, et souligne que la place de Londres comme centre financier mondial serait menacée.
"Une récession technique est l'une des hypothèses dans le cas d'un vote pour partir" de l'UE, a même prévenu Mme Lagarde, au lendemain d'une mise en garde dans ce sens de la Banque d'Angleterre. A l'inverse, si les Britanniques décidaient de rester dans l'UE, la croissance devrait rebondir lors du second semestre de cette année, prévoit le Fonds, et passer d'un peu moins de 2% en 2016 à 2,2 ou 2,3% à moyen terme. "Un autre risque réside dans le fait que les marchés pourrait anticiper les conséquences nuisibles (d'un Brexit), avec une réaction abrupte à un vote de départ qui accélèrerait l'irruption de ces coûts" économiques, a ajouté l'institution de Washington. L'intervention de Mme Lagarde a enragé les partisans du Brexit, qui y voient une nouvelle preuve de l'engagement de l'establishment mondial contre eux, trois semaines après des propos forts tenus par le président américain Barack Obama à Londres en faveur de l'unité européenne.
"Pourquoi devrions-nous écouter le FMI ? (...) Ses prévisions sont toujours fausses, il a soutenu l'euro et n'a pas vu venir la crise financière", a fustigé l'organisation Leave.EU, appelant à "juger les élites sur leurs performances et pas sur leur prestige immérité". Le FMI a promis de publier un dernier rapport sur le sujet une semaine avant le référendum. Les partisans du départ de l'Union européenne mettent en avant la perspective d'une fin des cotisations versées à Bruxelles, la réduction de la bureaucratie, un meilleur contrôle de l'immigration ou encore une économie britannique plus tournée vers les pays à forte croissance du Commonwealth.
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