Chine : le président Xi Jinping à Prague pour un partenariat stratégique
Le président chinois Xi Jinping et son homologue tchèque Milos Zeman devraient sceller ce mardi 29 à Prague un partenariat stratégique entre leurs deux pays censé renforcer les investissements chinois en République tchèque, sur fond de protestations de défenseurs des droits de l'Homme. La signature de différents mémorandums d'entente est attendue mardi lors de la partie officielle du déplacement de M. Xi, premier président chinois à visiter la République tchèque, qui rencontrera dans la matinée son homologue tchèque Milos Zeman. Le leader chinois doit assister ensuite, à partir de jeudi, à un sommet sur la sécurité nucléaire aux Etats-Unis.
De nouveaux investissements chinois, d'un montant total d'environ 45 milliards de couronnes (1,66 milliard d'euros), seront dévoilés à l'occasion du lancement d'un "partenariat stratégique" entre les deux pays. Le groupe chinois CEFC avait déjà récemment investi en République tchèque quelque 20 milliards de couronnes (740 millions d'euros), suite à une série de contrats avec notamment la première compagnie aérienne charter tchèque Travel Service, le 5e brasseur du pays et deux groupes médiatiques. Cette 6e plus grande entreprise privée chinoise a également pris une part majoritaire dans le Slavia Prague, gloire du football tchèque.
Du côté des défenseurs des droits de l'Homme tchèques, les critiques ont été plus qu'acerbes envers le président Zeman, sévèrement critiqué par ses contestataires pour sa politique jugée trop favorable à la Chine et à la Russie. "Nous avons honte du président Zeman et du gouvernement, qui ont échangé la défense des droits de l'Homme contre la collaboration avec la Chine totalitaire et communiste", indique une pétition présentée par le directeur de la Galerie nationale tchèque, Jiri Fajt. Un "rassemblement pacifique pour le soutien de la démocratie et des droits de l'Homme en République tchèque, en Chine, au Tibet et à Taïwan" est prévu mardi soir, à proximité de la présidence tchèque.
Lundi déjà, une douzaine de jeunes protestataires avaient été interpellés sur la route reliant l'aéroport au centre-ville de Prague alors qu'ils tentaient d'accrocher des drapeaux tibétains à la place des chinois, provoquant des échauffourées avec des partisans du régime de Pékin peu avant l'arrivée de M. Xi. Une photo géante du Dalaï Lama en compagnie de l'ex-président tchèque Vaclav Havel (1989-2003), ancien dissident et militant des droits de l'Homme ayant plusieurs fois accueilli le chef spirituel des Tibétains, a été dressée près de l'aéroport. "These gentlemen are at home here" ("Ces messieurs sont chez eux ici"), pouvait-on y lire.
Pékin contrôle le Tibet depuis les années 1950, et des ONG accusent la Chine de répression politique et religieuse dans la région himalayenne. Le Dalaï Lama, prix Nobel de la paix en 1989, demeure pour l'opinion internationale le visage du combat tibétain, alors que M. Havel (1936-2011) avait passé cinq années en prison sous le régime communiste dans l'ex-Tchécoslovaquie, balayé par la "révolution de velours" fin 1989. Une cinquantaine de drapeaux chinois hissés dans les rues avaient déjà été maculés par de la peinture pendant la nuit de vendredi à samedi.
Le président Zeman a encore attisé le débat par une interview controversée accordée à la télévision chinoise CCTV. "C'est un nouveau début car il y avait de très mauvaises relations entre la Chine et l'ancien gouvernement (de centre droit) tchèque, qui se soumettait trop à la pression des Etats-Unis et de l'Union européenne", a affirmé ce vétéran de la gauche tchèque. "Maintenant, nous sommes de nouveau un pays indépendant et formulons notre propre politique extérieure, conformément à nos intérêts nationaux". Sa déclaration a été qualifiée de "répugnante" par le chef du parti d'opposition de droite TOP 09, Miroslav Kalousek.
Elu à la magistrature suprême début 2013 au suffrage universel, M. Zeman a été en septembre 2015 le seul chef d'Etat européen présent à Pékin au défilé militaire de commémoration de la capitulation du Japon à l'issue de la Seconde guerre mondiale. La République tchèque est membre de l'UE et de l'Otan, et assure actuellement la présidence tournante du "groupe de Visegrad", réunissant aussi la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie.
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