Covid-19 : Explosion de la pauvreté

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Rabah Aït-Hamadouche pour FranceSoir
Publié le 04 juin 2020 - 20:17
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86 millions d’enfants supplémentaires menacés

Les conséquences sociales du COVID-19 étaient à redouter. Save the Children et UNICEF viennent de réaliser une nouvelle analyse qui montre qu’en l’absence de mesures immédiates, dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le nombre d’enfants vivant dans un ménage pauvre pourrait augmenter de 15 % pour atteindre 672 millions.

L’analyse qui vient d’être publiée par Save the Children et UNICEF alerte sur les conséquences dramatiques du COVID-19 puisqu’elle montre que le nombre d’enfants appartenant à un ménage pauvre pourrait augmenter de 86 millions, soit une hausse de 15 %, à l’horizon fin 2020, en raison des conséquences économiques de la pandémie de COVID-19.

 Près des deux tiers de ces enfants vivent en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. L’Europe et l’Asie centrale pourraient enregistrer l’augmentation la plus importante (jusqu’à 44 %). La hausse pourrait atteindre 22 % en Amérique latine et dans les Caraïbes.

« La pandémie de maladie à coronavirus a entraîné une crise socioéconomique sans précédent qui obère les ressources des familles du monde entier », a déclaré Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF.

« L’ampleur des difficultés financières qui touchent les familles menace de réduire à néant des années de progrès en matière de réduction de la pauvreté des enfants et de priver ceux-ci de services essentiels. En l’absence d’action concertée, les familles qui parviennent à peine à joindre les deux bouts pourraient sombrer dans la pauvreté, et les plus pauvres d’entre elles pourraient être confrontées à un dénuement qui avait disparu depuis des décennies. »

Save the Children et UNICEF préviennent que les conséquences de la crise économique mondiale causée par la pandémie et les politiques de confinement mises en place se feront sentir en deux temps. En raison de pertes de revenus immédiates, les familles ne peuvent plus payer les produits et services élémentaires, notamment la nourriture et l’eau. Elles ont moins facilement accès aux soins ou à l’éducation et sont plus exposées au risque de mariage des enfants, de violence, d’exploitation et d’abus. Ensuite, lorsque des mesures de restriction budgétaire seront adoptées, la portée et la qualité des services dont dépendent les familles pourront également être réduites.

De plus, les familles qui n’ont pas accès à des services de protection sociale ou à des mesures compensatoires ont plus de difficultés à respecter les mesures de confinement et d’éloignement physique, ce qui augmente leur exposition à l’infection.

« Les conséquences brutales de la pandémie de COVID-19 en matière de pauvreté toucheront durement les enfants. Ceux-ci sont très vulnérables aux périodes, même courtes, de famine et de malnutrition dont ils peuvent subir les conséquences pendant toute leur vie. Si nous agissons maintenant, avec détermination, nous pouvons prévenir et limiter les menaces liées à la pandémie pour les pays les plus pauvres et certains des enfants les plus vulnérables. Cette publication doit alerter le monde entier. La pauvreté n’est pas inévitable pour les enfants », a déclaré Inger Ashing, Présidente-directrice générale de Save the Children International.

Avant la pandémie, les deux tiers des enfants dans le monde n’avaient accès à aucune forme de protection sociale. Les familles étaient donc dans l’impossibilité de faire face aux chocs financiers et le cercle vicieux de la pauvreté intergénérationnelle se perpétuait. En Afrique, seuls 16 % des enfants bénéficient d’une protection sociale. Des centaines de millions d’enfants sont touchés par la pauvreté multidimensionnelle, ce qui signifie qu’ils n’ont pas accès aux soins, à l’éducation, à une bonne nutrition ou à un logement adapté.

Cette situation résulte souvent d’investissements inéquitables de la part des gouvernements dans les services sociaux.

Pour les enfants qui vivent dans des pays déjà touchés par le conflit et la violence, les conséquences de cette crise augmenteront le risque d’instabilité et de pauvreté. C’est dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, qui abrite le plus grand nombre d’enfants dans le besoin en raison d’un conflit, que le taux de chômage chez les jeunes est le plus élevé, et près de la moitié des enfants de la région sont touchés par la pauvreté multidimensionnelle.

Pour lutter contre les effets de la COVID-19 sur les enfants des ménages pauvres et les limiter, les deux organisations humanitaires appellent à un élargissement rapide à grande échelle des systèmes et des programmes de protection sociale. Les gouvernements doivent également investir dans d’autres formes de protection sociale et mettre en œuvre des politiques budgétaires ainsi que des interventions en faveur de l’emploi et du marché du travail afin de soutenir les familles. Il s’agit notamment d’élargir l’accès universel aux soins et à d’autres services de qualité, et d’investir dans des politiques favorables à la famille, par exemple des congés payés et des services de garde d’enfants.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, de nombreux pays ont devancé cet appel comme en en Indonésie où les montants de l’aide mensuelle octroyée aux familles nécessiteuses a été élargie pour toucher 20 millions de foyers. En Argentine, c’est le programme d’allocation universelle pour enfant à charge qui a augmenté.

 

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