Uber : l'Arabie saoudite investit 3,5 milliards de dollars dans la start-up
L'Arabie saoudite, où les femmes ne peuvent toujours pas conduire, a investi 3,5 milliards de dollars dans le service américain de réservation mobile de voitures avec chauffeur Uber, a indiqué ce dernier mercredi 1er juin. Le fonds public d'investissement du royaume (Public Investment Fund, PIF) va aussi obtenir un siège au conseil d'administration pour son directeur général, Yasir Al Rumayyan, qui évoque un "important investissement stratégique".
La prise de participation s'est faite sur la base d'une valeur totale pour l'entreprise de 62,5 milliards de dollars. Uber conforte ainsi sa position au sommet du classement des plus grosses start-ups non cotées du monde. Cela porte également les liquidités dont l'entreprise dispose pour se développer à plus de 11 milliards de dollars. "Nous apprécions le vote de confiance dans notre activité alors que nous continuons d'étendre notre présence dans le monde", a commenté le patron-fondateur d'Uber, Travis Kalanick.
La société, basée à San Francisco, s'est fait connaître avec une application mobile qui se sert de la géolocalisation pour mettre l'utilisateur en contact avec un véhicule se trouvant aux environs, et c'est aujourd'hui l'une des figures de proue de l'économie du partage. De nombreuses controverses, en particulier autour du statut de ses chauffeurs ou sur la concurrence déloyale qu'elle est accusée de représenter pour les compagnies traditionnelles de taxis, ne l'ont pas empêché de s'étendre à plus d'une soixantaine de pays.
La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est l'une de celles où Uber enregistre actuellement la plus forte croissance. Le nombre de chauffeurs conduisant pour son service y été quintuplé en un an pour atteindre 19.000 personnes au premier trimestre, et celui des passagers a été multiplié par 6 pour dépasser la barre des 395.000 utilisateurs actifs. Uber est notamment présent dans 5 villes d'Arabie saoudite, où il estime qu'environ 80% des passagers qu'il transporte sont des femmes. Ces dernières n'ont en effet pas le droit de conduire elles-mêmes dans le pays et Uber fait valoir que son service améliore leur accès à l'éducation et à l'emploi. "Notre expérience en Arabie saoudite est un très bon exemple de la manière dont Uber peut bénéficier aux passagers, aux conducteurs et aux villes", a relevé Travis Kalanick.
L'investissement dans Uber s'inscrit dans le cadre de la "Vision saoudienne à l'horizon 2030", un plan ambitieux qui avait été présenté fin avril par le vice-prince héritier Mohammed ben Salmane et vise à diversifier une économie qui dépend à plus de 70% du pétrole. L'un des objectifs du plan est aussi d'augmenter la participation des femmes à la force de travail, même si ce même prince Salmane avait déclaré à l'époque que c'est la société saoudienne, et non le gouvernement, qui déciderait si celles-ci pourraient un jour conduire ou non.
L'Arabie saoudite, monarchie régie par une version rigoriste de l'islam, est le seul pays au monde qui interdit aux femmes de prendre le volant. Les principales villes du royaume sont en train de développer leur système de transports en commun mais il reste à ce jour limité, restreignant ainsi aux femmes l'accès au monde du travail. L'Arabie n'est pas la seule à s'intéresser aux services de réservation mobile de voitures avec chauffeur, que beaucoup considèrent comme préfigurant l'avenir de la mobilité urbaine parallèlement au développement de véhicules autonomes. Le groupe informatique Apple vient d'investir un milliard de dollars dans Didi, le rival chinois d'Uber, tandis qu'un autre service américain, Lyft, a obtenu ces derniers mois des financements des constructeurs automobiles General Motors et Toyota.
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