Un Azéri réfugié en France blessé par balle, son épouse tuée

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Par Hugues JEANNEAUD, Rémy ZAKA - Toulouse (AFP)
Publié le 30 mars 2018 - 17:23
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Des policiers à Colomiers, dans le sud de la France, près de l'endroit où le journaliste azerbaïdjanais Rahim Namazov et son épouse ont été la cible de tirs, le 30 mars 2018
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© PASCAL PAVANI / AFP
Des policiers à Colomiers, dans le sud de la France, près de l'endroit où le journaliste azerbaïdjanais Rahim Namazov et son épouse ont été la cible de tirs, le 30 mars 2018
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Un ressortissant azerbaïdjanais, Rahim Namazov, grièvement blessé par balle dans le dos et sa femme, Aïda, tuée: un couple de réfugiés politiques en France a été victime d'un guet-apens vendredi matin à Colomiers, près de Toulouse (sud-ouest).

Rahim Namazov a été emprisonné, puis menacé de mort avant de fuir son pays et de s'exiler en France, selon l'Association des journalistes de Toulouse (AJT) qui l'avait rencontré en 2010 après son arrivée dans le pays.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le couple, qui a trois enfants, venait de déposer la plus jeune à l'école et de se garer au pied de son immeuble de quatre étages quand il a été pris pour cible par des tirs provenant d'une autre voiture.

A 06H50 GMT, "un individu accompagné d'un complice, en position d'attente dans une voiture stationnée non loin, tirait à plusieurs reprises au moyen d'une arme de poing en direction d'un véhicule circulant sur la voie publique", a indiqué le parquet de Toulouse, dans un communiqué.

Au total, sept balles ont été tirées. Aïda Namazov, 39 ans, a été "atteinte grièvement au niveau de la tête" et est décédée en début d'après-midi à l'hôpital Purpan, où son mari, lui-même touché au niveau du dos, l'avait conduite en voiture.

"Plusieurs pistes d'enquêtes sont envisagées", a ajouté le parquet, évoquant le "caractère probablement organisé de ces faits criminels".

Le 13 mars le couple avait porté plainte pour des "menaces de mort proférées par téléphone", a encore indiqué le parquet.

Entendu par la police après sa plainte, M. Namazov "expliquait que les menaces qu'il subissait, lui et sa famille, depuis peu, pouvaient être en lien avec son activité de journaliste qu'il avait exercé dans son pays d'origine et qu'il poursuivait en France sur des réseaux sociaux".

Selon l'ONG Reporters sans frontières (RSF), "à l'heure actuelle, il ne peut être établi qu'il existe un lien entre les tragiques crimes le visant lui et son épouse" et "de quelconques activités journalistiques".

Le couple était seul au moment des tirs. Une de ses filles se trouvait en classe de neige, tandis que la plus jeune était à l'école, selon l'entourage de la famille. Son fils de 15 ans, scolarisé au collège Victor Hugo, a été pris en charge par une cellule psychologique après avoir entendu les coups de feu alors qu'il se trouvait chez lui, au rez-de-chaussée de l'immeuble.

- "Tu vas mourir" -

Dans une vidéo postée sur YouTube le 23 décembre 2010, après son arrivée, Rahim Namazov déclarait avoir "écrit dans (son) journal qu'il fallait s'attendre une nouvelle fois à des élections truquées et illégales".

"C'est pour cela que j'ai été arrêté trois fois, emprisonné 10 jours de suite à chaque fois. La dernière fois, on m'a passé à tabac. On m'a cassé une dent. Ils m'ont prévenu: après les élections, tu vas mourir, et ta famille aussi. Parce que tu nous gênes. Après ces menaces, j'ai décidé de m'enfuir", déclarait-il alors.

Le responsable chez RSF de l'Europe et le Moyen-Orient, Johan Bihr, a attiré l'attention de l'AFP sur un tweet de la journaliste d'investigation azérie Khadija Ismaylova, "personnalité très reconnue". Elle affirme que Namazov "prétendait être un journaliste persécuté" mais que cette guerre pourrait être le résultat d'une "bagarre sur internet avec des gens de la mafia"... "Ces derniers temps, sur internet, il a prétendu être de la mafia", a-t-elle notamment écrit.

Il avait obtenu le statut de réfugié en 2012, selon le parquet citant la cour nationale du droit d'asile. Mais personne n'avait signalé sa présence à la ville de Colomiers ni comme exilé politique ni comme journaliste, a déclaré à l'AFP la maire de la commune Karine Traval-Michelet.

Elle a estimé qu'on ne pouvait pas s'empêcher de penser à "un éventuel règlement de comptes politique" en raison du profil de Rahim Namazov, "journaliste torturé et emprisonné dans son pays".

L'Azerbaïdjan, ex-république soviétique du Caucase, arrive 162e sur 170 dans le classement 2017 de la Liberté de la presse établi par RSF.

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