"La liberté est révolutionnaire" Ivan Rioufol
"Nous vivons un grand effondrement généralisé du point de vue social, sociétal, économique, militaire, éducatif." Pour cet “Entretien essentiel“, nous recevons le journaliste et essayiste Ivan Rioufol, qui s’est illustré lors de la crise du Covid-19 pour son engagement critique à l’endroit des politiques sanitaires. Selon lui, autour de la colère à l’encontre de la réforme des retraites, il existe "beaucoup de faux-semblants et de trompe-l’œil". D’une part, car l’opposition est portée par "une gauche qui a quasiment disparu“ ; d’autre part, car "on essaye de nous faire croire que les retraites pourraient être le dénominateur commun de toute la colère française, alors qu’elle dépasse très largement ce problème des retraites.“ “Les syndicats tentent de fédérer une colère qui ne leur appartient pas“, une colère révélatrice d’une crise avant tout culturelle et civilisationnelle, fruit d’un effondrement intellectuel à l’œuvre depuis près d’un demi-siècle, estime le journaliste. Appelant à repenser la société de demain, “qui ne sera pas celle de la gauche“, Ivan Rioufol en appelle donc à une “révolution“ dont l’étymologie – revenir en arrière – nous enjoint en premier lieu à “regarder d’où l’on vient“.
Pour Ivan Rioufol, le système des retraites par répartition est à bout de souffle et il ne faut, à ce titre, pas “être effrayés par la capitalisation : un système appliqué pour le service public et par beaucoup d’autres pays en Europe et ailleurs“. "Il n’y aura plus qu’un 1,2 cotisant pour 1 retraité d'ici à 40 ans", met en garde le journaliste, jugeant que cette feuille de route permettrait de mettre en place un système de retraite “par répartition pour ceux qui ont les revenus les plus faibles et par capitalisation pour ceux qui ont un peu plus de moyens“. Une discussion absente des débats, regrette-t-il, car "les certitudes officielles font office de vérités révélées“. Et de s’étonner : pourtant, le système de retraite par capitalisation dans les années 1930 "marchait bien" avant que le Maréchal Pétain n’instaure un système par répartition en 1941.
Selon l'éditorialiste, la question des retraites demande aussi une réflexion centrée sur la solidarité nationale. En 1945, "la société était homogène et il y avait une solidarité naturelle" : elle ne l’est plus, souligne-t-il. "On voit bien qu’il y a des contre-sociétés qui se sont installées avec des gens qui viennent en France sans vouloir adhérer à la communauté française“. Se pose donc la question suivante : “Est-ce que le Français est d’accord pour payer les retraites de la contre-société et est-ce que la contre-société est d’accord pour payer les retraites des Français natifs ?"
Ivan Rioufol déplore également à notre micro l’absence de débat et de recul critique sur la guerre en Ukraine : "Une troisième guerre mondiale se prépare sans aucun débat" et sans aucune consultation du Parlement. Un conflit sur lequel il est obligatoire d’adopter une lecture binaire “Zelensky très gentil, Poutine très méchant“, mettant en lumière, aux yeux de l’essayiste, un règne de la pensée unique qui résulte notamment d’un “lent processus d’abêtissement général" : “Nous ne sommes pas l’URSS, mais nous sommes traversés par un esprit totalitaire qui ressemble à ce qu’a été l’Union soviétique dans son incapacité à débattre et sa volonté d’imposer une parole uniforme et labellisée par le pouvoir en place." Rappelant que c’est la “parole libérée" qui a fait tomber le mur de Berlin, il se félicite de constater une libération de la parole grâce aux réseaux sociaux dans cette “démocratie confisquée par une caste" hermétique au pluralisme des opinions : "Tout ce monde qui est au pouvoir ne cesse de s’emplir de diversité dès qu’il s’agit de promouvoir la diversité ethnique, culturelle et religieuse, mais dès qu’il s’agit de la diversité intellectuelle... il sort sa kalachnikov."
En témoigne à ses yeux la révocation de ses fonctions du Dr Amine Umlil, pharmacien et responsable de la pharmacovigilance à l’hôpital de Cholet, sur décision du Centre national de gestion. Une sanction qui s’apparente à une “procédure d’épuration au nom d’un principe supérieur qui serait que le Parti a toujours raison, slogan des Soviétiques." Pointant du doigt “les procédés de terrorisme intellectuel" utilisés par ceux qui “n’ont d’autres arguments que des arguments d’autorité pour faire passer des idées qui sont des idées fausses", Ivan Rioufol reste néanmoins confiant que "le scandale lié à toute cette propagande hygiéniste et mensongère va venir“. Et de conclure : "Il faudra demander des comptes à tous ceux qui traitaient de complotistes ceux qui disaient la vérité."
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