"Pacifiques mais déterminés, les Calédoniens s'organisent pour dénoncer ce qu'il se passe"
Alors que la Guadeloupe et l'Australie semblent à feu et à sang, bientôt, la Nouvelle-Calédonie va peut-être rejoindre leurs rangs. Pour parler de la situation sanitaire et politique sur place, nous recevons Gaëlle Wery, porte-parole de Reinfo Covid NC, kinésithérapeute et praticienne en "médecine intégrative" depuis 15 ans. Entre la crise sanitaire et le troisième référendum pour l'indépendance, les semaines à venir risquent d'être hautes en couleurs...
« Les Calédoniens ont reçu un gros coup de bambou derrière la tête »
"Covid-Free" depuis mars 2020, l'île découvre le virus et tout ce qui l'accompagne depuis deux mois. En effet, le 3 septembre dernier, le congrès de la Nouvelle-Calédonie annonçait la vaccination obligatoire pour tous les majeurs. Trois jours plus tard, il annonçait officiellement l'arrivée du Covid-19 sur l'île. Dans le même temps, les Calédoniens découvraient les confinements, le passe sanitaire, les couvre-feux...
En quelques semaines à peine, le taux de vaccination du pays a rattrapé celui de la métropole. Parallèlement, le nombre de cas, d'hospitalisations et de décès a explosé. Certains médecins essaient de soigner avec les traitements précoces que l'on connaît, mais sont presque systématiquement visés par des plaintes.
Ainsi, les Calédoniens, comme les Métropolitains, sont tantôt pris par une peur bleue du virus, tantôt par une colère noire contre le gouvernement. D'un côté, Gaëlle Wery rapporte que les mobilisations sont en baisse depuis quelques semaines. De l'autre, elle insiste sur la création d'une foule de petits collectifs qui s'opposent aux mesures sanitaires.
Une résistance politique et judiciaire
Pour le moment, la date limite avant laquelle les Calédoniens doivent se faire vacciner est le 31 décembre. Mais, certains élus se sont levés pour demander l'abrogation totale de cette obligation. Le vote devait avoir lieu le vendredi 26 novembre, mais a été repoussé à la semaine suivante. « On s'attend à ce que l'obligation vaccinale soit levée, mais que le passe sanitaire soit amplifié début décembre, pour compenser. » nous avoue Gaëlle Wery.
Parallèlement, certains collectifs militent en s'appuyant sur les failles judiciaires du système. En effet, depuis le 15 novembre, l'état d'urgence sanitaire qui avait été décrété n'a pas été renouvelé. Le couvre-feu imposé à la population est donc devenu caduc, faute de décret ou de réglementation officielle. Mais dans les faits, il est toujours appliqué. Une brèche que Gaëlle Wery ne se privera pas de saisir.
Des révélations sur le plan sanitaire
Toujours est-il que la campagne de vaccination bat son plein et que les méthodes d'incitations se révèlent particulièrement originales. Selon Gaëlle Wery, des responsables pénitenciers refuseraient les permissions (période de temps où l'on est autorisé à sortir, notamment pour aller voir sa famille) aux détenus qui ne voudraient pas se faire vacciner.
Côté hospitalier, Gaëlle Wery nous rapporte — sans toutefois en être certaine, que l'ivermectine serait prescrite aux malades vaccinés, mais pas aux non-vaccinés (sans que cela se sache). À supposer que le médicament fonctionne, cela permettrait de réduire le nombre de malades vaccinés, sans agir sur le nombre de malades non-vaccinés, donc de creuser l'écart entre les deux. Finalement, les chiffres mis en avant font apparaître que le vaccin protège efficacement puisque les malades sont tous non-vaccinés.
Quant à ceux qui acceptent la vaccination, ils sont servis ! Elle n'a vraiment démarré que depuis deux mois, mais déjà, certains patients auraient rendez-vous pour la quatrième dose !
Faut-il que la Nouvelle-Calédonie devienne indépendante ?
Pour la troisième année consécutive, le peuple va être consulté. De quoi ajouter de l'eau au moulin des tensions. Si bien que les indépendantistes ont demandé que le référendum soit reporté, assurant que les Calédoniens, eu égard de la situation actuelle, ne sont pas à même de prendre une décision objective. Sans surprise, le gouvernement a refusé. Désormais pris de court, c'est au boycott du vote que les indépendantistes appellent, sans trop savoir si cela ne revient pas à se tirer une balle dans le pied.
Un triptyque explosif
Donc, d'un côté il y a les opposants aux mesures sanitaires qui bouillonnent, de l'autre il y a les indépendantistes qui bouillonnent aussi. Pour couronner le tout, il y a l'État français, qui a envoyé sur place de quoi éviter les débordements et les troubles à l'ordre public. Gaëlle Wery rapporte « une arrivée massive de forces de l'ordre, avec des moyens. Je sais qu'il y a eu deux pumas qui sont arrivés sur le territoire hier, on a eu des chars, on a eu des camions, on a eu des RG. Tout ça a été mis sous couvert du référendum. »
De son côté, Gaëlle Wery espère que l'opposition restera pacifiste et appelle à un rassemblement populaire le 4 décembre prochain, qu'elle souhaite aussi massif que possible. Selon elle, l'espoir d'un monde nouveau repose sur la pluriethnicité et l'unicité observées dans les manifestations.
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