Xavier Jugelé, un policier qui voulait "célébrer la vie"
François Hollande a rendu un hommage national mardi à Xavier Jugelé, tué "parce qu'il était policier" lors de l'attentat sur les Champs-Élysées jeudi, et demandé aux "élus de demain" de donner aux forces de l'ordre les moyens "nécessaires" pour assurer la protection des Français.
L'hommage, dans la cour de la préfecture de police, s'est déroulé en présence de sa famille mais aussi notamment des deux candidats qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui avaient répondu favorablement à l'invitation du chef de l’État sortant.
"C'est parce qu'il était policier qu'il a été frappé, et c'est en policier qu'il est tombé", a déclaré François Hollande dans un discours d'environ une demi-heure.
"Il est mort sur les Champs-Elysées quand son destin a croisé celui d'un fanatique haineux qui voulait tuer des policiers et perpétrer un carnage", a poursuivi le chef de l'État, appelant à soutenir policiers et gendarmes, qui "ont le droit à notre admiration face au danger".
Le compagnon de Xavier Jugelé, qui a pris la parole en premier, a déclaré qu'"il souffre sans haine", empruntant cette formule à Antoine Leiris dont la femme est morte lors de l'attentat du 13 novembre au Bataclan.
"Vous deviez, comme si souvent, assurer la sécurité de cette belle avenue", les Champs-Élysées, a déclaré Étienne Cardiles. "C'est à cet instant, à cet endroit que le pire est arrivé pour toi et tes camarades (...) un de ces événements que chacun redoute et que tous espèrent qu'il n'arrivera jamais", a-t-il ajouté, évoquant les projets de vacances dont ils avaient discuté le matin de la mort de son compagnon.
La voix parfois entrecoupée de sanglots, il a fini son discours en déclarant "Je t'aime. Restons tous dignes" et "veillons à la paix".
Xavier Jugelé, 37 ans, a été tué jeudi de deux balles dans la tête par Karim Cheurfi, qui a blessé deux autres policiers, dont l'un grièvement, ainsi qu'une touriste Allemande, avant d'être abattu. Il était membre de la 32e compagnie de la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris.
- Plus de moyens pour les forces de l'ordre -
Il a été élevé à titre posthume au rang de capitaine et fait chevalier de la Légion d'honneur. Les deux gardiens de la paix blessés ont été nommés chevaliers de l'ordre national du Mérite.
François Hollande a aussi appelé ceux "qui auront à décider pour demain", notamment depuis l’Élysée, d'accorder "les ressources budgétaires nécessaires pour recruter les personnels indispensables à la protection de nos concitoyens".
Il a aussi plaidé pour "de la constance, de la persévérance, de la cohérence dans l'effort, plutôt que des surenchères et des ruptures".
Le président de la République avait, avant la cérémonie, fait la revue des troupes avec à ses côtés le Premier ministre Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl.
L'ancien président Nicolas Sarkozy, les anciens Premiers ministres Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault et Jean-Pierre Raffarin ont assisté à la cérémonie au premier rang, ainsi que les présidents de l'Assemblée et du Sénat, Claude Bartolone et Gérard Larcher, ou la maire de Paris Anne Hidalgo.
Les cloches de Notre-Dame ont retenti peu avant le début de la cérémonie, alors qu'une foule était réunie sur le parvis face au palais de Justice, où était installé un écran géant. D'importantes mesures de sécurité avaient été mises en place sur toute l'île de la Cité, et des cars de police bloquaient l'accès menant à la préfecture de police. Une minute de silence a aussi été observée dans les commissariats.
Jeudi peu avant 21H00, à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle, une voiture s'était arrêtée à la hauteur d'un car de police garé dans le haut de la célèbre avenue des Champs-Elysées, au cœur de Paris. Le conducteur, Karim Cheurfi, Français de 39 ans, en était sorti et avait tiré à l'arme automatique de type kalachnikov contre le véhicule des forces de l'ordre, tuant Xavier Jugelé.
L'attaque a été presque aussitôt revendiquée par l'EI, à l'origine de la plupart des attentats qui ont fait 239 morts depuis 2015 en France.
La fin de la campagne électorale pour le premier tour de la présidentielle avait été bouleversée par cet attentat.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.