Redon : la rave-party écourtée par les autorités
Après de violents affrontements dans la nuit entre gendarmes et fêtards, une rave-party illégale en hommage au jeune Steve, mort à Nantes il y a deux ans, a pris fin samedi soir à Redon (Ille-et-Vilaine) avec l'évacuation des participants par les forces de l'ordre.
"La rave-party à Redon est terminée", a annoncé le préfet d'Ille-et-Vilaine Emmanuel Berthier en fin de journée. Il s'est félicité qu'elle se soit déroulée "sans anicroche", en comparaison des événements de la nuit.
Alors que le rassemblement et la musique se poursuivaient samedi après une nuit de violents heurts, au cours desquels un jeune homme a perdu une main, les forces de l'ordre ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour évacuer les participants, a constaté un journaliste de l'AFP.
Par petits groupes, à pied ou en voiture, les teufeurs ont quitté le site, selon un journaliste de l'AFP et les scènes musicales commençaient à être démontées. La gendarmerie a indiqué que du matériel avait été saisi.
Au total, selon les autorités, 11 blessés ont été dénombrés parmi les forces de l'ordre, dont deux ont dû être hospitalisés. Côté manifestants, le préfet a fait état de deux blessés lors des affrontements de la nuit, dont un jeune homme de 22 ans qui a perdu une main, dans des circonstances encore non précisées.
L'intervention avait été lancée peu après 17H00 pour "mettre un terme à un rassemblement interdit" et "faire cesser la musique", a expliqué le préfet, précisant qu'il y avait eu "une dizaine d'interpellations au total". L'objectif était de "neutraliser les sons, l'objectif a été atteint", a-t-il ajouté.
Vendredi soir, malgré un arrêté préfectoral interdisant tout rassemblement festif à caractère musical, "1.500 personnes" avaient convergé vers Redon, selon le préfet, et la gendarmerie était intervenue pour empêcher le rassemblement. Les heurts ont commencé vers 22H30 et se sont poursuivis "pendant sept heures", selon lui.
Concernant le jeune homme qui a perdu une main, une enquête a été diligentée par le parquet de Rennes. Le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc a indiqué qu'il s'agissait d'un jeune homme demeurant à Rennes et "inconnu de la justice".
Par ailleurs, à la suite des événements de la nuit, cinq hommes se trouvaient samedi en garde à vue. Nés en 2001, 2002, 1998, 1999 et 1984, ils sont "sans antécédents judiciaires à l'exception du dernier", a précisé M. Astruc dans un communiqué.
Emmanuel Berthier a évoqué "des affrontements d'une extrême violence", faisant état de "jets de cocktail Molotov, boules de pétanque, morceaux de parpaings". La gendarmerie avait face à elle "des gens qui avaient un objectif: en découdre avec la force publique".
- "Juste décompresser" -
Des appels à rendre hommage à Steve Maia Caniço, jeune Nantais tombé dans la Loire lors d'une intervention controversée des forces de police il y a deux ans, avaient été lancés ces jours derniers.
"Encore une fois, les autorités ont choisi la violence en lieu et place du dialogue. Des pluies de lacrymos et de grenades se sont abattues sur une foule qui ne désirait que faire la fête...", a réagi de son côté le collectif Teknival des musiques interdites.
"A la mémoire de Steve Maia Caniço, en soutien aux inculpés de la Maskarade de Lieuron (une rave-party avait rassemblé au Nouvel an 2.400 personnes dans cette commune d'Ille-et-Vilaine, NDLR) et pour toutes les victimes de la répression, notre seule volonté était de brandir haut et fort la musique comme étendard", a ajouté le collectif.
Benoît (prénom modifié), engagé dans le mouvement Teknival, a évoqué auprès de l'AFP "un acharnement" des gendarmes et "une guerre de terrain".
Pour Chloé, jeune commerciale de 22 ans venue de Bordeaux, "on fait dans l'illégal parce qu'on n'a pas le choix".
Quatre cents gendarmes sont restés mobilisés samedi, a indiqué la préfecture. Ils tentaient d'empêcher tout accès à la zone située près de l'hippodrome de Redon qui se trouve dans une zone péri-urbaine, proche d'un cours d'eau.
En début de matinée, à proximité de la vaste prairie de l'hippodrome, des jeunes étaient rassemblés après avoir été délogés du site, a constaté un journaliste de l'AFP.
"A 06H00, on a lâché l'affaire, il y a eu deux à trois heures de son", ont témoigné "Z", 28 ans et Anaïs, 27 ans, venus de Loire-Atlantique. Les deux jeunes gens, qui avaient participé à la rave de Lieuron ont expliqué vouloir "juste décompresser".
Ce rassemblement intervient aussi après de nouveaux éléments concernant l'enquête sur la disparition de Steve.
Vendredi, le procureur Philippe Astruc avait annoncé que, selon l'enquête, le jeune homme était tombé dans la Loire "dans le temps de l'intervention de la police" pour disperser le rassemblement auquel il participait. Le corps de Steve avait été retrouvé plus d'un mois plus tard.
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