Affaire Théo : viol ou violences, le débat juridique est ouvert

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Par AFP
Publié le 09 février 2017 - 15:38
Mis à jour le 13 février 2017 - 04:45
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Des policiers à Aulnay-sous-Bois, près de Paris, le 7 février 2017
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© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Des policiers à Aulnay-sous-Bois, près de Paris, le 7 février 2017
© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Viol ou violences? Une semaine après l'interpellation à Aulnay-sous-Bois de Théo, gravement blessé au rectum par la matraque d'un policier, les défenseurs du jeune homme et des fonctionnaires s'opposent sur la qualification des faits.

- Que dit le code pénal ? -

Selon l'article 222-23 du code pénal, "tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol". Le viol est un crime jugé en cour d'assises et puni de quinze ans de réclusion. Si le policier mis en examen pour viol est jugé, il est passible d'une peine de 20 ans pour viol aggravé du fait de sa qualité.

Les coups et blessures volontaires sont les violences infligées volontairement à une victime par un auteur qui a délibérément cherché à blesser sa victime. Et ce, même si l'acte n'était pas prémédité.

Les violences ayant entraîné une incapacité totale de travail pendant plus de huit jours sont punies de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende lorsqu'elles sont commises par une personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions.

Toujours hospitalisé, Théo s'est vu prescrire 60 jours d'incapacité totale de travail (ITT).

- Quels sont les faits établis par l'enquête ? -

A son avocat, Théo avait expliqué: "J'étais de trois quarts, je voyais ce qu'il faisait derrière moi. Je l'ai vu avec sa matraque: il me l'a enfoncée dans les fesses, volontairement. Je suis tombé sur le ventre, j'avais plus de force".

Dans un rapport provisoire transmis à la justice, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) déplore la blessure "gravissime" à l'anus de Théo, causée par la matraque télescopique du policier mis en examen pour viol avec arme par le magistrat instructeur de Bobigny.

Mais, au vu des vidéos et des premières auditions, la "police des polices" avait retenu "le caractère non intentionnel" du geste du policier.

L'avocat du fonctionnaire mis en examen pour viol, Frédéric Gabet, défend également cette thèse. Durant l'interpellation, le policier "donne des coups au niveau des jambes et des cuisses pour le faire tomber", explique-t-il. "Il y a une mêlée, une cohue". Comme le jeune "se débat dans tous les sens", un des coups qui part en direction de sa cuisse, va le "blesser gravement".

"Théo, il sait qu'il a été violé et il le ressent comme un viol", rétorque l'avocat de Théo, Éric Dupond-Moretti. Le caractère non intentionnel "c'était la thèse du procureur, qui n'a pas été retenue par le juge d'instruction", a-t-il insisté.

- Une pénétration sans caractère intentionnel est-elle un viol ? -

Le débat juridique est ouvert, estime une source judiciaire, interrogée par l'AFP. "Les termes du débat c'est: est-ce qu'une pénétration d'une zone sexuelle caractérise à elle seule un viol? La jurisprudence nous dit que non. Il faut caractériser chez l'auteur une intention sexuelle. C'est facile à dire quand c'est le sexe, mais plus difficile quand c'est un objet. La juge a une interprétation de la jurisprudence différente de celle du parquet. C'est une discussion de droit pur."

Dimanche matin, le maire LR de la commune, Bruno Beschizza, avait de son côté dénoncé la qualification de violences volontaires retenue par le parquet de Bobigny malgré les accusations de viol, "vécue comme un détournement de vérité".

- Ces faits peuvent-ils être requalifiés ? -

A tout moment au cours de la procédure, le magistrat instructeur chargé de l'information judiciaire peut requalifier les faits au vu des éléments portés à sa connaissance. Tout comme la juridiction qui jugera cette affaire.

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