Agressions sexuelles : plainte contre l'université USC à Los Angeles

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Par AFP - Los Angeles
Publié le 22 mai 2018 - 12:19
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Le campus de l'USC à Los Angeles le 17 mai 2018
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© Robyn Beck / AFP/Archives
Le campus de l'USC à Los Angeles le 17 mai 2018
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Cinq anciennes étudiantes d'USC ont lancé des poursuites lundi contre l'université californienne pour ne pas les avoir protégées de son ex-gynécologue George Tyndall, accusé d'abus sexuels, et ne pas avoir réagi lorsque ses agissements présumés ont été dénoncés.

Deux plaintes ont été déposées lundi à Los Angeles, la première au nom de quatre anciennes étudiantes identifiées comme Jane Doe (l'équivalent de Madame X), la seconde au nom d'une femme identifiée par les initiales J.C.

Selon ces documents reçus lundi par l'AFP, le praticien insérait ses doigts, parfois une main entière, dans le vagin de ses patientes sans but médical.

Il interrogeait certaines sur leurs premières expériences sexuelles, faisait des commentaires lubriques sur leurs seins ou leur peau, leur tonicité vaginale et les faisait s'étendre nues pour être examinées, pratique inhabituelle aux Etats-Unis où les patientes portent une tunique en papier. Il avait aussi conservé une boîte de photos de parties génitales de dizaines de patientes.

La première plainte accuse University of Southern California (USC) de n'avoir pas réagi aux signalements concernant les actes de M. Tyndall, 71 ans, et d'avoir tenté d'"étouffer une myriade de plaintes de ses étudiantes en protégeant sa propre réputation et ses finances".

Selon un communiqué de l'avocat des plaignantes, John Manly, déjà 200 ex-étudiantes ont contacté une ligne téléphonique dédiée aux informations ou plaintes sur le praticien, accusé d'actes déplacés ou d'agressions remontant au début des années 1990.

Selon la seconde plainte, ce comportement a été dénoncé "par les patientes et les employés" du centre médical d'USC auprès de la direction de l'université sans que rien ne soit fait et sans que son comportement ne soit signalé à la commission médicale de Californie". Celle-ci a été avertie en février et l'université admet avoir trop tardé.

Des accusations de propos racistes tenus par le docteur Tyndall datant de 2013 avaient été transmises au bureau de l'équité et de la diversité (OED), qui n'a "pas trouvé de preuves concluantes qu'il y avait eu des violations des politiques" en vigueur, avait dit l'USC la semaine dernière.

En 2016, après le signalement d'une infirmière, la direction avait lancé une enquête interne, mis en congé M. Tyndall, avant de le limoger en 2017 au moyen d'un accord amiable.

Le gynécologue a d'abord dit qu'il allait prendre sa retraite avant de demander en début d'année à recouvrer son poste, menaçant de poursuivre l'université, qui a alors contacté la Commission médicale californienne.

Dans un précédent entretien avec le Los Angeles Times, M. Tyndall --qui n'était pas joignable lundi-- a nié toute conduite déplacée ou abusive envers ses patientes, affirmant que tous ses actes étaient médicalement justifiés. La police de Los Angeles dit n'avoir aucune enquête ouverte à son sujet.

Dans une lettre aux étudiants et employés de l'université, le doyen Michael Quick s'est de nouveau excusé lundi auprès des étudiantes "maltraitées par le docteur Tyndall": "Je suis horrifié et dégoûté".

Il a nié que l'université eut tenté d'étouffer l'affaire, parlant de dysfonctionnement du système de leur université, et appelant à une "nouvelle culture".

Le scandale rappelle celui de Larry Nassar, l'ex-médecin sportif de l'université d'Etat du Michigan (MSU) condamné à 175 ans de prison pour avoir agressé sexuellement plus de 300 anciennes jeunes sportives.

Louanne Masry, du cabinet d'avocats Taylor and Ring, qui représente l'une des plaignantes, a dit à l'AFP que le cas pourrait dépasser celui de M. Nassar vu "le nombre d'étudiantes qui l'ont consulté au centre médical" d'USC.

Elle ajoute que M. Tyndall semblait viser des étudiantes jeunes ou étrangères, inexpérimentées et peu habituées à dénoncer les conduites potentiellement abusives.

M. Quick a qualifié d'inexactes des informations du Los Angeles Times selon lesquelles des étudiantes chinoises étaient particulièrement visées. Ils justifie aussi l'accord amiable de 2017 comme "la manière la plus rapide d'éloigner quelqu'un de l'université".

Une manifestation a été organisée pour le 10 juin par d'anciennes patientes et victimes présumées du médecin.

Le département médical d'USC s'était déjà retrouvé en 2017 au coeur d'un scandale quand le Los Angeles Times avait révélé que son ancien doyen, avait entretenu pendant des années des relations avec des criminels et des consommateurs de substances illicites avec lesquels il se droguait.

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