Au grand débat sur la culture, l'élitisme dénoncé
L'exclusion culturelle que ressentent "ceux qui n'ont pas les codes" a été dénoncée mardi aux Beaux-Arts de Paris lors du "grand débat" sur la culture, conclu par le ministre Franck Riester, qui a appelé à la mobilisation des acteurs de terrain.
La plate-forme sur la culture a déjà recueilli 2.000 contributions. Une synthèse en sera remise au président de la République et au ministre de la Culture.
Arrivé à la fin de ce débat organisé par Beaux-Arts Magazine et la Fondation du patrimoine, le ministre a promis l'"engagement" de lui-même et de son équipe pour "regarder toutes ces contributions en détail".
"Je n'aurai pas de baguette magique et j'essaierai de trouver des réponses concrètes", a-t-il assuré, en ajoutant: "C'est vous sur le terrain qui démontrez que vous avez les réponses concrètes".
Il a appelé à "capitaliser sur un engouement exceptionnel" autour du patrimoine, et annoncé que lundi il "serait à Château-Thierry pour lancer le deuxième loto".
Réagissant à une proposition de financer le patrimoine en relevant la taxe de séjour par nuitée de 50 centimes, ce qui rapporterait 215 millions d'euros, le ministre a commenté: "Faire payer des touristes? Pourquoi pas?".
Il a indiqué être en train de nommer une personnalité pour se pencher sur "le vrai problème de précarité dramatique, de protection sociale" des artistes.
L'ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon a plaidé pour que "les moyens soient à la hauteur des politiques publiques", en remarquant: "Il y a 12 millions de jeunes scolarisés", et, si l'on divise le budget disponible, "cela représente 10 euros par élève". "J'aimerais qu'on parle du milliard de l'éducation artistique", a-t-il souhaité.
Durant trois heures, les interventions ont été tous azimuts: contre le marché de l'art, l'enseignement ennuyeux de l'histoire de l'art, la loi Elan fragilisant les architectes, et jusqu'aux éoliennes qui défigurent le paysage. "Les institutions culturelles intimident", a relevé un intervenant. "Pourquoi réserver le pass culture aux jeunes de 18 ans", a critiqué un autre.
Les petits projets et associations, les cafés culturels, les initiatives culturelles dans l'entreprise, les résidences d'artistes à l'école ont été préconisés.
Un intervenant a dénoncé la "ségrégation culturelle pour six millions de personnes" rendues vulnérables" par l'âge, la maladie ou le handicap, avec le "saupoudrage de quelques projets" dans les EHPAD.
Une femme a exhorté: "Laissez la place aux jeunes, aux femmes, aux Noirs, aux Chinois, aux étrangers" dans la culture.
A ce propos et avec humour, l'acteur Charles Berling, qui a animé deux débats en province sur la culture, a regretté qu'ils soient "souvent monosexe et monoâge".
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