Au Vietnam, le passage à tabac, arme antidissident
Les opposants vietnamiens sont souvent passés à tabac par des hommes en civil soupçonnés d'agir pour le compte du régime communiste, a accusé lundi l'ONG Human Rights Watch, même si internet permet désormais aux victimes de dénoncer cette arme de dissuasion.
Dans ce pays où les médias sont tous sous contrôle et les dissidents nombreux en prison, les réseaux sociaux permettent désormais aux dissidents de publier des photos de leurs blessures, donnant une visibilité à cette pratique des tabassages.
Sur la base de ces témoignages, et grâce à ses sources dans le pays, l'ONG Human Rights Watch, basée à New York, a recensé 36 cas de dissidents roués de coups par ces fameuses bandes anonymes entre janvier 2015 et avril 2017.
"Le fait que des voyous aient pu enlever ces activistes en plein jour, les emmener de force dans des vans et les passer à tabac démontre l'impunité grâce à laquelle les militants sont persécutés", dénonce l'ONG dans ce rapport publié lundi.
L'ONG internationale accuse les autorités de "tolérer ces attaques violentes", voire d'être derrière. Les autorités vietnamiennes, interrogées par l'AFP, ont refusé de commenter.
Plusieurs dissidents ont accepté de raconter à l'AFP les attaques qu'ils ont subies.
Parmi eux, La Viet Dung se souvient avoir été attaqué en avril 2016 par six hommes après un match de football avec d'avec d'autres dissidents à Hanoï.
Il a été frappé au visage avec une brique et en garde une cicatrice à l'arcade sourcilière. "Les attaques que nous avons subies avec les autres ont été menées par des hommes en civil. Ils n'osent pas porter leurs uniformes quand ils font cela", témoigne l'informaticien de 42 ans interrogé par l'AFP à Hanoï.
Cela ne l'a pas dissuadé de continuer à poster des articles critiques, sur la politique et l'environnement.
Dung se sait aujourd'hui sous surveillance, comme la plupart des dissidents au Vietnam.
Ces passages à tabac de dissidents sont dénoncés par Washington et des ONG comme Amnesty International depuis des années, sans que cela ne cesse.
HRW appelle les donateurs et investisseurs de cette économie d'Asie du Sud-Est en plein boom à faire pression sur Hanoï pour que soit améliorée la situation des droits de l'homme.
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