"Vagin de la reine" : les tags antisémites masqués
L'œuvre d'Anish Kapoor Dirty Corner, plus connue sous son surnom de "vagin de la reine", aura décidément susciter bien des controverses au-delà de sa portée culturelle. Samedi 19, le tribunal administratif de Versailles a ordonné que les inscriptions antisémites qui recouvrent la sculpture monumentale placée dans les jardins du château de Versailles soient dissimulés. Le soir même, des bâches ont été installées sur l'œuvre.
Anish Kapoor, artiste britannique d'origine indienne et juive par sa mère, avait pourtant fait part de son intention de ne pas effacer les tags qui recouvrent Dirty corner depuis la nuit du 5 au 6 septembre dernier. Selon lui "Désormais, ces mots infamants font partie de mon œuvre".
La justice, saisie par l’association Avocats sans frontières et Fabien Bouglé, conseiller municipal d’opposition de la ville, a cependant considéré que ces inscriptions antisémites sont de nature à porter atteinte à l'ordre public ainsi qu'à la dignité de la personne humaine. Le château de Versailles n'ayant pas le droit de modifier la sculpture sans l'accord de l'artiste a décidé d'en cacher les parties couvertes de graffitis.
"Cette décision me brise le cœur. Je ne comprends pas comment on est arrivé à une situation aussi absurde", a réagi Anish Kapoordans les colonnes du Figaro. " Ces tags antisémites me visent de toute leur haine. Cette haine me frappe en pleine figure. Je le dis haut et fort, je reçois ce coup, je n'efface pas les insultes parce que cela dépasse mon cas personnel. Et là, soudain, la justice s'accélère et en très peu de temps, me voici mis en demeure d'obtempérer".
L'artiste et le château de Versailles devraient donc finalement intervenir sur Dirty Corner ce lundi pour faire disparaître, du moins en surface, les inscriptions antisémites et pouvoir ainsi retirer les bâches. Le "vagin de la reine" devrait cependant conserver des stigmates de ces dégradations. Anish Kapoor prévoit en effet de recouvrir les tags de feuilles d'or, "de manière à respecter la loi française sans pour autant céder à la pression des taggueurs". L'artiste a cependant fait part de son intention saisir à son tour la justice.
Dans une interview au Journal du Dimanche précédant l'ouverture de l'exposition, il avait dit voir dans Dirty Corner "le vagin de la reine qui prend le pouvoir". L'œuvre avait alors gagné son surnom et créé la polémique. Au point que l'artiste avait par la suite déclaré n'avoir jamais tenu de tels propos.
Les installations d'Anish Kapoor seront visibles dans le château et les jardins de Versailles jusqu'au 1er novembre prochain.
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