Laurent, un artiste, affiche son optimisme à toute épreuve

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FranceSoir
Publié le 22 septembre 2020 - 10:19
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Laurent Varin, artiste en représentation à Metz
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Mairie de Metz
Laurent VARIN. « Pour sûr ! Qu’est-ce que tu dis ? ». Metz (57) 14 Aout 2020
Mairie de Metz

C’est sur les berges de la Moselle, que nous avons rencontré Laurent Varin, la cinquantaine, artiste dans l’âme et de profession. Il a bien voulu répondre à nos questions, et si chacun se souvient du « quoi qu’il en coûte » du Président de la République, nous garderons de lui son optimisme « quoi qu’il arrive »

Laurent, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

 Je suis directeur artistique de la compagnie le Tourbillon depuis 25 ans. Déjà un quart de siècle, que je me démène pour faire aboutir des projets de théâtre, mais que j’interviens aussi en tant que metteur en scène ou même comédien. Nos créations s’adressent à des publics variés, avec une approche originale que ce soit pour toucher les enfants, les adultes ou même certaines catégories plus spécifiques, comme les personnes en situation de handicap ou encore les demandeurs d’emplois, ou les salariés d’une entreprise. Le théâtre nous rassemble tous après tout.

Lorsque le président de la République a annoncé le 16 mars dernier un confinement de la population, quel a été l’impact sur votre troupe de théâtre ?

C’est bien simple, mais tout s’est arrêté. Plus personne ne pouvait se déplacer librement, alors aller au théâtre, se déplacer dans les écoles ou organiser un spectacle, c’était tout simplement inconcevable. Tout a été reporté, suspendu ou annulé. J’ai arrêté de travailler totalement le 17 mars dernier. 

On imagine que cette période n’a pas dû être simple à gérer. Alors comment cela s’est-il passé jusqu’au déconfinement ?

 On n’avait pas le choix. Personnellement, je me suis concentré sur l’après, le redémarrage. Des projets au plus long cours, mais toutes les institutions (Ministère de la culture, salles de spectacle, Education Nationale, …) ont suspendu tout ce qui était prévu, et bien évidemment, elles ne pouvaient pas se projeter dans l’avenir. Alors, cela n’a pas été simple, d’autant plus que l’essence même d’un artiste, c’est de se confronter à son public, et ce n’était plus possible. 

Un arrêt total donc de tous les spectacles et autres interventions. Financièrement, comment cela s’est-il traduit ?

Le spectacle vivant est un domaine particulier, notamment en ce qui concerne la rémunération. Si vous ne travaillez pas suffisamment une année, vous ne pouvez pas prétendre au statut d’intermittent du spectacle. Heureusement, le gouvernement a décidé de ne pas appliquer ces règles de calcul, en repoussant la mise à jour des droits au 31 aout 2021. Cela nous a retiré cette épée de Damoclès, qui planait sur nos têtes. En outre, le Ministère de la Culture a maintenu toutes les subventions déjà accordées, sachant pertinemment la situation délicate dans laquelle nous nous trouvions, nous les artistes. A titre personnel, j’ai vu mes revenus fondre de 40 % environ. Alors comme beaucoup, j’ai appris à consommer différemment.   

Vous avez donc dû attendre ce déconfinement au mois de mai ? Cela a-t-il marqué un retour sur scène ?

Le déconfinement a été un grand sentiment de liberté retrouvée sur un plan personnel, mais à titre professionnel, cela n’a rien changé. Il était toujours interdit de se réunir dans des lieux clos, et entre le port du masque, la distanciation sociale, le théâtre n’a pas pu frapper les trois coups du lever de rideau. Nous avons continué à nous projeter dans l’avenir. A Metz, comme dans beaucoup d’autres villes, les autorités locales se sont mobilisées pour organiser un « été culturel », afin de faire travailler les artistes et leur apporter un peu de soutien. Nous avons donc pu nous produire devant un public restreint et en extérieur au cours d’un spectacle « Pour sûr ! Qu’est-ce que tu dis ? « . Cela nous a permis de remonter sur scène, mais c’est resté très ponctuel et à la marge.  Je remercie toutes ces institutions de leur soutien dans ces moments difficiles.

Et aujourd’hui, Laurent, où en est votre troupe le Tourbillon ? Et vous ?  

Cela n’a pas changé ou si peu. Le protocole sanitaire ne cesse d’évoluer, jour après jour, et la situation sanitaire ne s’améliore pas, bien au contraire. Je ne sais pas ce qui nous attend demain, dans quelles conditions nous allons pouvoir nous produire. Alors il est difficile de concrétiser des projets avec une telle incertitude et un tel sentiment de peur. Je reste concentré sur l’après, la préparation des projets mais à ce jour, impossible d’avoir une certaine visibilité. Et puis, les acteurs concernés, que ce soit la Direction régionale des Affaires Culturelles ou l’Education Nationale, sont un peu comme nous. Ils n’osent pas prévoir et se projeter dans un avenir à plus ou moins long terme. Qui sait, quelle sera la situation dans 15 jours, un mois ou 3 mois ? Ajoutez à cela la peur du public aussi. Depuis des mois, on alerte et on insiste sur les gestes barrières, alors se retrouver ensemble dans une salle de théâtre ou dans tout autre lieu, cela peut en effrayer plus d’un.

C’est plutôt un constat sombre, que vous nous dressez là. Quel est selon vous l’avenir du théâtre et plus généralement du spectacle vivant en ce temps de Covid-19 ?

Je suis optimiste par nature, et je refuse de me décourager. Maintenant, je dois bien admettre je ne ais pas quand ni comment nous pourrons sortir de cette crise. La reprise est très fileuse dans notre domaine, et d’autres questions sont sous-jacentes. Quand on définit une restriction dans l’accueil du public, cela a des répercussions sur la faisabilité financière tout simplement.

Le théâtre, cela touche l’humain, la relation individuelle, le partage. Alors tant qu’on est empêché de se retrouver, cela restera très compliqué. Je veux croire, que des solutions seront trouvées. Quand j’interviens dans une école, le contact avec les élèves est essentiel dans cette transmission, cet échange. Alors aujourd’hui, je peux proposer des ateliers plus orientés lecture notamment, mais vous comprenez bien, que cela ne peut pas durer éternellement. Je prépare ces projets, qui je l’espère pourront voir le jour en 2021. Mais comme je vous l’ai dit, je suis un réel optimiste et crois à des jours meilleurs pour le théâtre mais aussi pour la société toute entière ….

 

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