"American Sniper" : Clint Eastwood dans la ligne de mire des critiques

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Jean-Michel Comte
Publié le 19 février 2015 - 16:08
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Clint Eastwood le 02.02.15 au déjeuner des nominés des Oscars.
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©Mario Anzuoni/Reuters
Clint Eastwood le 2 février dernier au déjeuner des nominés des Oscars.
©Mario Anzuoni/Reuters
Le dernier film de Clint Eastwood, "American Sniper", portrait de l'ex-tireur d'élite de l'armée américaine Chris Kyle, divise les critiques, les hommes politiques et les spectateurs. Ce qui ne l'empêche pas de connaître un gros succès.

Nommé pour six Oscars, American Sniper continue d'être sous le feu des critiques, aux Etats-Unis depuis un mois et en France depuis sa sortie mercredi 18 février.

Cela n'empêche pas le film de Clint Eastwood de battre tous les records précédents du réalisateur américain. Son 32e film est son plus grand succès aux Etats-Unis (307 millions de dollars depuis sa sortie le 16 janvier, 325 millions dans le monde) et pourrait bien l'être en France: il a réalisé 160.000 entrées sur les écrans français pour sa première journée, mercredi 18, le meilleur score pour un film de Clint Eastwood.

Pourtant la polémique sur le sujet et sur le ton du film, qui continue aux Etats-Unis, est lancée aussi en France. Le personnage du film (interprété par Bradley Cooper), Chris Kyle, le tireur d'élite de l'armée américaine, qui a tué 160 adversaires pendant quatre missions en Irak, est-il un héros ou un salaud? Le film de Clint Eastwood est-il une apologie de la guerre et des snipers ou présente-t-il une vision plus équilibrée entre les exploits du tireur au combat et ses difficiles retours à la vie privée? Le débat continue sur ce thème.

Ainsi, parmi d'autres, le critique Jean-Michel Frodon, sur le site Slate, juge que "la visée du film est aussi linéaire et rectiligne que les tirs de son personnage central" et qu'il s'agit pour Clint Eastwood d'un "retour à la mythologie des westerns". Pour Libération, le film, qui "glorifie le parcours véridique d’un tireur d’élite en lutte contre les forces du mal en Irak", fait figure, dans la filmographie de Clint Eastwood, "de nouvelle borne réactionnaire plantée en guise d’amorce de la fin de règne d’Obama (...)".

Aux Etats-Unis, dans la presse, à la télévision, et sur les inévitables réseaux sociaux, les louanges et les critiques s'entrecroisent depuis un mois. Grand donneur de leçons, le réalisateur Michael Moore (Bowling for Columbine, Farenheit 9/11) a ainsi accusé Clint Eastwood de confondre l'Irak et le Vietnam et a déclaré sur Twitter que "les snipers ne sont pas des héros".

Des critiques américains ont qualifié le film de "propagande républicaine" ou de "patriotisme simpliste", ce à quoi Clint Eastwood a répondu que c'était "une analyse stupide", car il estime que le film "n'a rien à voir avec des partis (politiques) ou quelque chose de ce genre".

Parmi les dernières critiques en date, le Guide suprême iranien, l'ayatollah Khamenei, a qualifié le film de "propagande" antimusulmane qui encourage la violence envers les musulmans.

Face à ce déferlement de critiques, Clint Eastwood a reçu le soutien de nombreuses associations de défense des vétérans de guerre, de milieux conservateurs, mais aussi de Michelle Obama. La femme du président (démocrate) américain a ainsi jugé qu'American Sniper était "une description complexe, émouvante d'un ancien combattant et de sa famille" et que, "tout en sachant qu'il y a des critiques, je pense que, à bien des égards, ce film met l'accent sur beaucoup d'émotions et d'expériences dont j'ai entendu parler, de vive voix, de la part de familles de militaires ces dernières années".

Pour sa défense -si besoin était-, Clint Eastwood, 84 ans, rappelle à longueur d'interviews qu'il n'est pas un partisan de la guerre, qu'il était personnellement opposé à l'intervention américaine en Irak contre Saddam Hussein, et défavorable de manière générale à l'interventionnisme américain dans le monde: "Si c'est pour y aller pendant peu de temps et se retirer aussitôt pour faire autre chose, c'est sacrifier beaucoup de vies pour pas grand-chose", a-t-il notamment déclaré au journal Le Monde. "Je ne pense pas que nous devrions prendre des décisions pour le monde entier. J'ai toujours penché du côté libertarien: pour un gouvernement plus petit et qui laisse les gens en paix".

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

 

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