"American Sniper" : Clint Eastwood le franc-tireur revient
C'est le plus gros succès de sa carrière. Le nouveau film réalisé par Clint Eastwood, American Sniper, a déjà rapporté 325 millions de dollars depuis sa sortie sur les écrans américains le 16 janvier. Et ce n'est pas fini, puisque le film est en course pour les Oscars, notamment ceux du meilleur film et du meilleur acteur pour Bradley Cooper.
Clint Eastwood raconte la vie de Chris Kyle, tireur d'élite de l'armée américaine, devenue une légende aux Etats-Unis pour avoir officiellement abattu 160 adversaires au combat. Son rôle, lors de quatre missions en Irak, était de protéger les autres soldats américains lors de missions au sol, dans les villes et les villages.
Chris Kyle a ainsi passé des centaines d'heures, sur les toits, allongé sur le ventre, l'oeil rivé sur ses jumelles ou le viseur de son fusil, à attendre le moment où il fallait appuyer sur la détente. Ses exploits lui ont valu le surnom de "la Légende" auprès de ses frères d'armes.
Le film montre brièvement l'enfance de Chris Kyle, au Texas, entre messe du dimanche et rodéo, où son père lui a appris qu'il y avait trois sortes d'êtres humains: les moutons, les loups et les chiens de berger. C'est en voyant à la télévision les images du double attentat contre les ambassades américaines à Nairobi (Kenya) et à Dar es Salaam (Tanzanie), le 7 août 1998, que Chris Kyle a décidé de devenir chien de berger.
Il s'est engagé dans les Navy Seals, les commandos d'élite de l'armée américaine. Mais a aussi rencontré une gentille fille, Taya (Sienna Miller), qu'il a épousée, et avec qui il aura deux enfants. Le film montre à la fois ses faits de guerre et ses retours dans sa famille, où le héros avait du mal à replonger dans la réalité de la vie civile.
"J’ai réalisé des films de guerre auparavant", explique Clint Eastwood, "mais ce projet me tenait particulièrement à cœur car il se situait à mi-chemin entre les exploits de Chris au combat et les aspects personnels de sa vie, qui le rendent encore plus intéressant. Cela montre le poids de la guerre non seulement pour un individu, mais aussi pour toute sa famille".
Pour le réalisateur, "il y a beaucoup de scènes d’action, mais le cœur du film et de l’intrigue, ce sont les rapports entre Chris et ses frères d’armes, et, surtout, entre Chris et Taya, qui reste la relation la plus importante du film. Chris était fou d’elle, mais en même temps il était déterminé à remplir complètement ses devoirs envers sa patrie".
Depuis sa sortie aux Etats-Unis, le film fait beaucoup parler. Ses partisans louent l'aspect patriotique de l'histoire et l'hommage rendu à un militaire d'exception. Ses détracteurs regrettent la glorification d'un tireur d'élite et la mise en scène donnant la part belle aux faits d'armes de l'armée américaine en Irak.
Tout n'est pas si tranché. Clint Eastwood, franc-tireur d'Hollywood, parfois qualifié de "conservateur de gauche", se dit opposé à l'interventionnisme militaire américain et n'a pas voulu faire un film de guerre classique, même si les scènes d'action sont bien filmées. Il a aussi montré l'aspect humain du personnage, lors de ses retours chez lui mais aussi au coeur de l'action. Le film commence par une scène où Chris Kyle a dans son viseur une femme et un enfant sur le point de lancer une grenade contre des soldats américains. Une autre scène, encore plus poignante, en fin de film, montre un enfant de 10 ans qui ramasse le lance-grenade d'un combattant que vient d'abattre Chris Kyle et qui s'apprête, lui aussi, à s'en servir...
A la fin, Clint Eastwood prend bien soin que son film n'apparaisse pas comme une glorification de la guerre, avec plusieurs scènes dans lesquelles jouent des anciens combattants handicapés, mutilés, blessés, atteints physiquement et psychologiquement par les combats, à leur retour au pays.
C'est d'ailleurs un de ces vétérans qui, le 2 février 2013, a assassiné Chris Kyle près de chez lui, au Texas, alors que celui-ci voulait l'aider à reprendre une vie normale. Son procès vient de s'ouvrir au Texas, l'assassin risque la prison à perpétuité.
Deux détails, pour finir. On voit à de nombreuses reprises, sur l'arrière de la casquette de Bradley Cooper, et donc sur son front quand il la retourne, le mot "Charlie". Rien à voir bien sûr avec les événements récents en France, il s'agit ici simplement du nom de l'unité de Chris Kyle, "Seal Team 3, Platoon Charlie".
L'autre détail est plus loufoque. Lors d'une scène de plus d'une minute, et à une seconde reprise dans le film, Bradley Cooper berce un bébé qui, visiblement, n'a rien d'humain. C'est un poupon en plastique, car les deux vrais bébés pressentis pour le tournage, ce jour-là, étaient indisponibles. Dans ce film plutôt bien réalisé, au budget de 60 millions de dollars, c'est une scène ratée qui a provoqué de nombreuses moqueries sur Internet.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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