Décès de l'écrivain et philosophe italien Umberto Eco à 84 ans
L'Italie et plus largement le monde de la littérature a perdu vendredi 19 l'un de ses plus éminents représentants. L'écrivain et philosophe italien Umberto Eco s'est éteint à son domicile de Milan, à l'âge de 84 ans, des suites d'un cancer diagnostiqué quelques années plus tôt.
Né à Alessandria (nord de l'Italie) le 5 janvier 1932, il a étudié la philosophie à l'Université de Turin et consacré sa thèse au "problème esthétique chez Thomas d'Aquin". Il était l'auteur prolixe d'essais universitaires sur la sémiotique (étude des modes de communication), l’esthétique médiévale, la communication de masse, la linguistique et la philosophie. Cependant, le grand public le connaît surtout pour ses œuvres romanesques.
Au premier rang desquels, Le Nom de La Rose, paru en 1980 chez Fabbri-Bompiani, et qui s'est écoulé à plus de 17 millions d'exemplaires à travers le monde. Cette enquête policière au sein d’une communauté religieuse bénédictine du XIVe siècle illustrant le combat d'un homme contre l'obscurantisme et un plaidoyer pour la liberté et le savoir, traduite en une quarantaine de langues, lui assura une notoriété quasi universelle. L'œuvre sera également adapté magistralement au cinéma en 1986 par Jean-Jacques Annaud avec dans les rôles principaux, Sean Connery et Christian Slater.
Il a notamment offert à ses lecteurs Le Pendule de Foucault (1988), L'île du jour d'avant (1994) et La mystérieuse flamme de la reine Loana (2004). Son dernier roman, Numéro zéro, publié en 2014, est un polar contemporain centré sur le monde de la presse.
Tout au long de sa carrière, il écrit régulièrement dans des quotidiens et des hebdomadaires des chroniques sur des sujets d'actualité, avec un souci de "débusquer du sens là où on serait porté à ne voir que des faits".
Homme de gauche, Umberto Eco avait ces dernières années pris position contre Silvio Berlusconi. Avec d'autres auteurs, il venait de quitter sa maison d'édition RCS Libri lorsque celle-ci avait été rachetée par la famille Berlusconi. Il s'agira là d'ailleurs l'un de ses derniers combats pour défendre la pluralité de l'édition en Italie.
Critique à l'égard de son époque, il regardait d'un œil sévère l'utilisation faite des réseaux sociaux. "Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui, avant, ne parlaient qu'au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité", avait-t-il récemment déclaré, rappelle ce samedi le quotidien italien Il Messaggero.
Dans son dernier message sur Twitter, qui datait de novembre dernier, Umberto Eco avait écrit que "le papier ne mourra pas, au moins pour les années qu'on m'autorise encore à vivre".
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