Mai 1945 : la mort d'Hitler
Le jeudi 3 mai 1945, à la Une et sur un mode d’une sobriété implacable, France-Soir annonce: "Hitler est mort". Le grand quotidien populaire -rappelant, en sous-titre, qu’il est l’héritier du principal mouvement de Résistance, "Défense de la France, fondé sous l’Occupation (le 14 juillet 1941)"- se réfère aux déclarations officielles de la radio allemande, depuis Berlin. Des déclarations parfaitement mensongères, et qui relèvent là encore de la propagande. Sauf sur un point: Hitler est bien mort.
"On nous annonce au QG du Fürher (ou autre orthographe: Fuerher) que notre Fürher Adolf Hitler est tombé cet après-midi à son poste de commandement à la Chancellerie du Reich, combattant jusqu’au dernier souffle pour l’Allemagne, contre le bolchévisme".
Alors que l’éditorial de France-Soir -écrit alors que la guerre n’est pas terminée- est intitulé, sans grandes phrases, "Victoire républicaine", le quotidien, toujours sur la foi du communiqué de la radio allemande, indique que l’Amiral Doenitz "succède" à Hitler et "appelle à la résistance". Comprendre: contre l’Armée rouge et les troupes des Alliés. Doenitz, que la radio allemande appelle "notre nouveau Fürher" et qui mourra le 24 décembre 1980, purgera après la guerre dix ans de prison à Spandau.
Le titre de France-Soir, ce 3 mai 1945, est, bien sûr, un événement. Mais les faits ne sont pas exactement ceux qu’annonce la radio du Reich. D’abord, Hitler n’est pas "mort au combat": il s’est suicidé d’une balle dans la bouche au fond de son bunker alors que les Soviétiques encerclaient Berlin et que les Alliés, progressant eux aussi, occupaient déjà une grande partie de l’Allemagne.
Eva Braun s’était, juste avant lui, empoisonnée au cyanure. Date de ce double suicide: le 30 avril 1945 (et non début mai). Huit jours avant, Hitler, décomposé et hors de lui, avait admis devant un dernier quarteron de proches: "La guerre est perdue".
Juste après le suicide, le chauffeur et le garde du corps d’Hitler ont incinéré les corps du Fürher et d’Eva Braun, à la demande de ces derniers qui craignaient le sort qu’a connu Mussolini, dont le corps avait été pendu à un croc de boucher.
Le lendemain, Goebbels et sa femme Magda se suicident à leur tour, après avoir empoisonné leurs six enfants.
L’annonce du décès d’Hitler a donc été retardée. Les conditions de sa mort ont été maquillées: il n’était pas "à son poste de commandement, combattant jusqu’au dernier soufflé". Et le Reich, avec la promotion du "Grand Amiral Doenitz" (selon la formule officielle), a voulu faire croire non pas que la guerre pouvait être encore gagnée, mais que la "capitulation sans conditions" pouvait être évitée.
Des millions de morts, l’Holocauste, une Europe dévastée, une Allemagne exsangue: la folle et criminelle aventure hitlérienne s’est bel et bien achevée par une capitulation sans conditions. "Plus jamais ça", ont juré, depuis, les Européens.
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