"TPMP" : après une première décision du CSA, l'émission de Cyril Hanouna risque une sanction plus grave pour le dérapage homophobe
Le coup de semonce est déjà considérable et pourrait augurer du pire pour Cyril Hanouna et son émission Touche pas à mon poste sur C8. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) vient en effet d'imposer une privation de publicité pendant trois semaines pour l'émission qui rapporte une large majorité des revenus des annonceurs pour la chaîne appartenant à Vincent Bolloré. Cette interdiction prendra effet en juin et commencera 15 minutes avant l'émission pour se finir 15 minutes après. Un coup dur qui se chiffrera entre 1,5 et 2 millions d'euros de manque à gagner. La décision est susceptible d'appel devant le CSA.
Et pourtant ce n'est peut-être que le début. En effet, l'émission de Cyril Hanouna a été réprimandée pour deux séquences douteuses bien précises. La première en novembre 2016 montrait la plaisanterie humiliante infligée à Matthieu Delormeau, lors de laquelle ce dernier devait s'accuser d'un crime imaginaire mais qu'il pensait bien réel. Le chroniqueur fréquemment moqué et parfois victime de remarques graveleuse sur son homosexualité, avait fini la séquence en larmes. Deuxième épisode douteux en décembre 2016, lorsque Cyril Hanouna pendant une coupure proposait à l'une des chroniqueuses de TPMP, Capucine Anav, de fermer les yeux et de poser ses mains sur lui, pour deviner quelle partie du corps elle touchait, jusqu'à ce qu'il lui pose les mains sur son sexe.
Or, si ces deux séquences tombent déjà assez bas dans le mauvais goût, elles n'ont pas eu l'impact en termes de plaintes des téléspectateurs par rapport au canular homophobe qui a déclenché une levée de bouclier contre l'émission. Le jeudi 18 mai, en direct, Cyril Hanouna recevait des appels d'hommes homosexuels répondant à une fausse annonce de rencontres intimes entre gays. Parlant avec une voix maniérée et caricaturale, l'animateur se laissait aller à quelques plaisanteries grasses qui ont révolté les associations luttant contre l'homophobie.
Même si ce sera le CSA qui jugera de la gravité des faits –une procédure est en cours– les faits apparaissent plus sérieux et pourraient donc entraîner une sanction dont l'impact serait encore plus douloureux pour la chaîne. Dans le meilleur des cas, un texte d'excuse à lire en direct, une amende, voir une nouvelle période sans publicité imposée à TPMP. Au pire, un classement dans la catégorie "interdit aux moins de 12 ans". Ce serait le pire scénario pour l'émission. Conformément à la législation en vigueur "les programmes -12 ans ne peuvent être diffusés sur les chaînes non cinéma avant 22h, mais peuvent l'être à titre exceptionnel après 20h30 à condition qu'il ne s'agisse ni d'un mardi, ni d'un vendredi, ni d'un samedi, ni d'une veille de congés scolaires". Autrement dit, le créneau 19h10 – 21h serait perdu, et TPMP ne pourrait être diffusé qu'à un horaire tardif. Non seulement les recettes publicitaires chuteraient pour une durée indéfinie, mais C8 laisserait le champ libre à Quotidien sur TMC, C à vous sur France 5 voire même au Petit journal sur Canal+. Une décision qui pourrait donc marquer la fin pure et simple de l'émission.
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