Universal Music : remplacement de Pascal Nègre, l'emblématique patron de la major

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 19 février 2016 - 08:18
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Pascal Nègre.
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"Il y avait des dissensions avec Bolloré", a déclaré à l'AFP une source proche de Pascal Nègre.
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Pascal Nègre va être remplacé à la tête d'Universal Music, qu'il dirigeait depuis 18 ans. Il est victime de désaccords avec Vincent Boloré, le patron de Vicendi, propriétaire de la major, qui "cherchait à placer un de ses proches à la tête du groupe", selon l'entourage de Pascal Nègre.

Pascal Nègre, figure de l'industrie musicale, a été remplacé jeudi 18 à la tête d'Universal Music France, plus grande maison de disques de l'Hexagone, un départ précédé de nombreuses rumeurs sur un désaccord avec le patron de Vivendi, sa maison-mère. Il sera remplacé par Olivier Nusse, actuellement directeur général du label Mercury Music Group et d'Universal Classic & Jazz France, indique un communiqué d'Universal Music, sans fournir d'explications.

Le départ de Pascal Nègre, 54 ans, qui dirigeait la maison de disques depuis 18 ans, faisait l'objet de spéculations depuis plusieurs semaines, son contrat étant arrivé à échéance fin 2015. Selon Le Point, son départ serait lié à un "désaccord sur une réorganisation que voulait lui imposer Bolloré", le patron de Vivendi. Après Canal+, l'homme d'affaires "voulait reprendre en main Universal France", a précisé de son côté Le Figaro sur son site.

"Il y avait des dissensions avec Bolloré", a déclaré à l'AFP une source proche de Pascal Nègre. Selon une source interne à Universal Music, "Bolloré cherchait à placer un de ses proches à la tête du groupe, comme il le fait généralement dans les entreprises qu'il rachète".

"Je voudrais remercier Pascal pour l'ensemble du travail qu'il a réalisé et pour son engagement en faveur de notre entreprise", a commenté Lucian Grainge, PDG d'Universal Music Group. "Bravo @PascalNegre pour ton talent et ton engagement au sein d'#UniversalMusic", a twitté l'ex-ministre de la Culture Fleur Pellerin.

Pascal Nègre était depuis plus de 20 ans le visage de l'industrie musicale en France, et un porte-parole passionné des producteurs contre le piratage et pour la promotion du streaming. Derrière l'homme avenant et un brin excentrique, aux discours passionnés et aux costumes colorés, se cachait un patron intransigeant pour qui la musique est une affaire de talent et de coups de cœur mais aussi un "business" se mesurant en disques d'or, en passages télévisés et en nombre de vues du Youtube.

Fils d'employés aux PTT, titulaire de maîtrises de philosophie et de mathématiques, Pascal Nègre était devenu PDG de Polygram, racheté ensuite par Universal, à seulement 33 ans, devenant l'un des plus jeunes patrons du secteur. Il a piloté la maison de disques pendant la pire crise jamais traversée par l'industrie musicale, réussissant à "imposer des courants musicaux et à conserver 45% des parts de marché en 2015", fait valoir un proche.

Après avoir fait ses armes comme DJ sur une petite "radio libre", Pascal Nègre avait intégré le monde des maisons de disques et grimpé rapidement les échelons: attaché de presse chez BMG, directeur de la promotion chez Columbia, directeur général des labels Barclay puis Island et enfin PDG de Polygram. Quand Universal devient propriétaire de Polygram, il est nommé PDG d'Universal Music France fin 1998. Arrivé à l'époque de l'"âge d'or" du cd, il a dû gérer l'explosion numérique qui a divisé par deux le chiffre d'affaires du secteur depuis quinze ans.

Egalement porte-parole des grands producteurs en tant que président de la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP) depuis 1995, il a été en première ligne dans les années 2000 pour dénoncer les "pirates" s'échangeant gratuitement les fichiers musicaux sur internet. Il a défendu vigoureusement la promotion d'une offre légale.

Parfois critiqué pour ne pas avoir suffisamment anticipé l'ampleur de la révolution numérique, il a bataillé ensuite pied à pied pour défendre les revenus des producteurs face aux revendications des plateformes de streaming et aux représentants des artistes qui s'estiment lésés.

L'ex-membre du jury de la "Star Academy", qui l'a fait connaître au grand public, n'oubliait jamais non plus de faire la promotion de ses artistes sur Twitter. Mais en matière de "business", ce grand fumeur et noctambule n'avait guère d'états d'âme. On l'a ainsi vu batailler devant les tribunaux pour conserver les droits sur les bandes de Johnny Hallyday quand le chanteur a rejoint Warner en 2004. Certains artistes jugés non rentables furent aussi remerciés.

Avec ses nombreux labels (Barclay, Polydor, Mercury, Capitol, etc.) et ses vedettes du moment (Kendji, Louane ou Nekfeu), Universal Music a connu une année 2015 "historique", soulignait dernièrement Pascal Nègre.

 

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