Dans Notre-Dame, la peur muette de centaines de touristes confinés
Tournés vers l'autel, ils lèvent tous les bras. L'image est saisissante mais n'a rien de religieux: des centaines de touristes, coincés dans la cathédrale Notre-Dame de Paris après l'agression d'un policier par un jihadiste sur le parvis, sont restés mardi confinés plus de deux heures dans un des monuments les plus visités d'Europe.
Le soleil de l'après-midi frappe encore les vitraux, la nef est pleine de bras tendus: les touristes se prêtent dans le calme au contrôle des policiers: montrer qu'ils n'ont rien dans les mains, ne représentent aucune menace.
"Les gens étaient calmes. On entendait une voix nous dire en français, en anglais et en espagnol de ne pas paniquer", a déclaré à l'AFP Nick, un Américain de 42 ans, venu passer cinq jours à Paris avec sa compagne.
A la sortie, son amie est blottie contre lui, encore sous le choc. "J'ai peur", répète-t-elle. "La police a fait un bon boulot. Il n'y a pas eu de panique", tempère-t-il.
Vers 16H20, ils étaient dans la file d'attente, à l'extérieur, quand un homme a foncé sur un policier, un marteau à la main, affirmant être "un soldat du califat" autoproclamé en juin 2014 de l'organisation jihadiste État islamique.
De son bureau situé au deuxième étage du presbytère, le responsable de la communication de Notre-Dame, André Finot, est alerté par le premier tir de riposte policier. "J'ai vu trois policiers encadrant un homme. Un second coup de feu est parti, et l'homme est tombé sur le parvis".
Le policier est légèrement blessé et l'assaillant touché au thorax, avant d'être évacué.
- Longue attente -
Dans la file d'attente, tout s'est déroulé si vite que personne "n'a eu le temps de paniquer", relate Nick: "On a entendu un bruit. Comme +pfff+... Puis il y a eu un mouvement, certains se sont mis à courir. La police nous a dit d'aller à l'intérieur."
"Subitement ils ont fermé les portes. J'ai eu peur, j'ai cru que c'était une bombe. mais grâce à Dieu on nous a dit rapidement que non, et on va bien", raconte Juan, un solide Mexicain d'une cinquantaine d'années, venu avec un groupe.
Selon M. Finot, plus de 1.500 personnes ont été confinées à l'intérieur de la cathédrale, un monument qui reçoit 13 millions de visiteurs par an.
"Ca nous a fait un peu peur au début. On s'apprêtait à partir quand on a entendu un policier dire à tout le monde de s'asseoir. Au micro, on nous a dit qu'un homme avait attaqué un policier avec un marteau, et que la police avait dû faire feu sur lui", raconte Kaylee, une Américaine de 19 ans venue de Waco (Texas) à Paris pour apprendre le français.
Après les vérifications policières, "on s'est rassis, ça a duré près de deux heures et demi. L'atmosphère n'était pas lourde, c'était assez calme".
Après une longue attente, "les policiers ont fait sortir les gens par groupes de 10 ou 20", raconte Ugurcan Yilmaz, un touriste de 29 ans venu d'Istanbul.
Soulagés de pouvoir sortir, les touristes ne s'attardent pas, franchissant au plus vite les ponts qui enjambent la Seine. La plupart quittent précipitamment le large périmètre de sécurité déployé tout autour de l'édifice catholique, silencieux, les traits tirés, certains les larmes aux yeux.
Alberto Loor, un Equatorien de 34 ans et Maria-José Di Mora, 28 ans, achevaient leur voyage de noce en Europe. "Tristes", ils ont décidé d'écourter leur séjour à Paris, sans avoir vu la tour Eiffel. "On n'a jamais rien vécu de tel. On sent que sa vie est menacée".
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