Enchères : plus de 500.000 euros pour deux aquarelles du Petit Prince
L'engouement pour le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry ne se dément pas. Deux aquarelles de l'écrivain-aviateur se sont envolées mercredi pour plus de 500.000 euros lors d'une vente aux enchères organisée à Paris chez Artcurial.
La première aquarelle, estimée entre 110.000 et 140.000 euros, a été vendue pour 294.000 euros et la seconde, estimée entre 92.000 et 110.000 euros, est partie pour 226.000 euros. Ces deux oeuvres avaient été réalisées au cours de l'été-automne 1942, quelques mois avant la sortie du Petit Prince.
Lors d'une vente similaire, en mai 2016, la maison parisienne avait proposé une autre aquarelle originale du conte universel qui avait été adjugée pour seulement... 133.000 euros.
"Les enchères ont salué avec ferveur les deux aquarelles ayant servi à illustrer l'édition originale du Petit Prince de Saint-Exupéry. Les prix obtenus pour ces images iconiques sont à la mesure de cette œuvre universelle et de sa notoriété internationale", s'est félicité Guillaume Romaneix, spécialiste livres et manuscrits d'Artcurial.
La première aquarelle (27,8 x 21,4 cm), réalisée sur une feuille de papier pelure montée sur carton, représente le Petit Prince assis sur une chaise, contemplant un soleil rougeoyant qui disparaît de l'horizon de sa petite planète derrière des fleurs et des joncs.
Saint-Exupéry a utilisé une encre brune et de l'aquarelle ocre, brune, rouge et bleu avec quelques traits de crayon noir pour la réaliser. Cette aquarelle a servi à illustrer le texte du chapitre VI que les éditeurs choisirent d’imprimer en partie sur le dessin lui-même, en supprimant pour ce faire trois morceaux du pourtour de la planète!
La seconde aquarelle, de même format que la première, représente le Petit Prince allongé sur le ventre dans un jardin de roses. Elle a été réalisée par l'écrivain-aviateur à l'encre brune et aquarelle ocre, brune et rouge avec quelques traits de crayon noir.
Ce dessin se retrouve dans l'édition originale, au moment où l'enfant, une fois arrivé sur Terre, découvre amèrement un jardin "fleuri de roses" semblables à son unique fleur. Le Petit Prince comprend que "sa" rose n'est qu'une fleur parmi d'autres.
"Je me croyais riche d’une fleur unique, et je ne possède qu’une rose ordinaire. Ça et mes trois volcans qui m’arrivent au genou, et dont l’un, peut-être, est éteint pour toujours, ça ne fait pas de moi un bien grand prince", dit alors le Petit Prince avant d'éclater en sanglots.
- Acheteurs européens -
Ces deux aquarelles, issues de la succession de Consuelo de Saint-Exupéry, l'épouse de l'écrivain, ont été acquises par des acheteurs européens.
Une suite de onze dessins préparatoires, constituant indéniablement une première ébauche de l'ouvrage mythique, réalisés sur des feuilles de papier pelure (27,9 x 21,6 cm) et légendés par Saint-Exupéry, ont été vendus pour 104.000 euros.
Cette suite de dessins, à l'encre brune et crayon noir, provenait du fonds de Silvia Hamilton, l'amie de coeur d'Antoine de Saint-Exupéry, rencontrée à New York. L'aviateur les lui confia avant son départ pour rejoindre l'Afrique du Nord en 1943.
Silvia Hamilton les conserva jusqu'en 1976, année où ils prirent place dans une collection du sud-ouest de la France jusqu'à ce jour.
L'ensemble était estimé entre 80.000 et 100.000 euros.
Enfin, une des deux dernières lettres de l'écrivain, écrite à la veille de sa mort à son ami Pierre Dalloz, a été vendue 18.200 euros (estimée entre 15.000 et 20.000 euros).
La lettre se termine avec ces mots dramatiques: "Si je suis descendu je ne regretterai absolument rien (...) Moi j'étais fait pour être jardinier".
Ce courrier avait été retrouvé sur la table de Saint-Exupéry le soir de sa disparition, le 31 juillet 1944.
Joyau universel, le Petit Prince est une oeuvre au destin planétaire. Elle a été traduite en 270 langues, a fait l'objet de plus de 1.300 éditions et compte plus de 145 millions de lecteurs.
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