Italie : coup d'envoi de la destruction du pont qui a endeuillé Gênes

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Par Charles ONIANS - Gênes (Italie) (AFP)
Publié le 08 février 2019 - 09:40
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Installation du matériel le 7 février 2019 pour démonter une partie du viaduc de Gênes dont l'effondrement avait fait 43 morts en août dernier
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© Marco BERTORELLO / AFP
Installation du matériel le 7 février 2019 pour démonter une partie du viaduc de Gênes dont l'effondrement avait fait 43 morts en août dernier
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Le coup d'envoi du démantèlement du pont dont l'écroulement partiel en août avait fait 43 morts à Gênes doit être donné vendredi avec le démontage d'un premier segment de près de 40 mètres.

Des milliers de tonnes d'acier, de béton et d'asphalte ont déjà été retirées de la zone où ce viaduc autoroutier s'était en partie effondré, entraînant dans sa chute de nombreux véhicules et leurs passagers, locaux comme étrangers, travailleurs ou sur la route des vacances, parmi lesquels quatre enfants.

Quatre puissants vérins positionnés sur le pont grâce à une énorme grue sépareront une portion de la route suspendue dans les airs, longue de 36 mètres et large de 18 mètres. L'opération, délicate, doit débuter vers 09h30 (08h30 GMT)

Ces vérins, qui devront sécuriser la descente, 48 mètres plus bas, des quelque 900 tonnes de cette portion de route, sont les mêmes que ceux utilisés pour redresser l'épave du Costa Concordia, le paquebot qui s'était échoué en 2012 tout près de l'île du Giglio en Toscane. Ce naufrage avait fait 32 morts.

Cette première phase devrait durer au moins huit heures, en présence dans la matinée du Premier ministre, Giuseppe Conte, et du ministre des Infrastructures, Danilo Toninelli.

L'opération de vendredi, encore symbolique eu égard à la taille de ce viaduc long de plus d'un kilomètre, permettra à la ville portuaire de Gênes d'entrevoir la perspective d'un retour à la normale.

A Rome, le ministère de l'Economie a annoncé jeudi soir le déblocage de 60 millions d'euros pour la reconstruction, dont le gouvernement entend cependant présenter ensuite la facture au concessionnaire de l'autoroute, la société Autostrade per l'Italia (Aspi).

Le pont Morandi, baptisé ainsi du nom de l'architecte qui l'a conçu dans les années 1960, est un des principaux axes de circulation à Gênes, grand port du nord-ouest de l'Italie.

- Opération délicate -

Le démantèlement complet du pont devrait durer au moins six mois, a prévenu le secrétaire d'Etat aux Transports, Edoardo Rizi. L'opération est d'autant plus délicate que ce pont suspendu chevauche en partie des habitations -- les immeubles sous le pont sont cependant condamnés -- et une voie ferrée.

C'est un autre architecte italien, Renzo Piano, qui aura la charge de reconstruire le viaduc. Ce natif de Gênes a promis que le nouvel ouvrage durerait au moins 1.000 ans. Résolument différent du pont Morandi, le "pont Piano", en acier et béton, aura "quelque chose d'un bateau, parce que c'est quelque chose de Gênes", avait expliqué son concepteur en décembre.

Il comptera 43 lampadaires en mémoire des 43 personnes qui ont péri dans l'accident. La construction du pont, d'un coût estimé à 202 millions d'euros, sera menée par un groupement d'entreprises comprenant Sailini-Impregilo, Fincantieri et ItalFerr.

Renzo Piano, 82 ans, auteur entre autres du Centre Pompidou et du nouveau palais de justice à Paris et de la tour The Shard à Londres, a accepté de s'occuper de ce projet gratuitement, "comme forme de donation à la ville de Gênes".

Ce nouveau viaduc devrait être ouvert à la circulation en avril 2020, a promis M. Rizi, soulignant que de fortes pénalités étaient prévues par contrat en cas de dépassement des délais.

L'ancien pont, fait de béton et de câbles d'acier eux-mêmes recouverts de béton, avait été inauguré en 1967. L'une des explications avancées par les enquêteurs réside précisément dans cette couverture de béton qui aurait pu masquer la corrosion de l'acier des câbles.

La partie est du viaduc, où se trouve la portion effondrée, est toujours sous l'oeil des experts qui cherchent à comprendre les raisons du soudain effondrement et à déterminer les éventuelles responsabilités.

Plusieurs bâtiments se trouvaient sous cette portion, dont certains ont été ensevelis sous les décombres et d'autres évacués.

Le concessionnaire, Aspi, a été mis en cause et plusieurs de ses dirigeants sont sous le coup d'une enquête judiciaire, alors que plusieurs ministres ont menacé de lui retirer la concession.

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