La Corée du Sud pleure les victimes de la bousculade de Halloween
De nombreux Sud-Coréens ont défilé lundi devant les mémoriaux érigés en hommage aux victimes de la bousculade de Halloween à Séoul, dont le bilan s'élève à 154 morts, alors que les critiques fusent contre les autorités accusées de laxisme dans le maintien de l'ordre et le contrôle de la foule le soir du drame.
Dans la matinée, le président Yoon Suk-yeol et son épouse Kim Keon-hee ont déposé chacun une fleur blanche devant un immense autel noir dressé dans le centre de Séoul en hommage aux victimes du désastre de samedi soir. Le public a ensuite été autorisé à défiler devant le monument pour se recueillir, souvent en larmes.
"Je suis bouleversée", a déclaré à l'AFP Hwang Gyu-hyeon, une étudiante de 19 ans. "Je prie pour les victimes. Je n'arrive pas à croire que cet accident se soit produit malgré les signes qui étaient clairs à l'avance. Rien n'a été fait pour se préparer à cette foule", a-t-elle critiqué.
Dans le quartier d'Itaewon, où s'est produit le mouvement de foule mortel, les passants s'arrêtaient pour prier et déposer des fleurs et des bouteilles d'alcool en offrande devant un autre mémorial, improvisé devant une station de métro.
La police a annoncé lundi qu'elle avait mis en place une équipe d'enquête qui visionnait les vidéos des caméras de surveillance des commerces alentour et interrogeait des dizaines de témoins, dans le but de déterminer la cause exacte du drame.
Mais sur internet et dans la presse, les critiques fusaient lundi contre les autorités, accusées de manque d'anticipation.
Environ 100.000 personnes, pour la plupart dans la vingtaine et déguisées pour Halloween, avaient convergé samedi vers Itaewon, quartier de bars et de boîtes de nuit composé d'un dédale d'étroites ruelles en pente raide le long d'une avenue principale. Des témoins ont décrit une absence totale de mesures visant à canaliser ou contrôler cette foule immense.
La police a reconnu lundi n'avoir déployé que 137 agents à Itaewon samedi soir, tout en soulignant que ce chiffre était supérieur à ceux des fêtes de Halloween des années précédentes.
Des médias locaux ont fait remarquer que la plupart de ces policiers étaient là pour empêcher l'usage de drogues, et non pour canaliser la foule de fêtards.
"Les officiers de police sur place n'ont pas détecté une augmentation soudaine de la foule", a déclaré à l'agence de presse Yonhap le chef du bureau du maintien de l'ordre de la police nationale sud-coréenne, Hong Ki-hyun.
"C'est un désastre qui aurait pu être contrôlé ou empêché", a déclaré à la chaîne YTN Lee Young-ju, professeur du département incendies et désastres de l'Université de Séoul. "Mais personne ne s'en est soucié, et surtout personne n'a pris ses responsabilités", a-t-il déploré.
- La police critiquée -
Sur les réseaux sociaux, de nombreux utilisateurs accusaient la police d'avoir complètement omis de contrôler la foule, laissant un trop grand nombre de personnes se masser autour de la station de métro Itaewon et dans les ruelles où s'est produit la bousculade mortelle.
"J'habite Itaewon depuis dix ans et j'ai vu des fêtes de Halloween chaque année, mais celle d'hier a attiré infiniment plus de monde que les précédentes", a affirmé @isakchoi312, un utilisateur de Twitter, pointant lui aussi l'absence de toute mesure de contrôle.
Le gouvernement sud-coréen s'est défendu de tout laxisme. La bousculade "n'était pas un problème qui aurait pu être résolu en déployant des policiers ou des pompiers à l'avance", a affirmé le ministre de l'Intérieur Lee Sang-min lors d'un point de presse dimanche.
La police sud-coréenne est pourtant maîtresse dans le contrôle des foules, dans un pays où les nombreuses et fréquentes manifestations sont souvent encadrées par un nombre d'agents supérieur à celui des participants.
Mais les organisateurs de manifestations politiques ou syndicales sont tenus de déclarer à l'avance leurs plans aux autorités, ce qui n'était pas le cas pour les jeunes venus participer en grand nombre et dans le désordre à la fête de Halloween à Itaewon.
"Le système actuel manque de bases légales et institutionnelles pour que la police puisse contrôler le grand public", a déclaré un fonctionnaire du bureau présidentiel lors d'un briefing.
Des témoins ont décrit des scènes de chaos et d'horreur dans la ruelle en pente d'à peine trois mètres de large, où des milliers de fêtards ont commencé à se pousser, à tomber les uns sur les autres, à suffoquer et à paniquer, hors de toute présence policière.
La catastrophe a fait 154 morts, dont 26 étrangers, selon le dernier bilan officiel qui pourrait encore s'alourdir, au moins 33 personnes blessées se trouvant dans un état critique.
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