Le prince Philip, roc de la reine et gaffeur roi
Aussi gaffeur et blagueur qu'Elizabeth II est réservée, le prince Philip, 96 ans, qui seconde solidement son épouse, souveraine depuis plus d'un demi-siècle, entamera sa retraite mercredi après avoir assuré un dernier engagement public en solo.
Déjà en 2011, le duc d'Edimbourg avait estimé qu'il avait accompli sa part du travail aux côtés de la reine à la longévité sans précédent.
Depuis 2009, Philip est même le titulaire du record de longévité des conjoints des souverains au Royaume-Uni, auparavant détenu par la reine Charlotte, épouse de George III pendant 57 ans.
Parrain, président ou membre de plus de 785 organisations, il continuera à les soutenir mais ne jouera "plus de rôle actif en participant à des engagements", selon le palais de Buckingham. Il devrait néanmoins continuer d'accompagner Elizabeth II lors de certaines apparitions officielles, en fonction de ses envies.
De souche allemande, Philip de Grèce et du Danemark est né à Corfou sur une table de cuisine le 10 juin 1921. A l'âge de 18 mois il est évacué dans un lit fait de cartons d'oranges à bord d'un navire britannique, avec ses parents et ses quatre soeurs aînées, alors que son oncle le roi de Grèce est déposé.
- L'adieu à la marine -
Il connaît ensuite une enfance solitaire et agitée, entre la France, l'Angleterre et l'Allemagne. Sa mère, dépressive, est hospitalisée puis entre dans les ordres, tandis que son père part s'installer à Monaco. Ses soeurs se marient quant à elles à des Allemands, dont l'un est un dignitaire nazi.
Recueilli par des parents, il suit une scolarité nomade, avant de rejoindre la Royal Navy et de prendre une part active dans la Seconde Guerre mondiale.
Il a 18 ans lorsqu'il rencontre pour la première fois la jeune Elizabeth, qui n'en a que 13 mais tombe sous le charme du bel officier.
Leur union est d'abord vue d'un mauvais oeil par les parents de la jeune princesse: Philip est un prince étranger, sans le sou et peu policé. Mais "Lilibet" l'adore et le mariage se fait le 20 novembre 1947 en l'abbaye de Westminster.
Le couple s'installe dans la foulée à Malte, où le prince Philip vient d'être muté. "Philip Mountbatten", titre qu'il a pris à ses noces, est fait commandant et compte bien poursuivre sa carrière navale.
La mort prématurée du roi George VI en 1952, qui propulse Elizabeth sur le trône, est pour lui un déchirement, selon ses proches. Il lui faut abandonner ses ambitions et devenir à jamais le second de sa femme, la reine.
- 'Mon roc' -
"Je ne sais pas combien de temps il va tenir, il est comme mis en bouteille", dira l'ex-roi de Yougoslavie. Il se résigne à marcher deux pas derrière son épouse, sans pouvoir jamais entièrement cacher sa frustration.
Ainsi, le jour où Churchill a conseillé que la famille prenne le nom de Windsor au lieu de celui de Mountbatten, Philip aurait hurlé: "Je ne suis qu'une foutue amibe, ici!".
Mais cela n'ira pas au détriment de sa loyauté envers la reine. "Mon premier, second et ultime emploi est de ne jamais laisser tomber la reine", a-t-il dit.
Son tempérament fougueux et complètement opposé au "politiquement correct" lui font commettre des gaffes, parfois aux relents xénophobes. "Vous vous battez toujours à coups de lances?", demande-t-il à un Aborigène lors d'une visite en Australie en 2002. A un garçon de 13 ans qui lui confie son rêve de devenir astronaute, il lâche, en 2001: "Tu es trop gros".
Un langage peu protocolaire dont la reine ne lui tient pas rigueur, pas plus que ses sujets qui trouvent qu'il apporte un peu de légèreté à la monarchie et lui savent gré de sa constance auprès d'Elizabeth II.
Le meilleur hommage rendu à Philip vient d'ailleurs de son épouse elle-même, qui a déclaré: "c’est mon roc. Il a tout simplement été ma force et mon soutien".
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.