Le rêve de vie stable de Magalie décidée à quitter la prostitution

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Par AFP
Publié le 16 novembre 2017 - 12:01
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L'aide financière à l'insertion sociale (Afis), réservée à ceux qui ne perçoivent aucun minima socia
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L'aide financière à l'insertion sociale (Afis), réservée à ceux qui ne perçoivent aucun minima sociaux, a été spécialement créée pour compenser la perte des revenus issus de la pro
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Exploitée sexuellement dès l'adolescence en République démocratique du Congo puis en France, Magalie, 24 ans, s'est engagée depuis un mois dans un parcours de sortie de la prostitution, un dispositif créé par la loi d'avril 2016 mais qui a tardé à se concrétiser.

La prostitution, "ce n'était pas ma propre volonté", confie Magalie, dont le prénom a été modifié. Avec un courage déconcertant, elle livre le récit de son itinéraire chaotique.

Née de parents inconnus, elle fuit sa famille d'accueil après avoir été "violée par le mari". Seule dans les rues de Kinshasa, elle tombe entre les griffes de "la dame", sa proxénète. Elle n'a que 15 ans mais se résigne "pour survivre".

A 17 ans, elle est envoyée en France, où on lui promet qu'elle va "gagner plus". En réalité, "on me donnait juste à manger". Après un rapport non protégé avec un client, elle tombe enceinte d'une fille, âgée aujourd'hui de 4 ans.

"J'en avais marre de travailler comme ça, surtout avec ma fille, mais je n'avais aucune ressource, il me fallait une aide", raconte-t-elle. C'est le Mouvement du Nid, engagé dans la lutte contre la prostitution, qui va la lui apporter.

L'association a présenté mi-octobre son dossier devant une commission départementale, présidée par un préfet, pour qu'elle bénéficie d'un parcours de sortie dont la durée est limitée à deux ans maximum.

Cette mesure constitue le volet social de la loi prostitution de 2016, dont la pénalisation du client et l'abrogation du délit de racolage étaient les dispositions phare.

Grâce au dispositif, Magalie, actuellement hébergée dans un hôtel social, pourra accéder à un logement HLM, profiter d'un accompagnement médical et d'actions d'insertion sociale et professionnelle.

Trouver un toit et un emploi, "c'est l'objectif des six prochains mois", dit Évelyne Bar, responsable au Mouvement du Nid, qui l'accompagne dans ses démarches.

- "Manque de volonté politique" -

D'ores et déjà, la jeune mère, qui faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire, a obtenu grâce au parcours de sortie un titre de séjour de six mois renouvelable pour lui permettre de travailler.

Bientôt, une allocation de 432 euros, appelée aide financière à l'insertion sociale (Afis), lui sera versée. Cette enveloppe, réservée à ceux qui ne perçoivent aucun minima sociaux, a été spécialement créée pour compenser la perte des revenus issus de la prostitution.

Magalie, suivie par l'association depuis 2014, avait le profil idéal. "Le parcours ne dure que 24 mois, c'est court. On ne peut pas présenter n'importe qui, il faut avoir déjà cheminé avec la personne", explique Évelyne Bar.

Sortie de la prostitution depuis déjà un an et demi, Magalie avait besoin de ce coup de pouce selon Stéphanie Caradec, directrice du Mouvement du Nid: "quand on a des trous dans le CV ou des problèmes de santé physique et psychique, le passé de prostitution est un frein pour avoir une vie stable".

Le "bilan d'étape", dressé mercredi par l'association, est modeste: seuls 25 dossiers ont été validés depuis octobre par les préfets, bien loin des 1.000 parcours provisionnés dans le budget 2017, en raison d'un long retard à l'allumage.

"Il a fallu attendre la publication de décrets d'application - le dernier date d'avril - et puis il y a eu les élections", explique Mme Caradec.

Pour 2018, le gouvernement, après avoir consulté les 44 associations agréées dans 37 départements, n'a provisionné que 600 parcours. "On pourrait faire plus si on nous donnait les moyens", regrette la directrice du Mouvement du Nid.

Elle ne digère pas la baisse de "6,8 à 5 millions d'euros" des crédits alloués à la lutte contre la prostitution dans le projet de budget 2018 et dénonce "un manque de volonté politique".

"On a de plus en plus de monde dans nos permanences, mais on ne peut pas tout faire. (...) Un accompagnement, ça prend du temps", insiste Mme Caradec.

"On s'est mobilisé sept ans pour obtenir cette loi historique, rappelle Grégoire Théry, chargé du plaidoyer au Mouvement du Nid. Il faudra peut-être sept ans pour obtenir son application pleine est efficace".

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