Législatives : des situations inattendues au second tour
Peu d'union de la gauche, Dassault qui vote Valls, des duels de macronistes, un candidat FN qui soutient La France insoumise: la déstabilisation des partis traditionnels provoque certaines situations inattendues au second tour des législatives.
- A GAUCHE, UNION, CONFUSION OU RANCUNE
Traditionnellement, les candidats de gauche se soutenaient mutuellement au second tour. Cette discipline a explosé notamment avec la France insoumise. Jean-Luc Mélenchon a apporté son soutien pour le second tour aux seuls "quatre" députés PS, dont le chef de file des frondeurs Christian Paul, qui avaient signé la motion de censure contre la loi travail.
Le PS, qui avait conditionné son soutien à LFI à la réciprocité, s'en tient donc au cas par cas.
Ce qui provoque des situations parfois un peu baroques.
A Marseille, Patrick Mennucci a refusé de donner une consigne de vote mais sa suppléante Nasséra Benmarnia a appelé à voter pour Jean-Luc Mélenchon, opposé à Catherine Versini (REM).
Benoît Hamon, lui, soutient "sans hésiter" Farida Amrani, la candidate de LFI, opposée au second tour dans l'Essonne... à Manuel Valls, qui n'avait pas voté pour le candidat PS à la présidentielle. En revanche, l'ex-Premier ministre a reçu le soutien, peut-être encombrant, de... Serge Dassault, sénateur LR et mis en examen pour des achats de votes présumés à Corbeil-Essonnes.
Dans la Somme, l'ex-ministre vallsiste Pascale Boistard, éliminée au premier tour, soutient le journaliste-réalisateur François Ruffin, "seul candidat de la gauche" (qui avait lancé l'année dernière une campagne "nous ne voterons plus PS"...) face à Nicolas Dumont, ex-PS devenu REM.
Dans le registre de la rancune tenace, Ségolène Royal a annoncé mardi sur BFM soutenir dans les Deux-Sèvres la candidate En Marche Christine Heintz contre l'ex-ministre PS Delphine Batho, qui lui avait succédé dans sa circonscription mais avec laquelle ses relations sont depuis longtemps dégradées.
- MACRONISTE CONTRE MACRONISTE -
Dans la 18e circonscription de Paris, Edouard Philippe a réitéré mardi son soutien à Pierre-Yves Bournazel (LR) face à son adversaire PS, Myriam El Khomri qui assure, elle, avoir le soutien d'Emmanuel Macron.
"Il n'y a pas de candidat En Marche! et il y a deux candidats avec des passés différents, des engagements différents, qui entendent se placer dans la majorité présidentielle", a glissé le Premier ministre.
L'ancienne ministre du Travail avait revendiqué lundi soir le soutien "officiel" d'Emmanuel Macron... qui n'a cependant été officialisé nulle part.
Des duels entre macronistes revendiqués sont également prévus à l'étranger.
Les Français d'Amérique du Nord auront ainsi le choix entre le candidat investi par La République en Marche et largement en tête, Roland Lescure, et le sortant LR Frédéric Lefebvre, admirateur d'Emmanuel Macron.
Dans la 9e circonscription (Maghreb, Afrique de l'Ouest), le duel se fera entre Leila Aichi, actuellement sénatrice MoDem, et M'Jid El Guerrab, tous deux se revendiquant En Marche mais sans être investis.
- AU FN, NI DROITE NI GAUCHE, MAIS PAS TOUJOURS
Une poignée de candidats n'ont pas suivi la politique générale du FN de ne pas prendre position au second tour.
Eric Dillies, éliminé au premier tour dans la première circonscription du Nord, a affirmé ainsi qu'il voterait pour le candidat LFI au second tour. A Saint-Nazaire, le candidat FN avait fait de même, avant finalement de faire volte-face.
En Nouvelle-Calédonie, le Front National appelle ses électeurs à voter pour la candidate LR dissidente Sonia Backès et le candidat UDI Philippe Gomès, s'ils s'engagent "sur l'honneur à ne jamais accepter l'indépendance de la Calédonie française".
Par ailleurs, plusieurs candidats FN se présentent désormais comme "seul candidat de la droite" lorsqu'ils sont en duel face à des REM, comme le patron du FN du Var Frédéric Boccaletti ou le patron du FN de l'Yonne Julien Odoul.
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