Leur mai 68 : pour une ex-étudiante de Nanterre, "nous allions vers la révolution"

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Par AFP - Nanterre
Publié le 22 mars 2018 - 16:52
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Les étudiants tiennent une réunion dans une salle mise à leur disposition par le doyen Pierre Grappin, le 1er avril 1968, à la faculté de Nanterre
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© / AFP/Archives
Les étudiants tiennent une réunion dans une salle mise à leur disposition par le doyen Pierre Grappin, le 1er avril 1968, à la faculté de Nanterre
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Le 22 mars 1968, 142 étudiants emmenés par Daniel Cohn-Bendit envahissent un bâtiment administratif de la faculté de Nanterre, marquant le début de ce qui deviendra mai 68. La philosophe et militante féministe Florence Prudhomme, aujourd'hui septuagénaire, en était.

"J'étais étudiante en philo à Nanterre. C'était une petite fac, nous nous connaissions tous. Les philosophes Jean-François Lyotard ou Henri Lefebvre notamment y dispensaient joyeusement une culture libertaire et politique. Il y avait réellement une prise de conscience collective, un examen des pouvoirs qui s'exerçaient partout, notamment dans l'université. Et les différences entre les tendances du futur mouvement étudiant n'étaient pas antagonistes, nous étions tous et toutes des camarades, proches les uns des autres sans se préoccuper d'éventuelles étiquettes politiques".

"Nous avions aussi un ennemi commun: les fascistes qui faisaient régulièrement des descentes sur le campus et que nous nous efforcions de repousser, le plus souvent avec succès."

Le 22 mars 1968 avait "été précédé deux jours plus tôt de l'arrestation de Xavier Langlade (un trotskiste de la Jeunesse communiste révolutionnaire, ndlr) après l'attaque de l'American express à Paris par des militants qui luttaient contre l'impérialisme américain. Nous avons commencé par crier +Libérez nos camarades+ jusqu'à occuper la salle du conseil de l'université dans la soirée. Nous étions dans la fac sûrement à la recherche d'une action décisive".

"A Nanterre, nous jouissions déjà d'une forte liberté d'expression. Et tout d'un coup a surgi le slogan de l'occupation de cette salle. Nous nous sommes précipités de manière presque spontanée et inattendue avec beaucoup de gaieté et, pour ma part, presque surprise par notre audace. C'était génial! Mais je n'étais pas étonnée par ce que j'étais en train de vivre. Depuis plusieurs mois, voire années - avec notamment l'occupation du bâtiment des filles en 1967 -, il y avait réellement une effervescence qui indiquait que le monde était en train de changer. J'imaginais que nous allions vers la révolution. Et elle est arrivée!"

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