Epuisement professionnel : êtes-vous en burn-out ?

Auteur(s)
Rodolphe Oppenheimer édité par la rédaction
Publié le 20 juin 2017 - 14:44
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Burn-out.
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©Capture d'écran YouTube
Tout un chacun peut être victime de burn-out.
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Considéré comme le mal professionnel du XXIe siècle, le "burn-out" ne cesse de se développer et les cas recensés de se multiplier. Pour "FranceSoir", le psychanalyste Rodolphe Oppenheimer analyse les symptômes de ce sentiment d'épuisement professionnel et explique comment s'y prendre pour y faire face.

Le burn-out peut apparaître sous tout un tas de formes différentes, à la fois physiques et psychiques. Et si nous en entendons souvent parler, ce n’est pas une raison pour le sous-estimer. Sachez que des millions de personnes de par le monde en décèdent chaque année dans le cadre de leur travail et qu'il n’est toujours pas reconnu comme une maladie professionnelle. Compte tenu des différentes organisations de travail, de l’ensemble des professions, il devient difficile de repérer qui est en burn-out et qui a un symptôme de "grosse fatigue".

Tout un chacun peut être victime de cette maladie. Malheureusement, c’est à vous qu’il revient de vous protéger car votre excès de travail ou de prévenance ne vous sera jamais reproché. Bien au contraire, vous serez sollicité de plus en plus. Un des moyens les plus sûrs pour limiter l’apparition du burn-out sera dans votre capacité à créer un paravent entre votre vie privée et votre vie professionnelle. Laissez vos problèmes de couple chez vous, mais ne rapportez pas vos problèmes professionnels à la maison, ni sur votre ordinateur ni dans le lit conjugal. Quelle que soit votre angoisse, vous devez savoir que ce n’est pas à votre conjoint de trouver des solutions, ni à vos enfants, ni à vos amis. Très souvent, ils sont les premiers à vous avertir que quelque chose ne va pas: il faut alors savoir les écouter car ils sont les premiers témoins des prémices du burn-out.

Différentes formes de burn-out

Un matin avant d’aller travailler, vous êtes soudainement pris d’un mal de ventre inexpliqué. Pourtant, vous avez dîné léger et petit-déjeuné comme tous les matins mais néanmoins vous commencez à vous tordre de douleur. Cela est extrêmement impressionnant: vous n’aviez pas eu cela depuis la première épreuve du baccalauréat et cela fait quand même quelques années. Cela peut également aller du petit malaise sans gravité au malaise cardiaque, beaucoup plus problématique.

La qualité de votre sommeil est un bon indicateur de votre bonne santé nerveuse. Si vous avez des ruminations le soir, des difficultés à vous endormir, si vous vous réveillez en pleine nuit, c’est que les indicateurs sont au rouge. Le matin après une nuit atroce, vous vous apercevez que votre tête vous gratte, vous avez beau vous laver les cheveux, le psoriasis s’est emparé de votre crâne: il est donc probable que vous somatisiez. Suite à quoi, vous vous apprêtez à quitter votre domicile grimaçant. C'est là que votre conjoint vous demande "Que se passe t-il"?

"Rien, j’ai mal partout, mon dos me tire mes épaules me font mal": à ce compte-là, vous pouvez d’ores et déjà, entre vos nuits difficiles, vos problèmes cutanées et des douleurs diffuses, compter trois symptômes du burn-out. N’oubliez pas que vous pouvez vous sentir persécuté sans être pour autant un dangereux paranoïaque. Il peut vous apparaître des idées noires, morbides, mortifères. Votre crainte au quotidien est de ne pas y arriver, de vous faire dépasser dans vos objectifs. Vous avez l’impression que vos supérieurs vous scrutent de plus en plus et vous pensez à vos dettes, à vos crédits.

De là commence la séquence des "si…": perdre sa maison, sa voiture, ne plus manger à sa faim, etc. Lorsque cela arrive, ne laissez jamais un scénario inachevé dans votre esprit: asseyez-vous, prenez un papier et un stylo et écrivez ce que vous ressentez. N’hésitez pas à écrire "je suis fatigué… donc… il arrive ça… ainsi… etc." et allez au bout de votre raisonnement.

Gardez sur vous ce schéma pour éviter de perdre des heures à le refaire jours et nuits. Avec tous vos symptômes, vous remplissez déjà les cases émotionnelles de cette pathologie, il est donc temps de réagir.

Comment réagir?

Initialement vous êtes heureux de travailler, vous donnez le meilleur de vous, vous prêtez allégeance à votre N+1, vous vous sentez gratifié de vos efforts. Un jour, tout en restant extrêmement motivé et en ayant des résultats satisfaisants, vous sentez que votre travail devient une part de vous. Que jour et nuit, semaine ou week-end, même pendant les vacances, vous n’arrivez plus à décrocher de ces obligations. Vous commencez à être touché par ce mal. Vous ne trouvez plus le temps de voir vos amis, de faire votre jogging tant vous avez l’impression d’être constamment en retard dans votre travail. Vous vous oubliez dans vos 60 heures de travail hebdomadaire.

Vous décidez que vous ne vous laisserez pas faire par des maux de têtes, de dos, de ventre et que votre conjoint(e) comme vos parents n’ont pas à vous faire de remarques. Vous êtes sous pression: lors de la réunion du vendredi, vous avez senti un de vos supérieurs agacé, vous êtes angoissé(e), vous vous trouvez mauvais face à ces petits jeunes tout juste sortis de l’école qui ont les dents qui rayent le parquet. Vous décidez de défier seul(e) le monde entier. Un jour, un midi, ou un soir, les plombs sautent comme sur un tableau électrique, vous êtes là sans y être.

Il faut à tout prix vous mettre au vert: entre suicide et passage à l’acte vous n’avez pas à choisir. Demandez de l’aide à votre médecin qui évaluera si un arrêt de travail est nécessaire puis consultez un thérapeute afin de "vider votre sac" qui devient trop pesant. Personne ne va nier l’importance et la difficulté du travail, le besoin d’y être performant, d’essayer de prendre de l’avance sur vos collègues. Mais l’important reste vous-même et vos propres limites. N’attendez pas d’avoir tous les signes du burn-out pour commencer doucement à ralentir votre rythme de vie. Souvenez-vous de la fable de La Fontaine Le lièvre et la tortue. Ralentir permet de mettre certaines choses à distance petit à petit pour éviter la "rupture" brutale.

L’idée est de faire les choses calmement, plus doucement et de les faire mieux sans mettre votre vie et votre entourage en danger. Poser des limites permet de se réapproprier un cadre de vie bienveillant. Si les solutions vous manquent, pensez à consulter et à vous faire aider.

Cet article a été rédigé par Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste (http://www.psy-92.fr/). Son dernier ouvrage, Peurs, angoisses, phobies, par ici la sortie! (Ed. Marie B) est disponible en librairie depuis le 15 novembre.

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