La DR/DP un symptôme difficile à définir, une méthode facile à retenir
Tout ce que vous avez toujours connu a disparu. La normalité s’est évaporée et ne reviendra jamais pour vous à cet instant. "Je vois mes bras, je les touche, mais sont-ils réellement à moi?". Pourquoi avez-vous l’impression de ne plus être vous-même?
Quelles que soient vos pensées, l’évocation de souvenirs heureux, des rencontres exceptionnelles, rien ne vous tire de cet état si particulier. Vos sentiments, vos émotions sont comme anesthésiés. La sensation de devoir fuir dans les plus brefs délais vous envahit: courir vers un lieu connu, rentrer chez vous, mais surtout sortir de cette "claustrophobie" purement psychique.
>Les symptômes
Quand vous jouiez enfant à vous cacher dans un placard, vous disiez stop, pouce, on arrête. A présent, les murs de l’angoisse se resserrent sur vous-même sans que vous ne puissiez sortir en ne faisant que pousser une porte. Alors comment "sortir de soi" puisque la question s'impose à vous dans ces termes, "s’extraire" de soi?
Les symptômes sont nombreux: le cœur bat la chamade, des picotements se font ressentir dans les extrémités des membres, les mains sont moites. Ces symptômes et ces sensations sont ceux d’une crise de DR/DP (Déréalisation-Dépersonnalisation).
Ce qui est douloureux, c’est qu’il vous est difficile d’expliquer votre ressenti. Les mots manquent. Ceux qui vous reviennent le plus souvent sont les mots "irréel", "spectateur de moi-même", "je deviens fou", sans possibilité d’y échapper. Cependant, contrairement aux psychoses, la réalité ne disparaît pas. Il s’agit plus d’un sentiment de "je crois que…". Dans le cas de la psychose, le sujet est persuadé que tout est commandé par un être externe, une puissance extérieure.
Lors de l’arrivée des premiers symptômes, vous vous sentez regardé. En réalité, vous vous mettez en apnée. A ce moment précis, inconsciemment, vous commencez à ne plus respirer, vous vous mettez en hypoventilation (apnée). Vous "aidez" ainsi la crise, vous l’alimentez. La crise de panique, si souvent redoutée, se nourrit de votre hypoventilation (ou de votre hyperventilation si vous respirez trop vite) comme un sportif totalement essoufflé. Vos idées sont d’ordre métaphysique: "pourquoi suis-je là?". Vous êtes comme un frelon qui se cogne contre une vitre fermée alors que toutes les autres fenêtres de l’appartement sont ouvertes.
>La DR/DP et la méthode ACARA
La DR/DP modifie de façon importante vos sensations qui se trouvent éloignées de la réalité même si vous la percevez normalement. Pas de panique, vous n’êtes pas en train de devenir fou comme le symptôme tente de vous le faire croire. Mettez-vous dans un endroit tranquille et pensez à inspirer calmement par le nez et à bien expirer par la bouche.
Cessez d’essayer de comprendre vos symptômes et appliquez la méthode ACARA: Acceptez l’angoisse, oubliez votre fierté et acceptez d’accepter. Contemplez l’angoisse, comme si vous étiez dans un musée, visitez-la: observez ses petits détours et contours. Agissez avec l’angoisse: ne modifiez rien de ce que vous entreprenez, faites-le moins vite, différemment, mais ne laissez pas la crise vous détourner de votre occupation. Répétez ces trois étapes puis Attendez le meilleur: vous patientez en attendant que vos amis viennent dîner, ils ne vont pas tarder. Le meilleur s’approche donc bien de vous, la crise se termine.
Ces crises sont courantes et mal connues du grand public. Afin de les résoudre, il est impératif d’en connaître la ou les cause(s) et de veiller à prendre rendez-vous chez un spécialiste. En attendant de passer le pas de la consultation, la méthode ACARA vous permettra de surmonter la crise de DR/DP.
Cet article a été rédigé par Rodolphe Oppenheimer, spécialisé en Thérapie corportementale et cognitive (TCC) et membre de nombreuses associations de professionnels. Retrouvez plus d'informations à propos de l'auteur sur son site en cliquant ICI.
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