Cartier, virtuose de la joaillerie
"Cartier, joaillier des rois, roi des joaillers". Ces quelques mots prononcés en 1902 par le prince de Galles et futur Edouard VII résument bien l’histoire de la maison Cartier.
La naissance de la prestigieuse enseigne remonte à 1847. Cette année-là, Louis-François Cartier reprend le magasin de joaillerie de son maître Adolphe Picard, située rue Montorgueil à Paris. Après deux déménagements successifs, Cartier s’installe sur la très prisée rue de la Paix en 1899, au numéro 13.
Le fils de Louis-François Cartier, Alfred, et son fils Louis, assurent alors collégialement la gestion. Les clients sont reçus dans les salons de la boutique: Salon des joailleries, Salons blanc, vert, anglais, Salon des Perles –qui représente jusqu’en 1920 la moitié du chiffre d’affaires.
Cartier reçoit la royauté et des personnalités du monde entier. Pour accueillir cette clientèle de choix, la maison dispose de vendeurs vedettes, au rang desquels René Prieur et Alfred Buisson. Elle acquiert rapidement une reconnaissance hors des frontières françaises, décuplée par les voyages en Angleterre, aux Etats-Unis et en Inde des trois petits-fils Cartier au début du XXe siècle. La maison fournit alors jusqu’à vingt-quatre cours d’Europe, dont la cour d’Angleterre.
Coffres de pierres précieuses
Le 29 avril dernier, le prince William épousait Catherine Middleton. La duchesse de Cambridge portait lors de la cérémonie un diadème Cartier serti de diamants qui avait été originellement réalisé pour la future reine Elisabeth II.
Cartier ne compte plus le nombre de ses clients illustres. Parmi eux, le maharadjah de Patiala. Epris de la maison Cartier, il se rend à Paris en 1926, chargé de valises de pierres précieuses. Il commande à Cartier la réalisation de bijoux de cérémonie indiens dans le style art déco. Un des bijoux les plus impressionnants sortis des ateliers à cette occasion est un collier orné de 2.930 diamants représentant 962,25 carats dont un diamant jaune de 234 carats.
Autre commande titanesque que reçut la maison Cartier: celle de María Félix en 1975. L’actrice et diva mexicaine ne voulait pas de la panthère –icône de la maison depuis l’après Première guerre mondiale– comme modèle. L’histoire raconte qu’elle aurait fait livrer dans la boutique un bébé crocodile pour servir de modèle à un collier en or, diamants jaunes, rubis et émeraudes, représentant deux reptiles entrelacés.
La maison Cartier devient, au fil des années, indissociable du glamour hollywoodien. Des photos de l’actrice Elizabeth Taylor attestent de son amour pour les bijoux, et notamment ceux de Cartier. Son deuxième mari, Richard Burton, lui offrira un diamant de plus de 69 carats.
Grace de Monaco fut, elle aussi, particulièrement liée à Cartier. En 1956, l’actrice fétiche d’Alfred Hitchcock se fiance au Prince Rainier III. A son doigt, un diamant Cartier, qu’elle portera jusqu’à la fin de sa vie.
Outre les stars, certaines figures de l’enseigne propulseront la maison de joaillerie au sommet de l’élégance et de la préciosité. Le nom de Jeanne Toussain, directrice artistique de Cartier dans les années 30, reste gravé dans les archives de la Maison. "Elle incarnait une sorte d’élégance féminine très affirmée, très indépendante. Et aussi avec une très grande originalité", selon les mots de Pierre Rainero, le directeur image, patrimoine et style de la marque. Jeanne Toussain était surnommée "la Panthère". C’est elle qui contribuera à faire de ce fauve l’emblème de la marque. La première broche panthère fut vendue en 1949 à la duchesse de Windsor.
Cartier était un maître incontesté dans le domaine de la joaillerie. L’entreprise fut aussi précurseur dans le domaine de l’horlogerie. Louis Cartier croyait très fortement au développement de la montre portée au poignet. Son idée était encore à l’époque une curiosité, les hommes portant des montres à gousset.
Horloges mystérieuses
La Maison met au point en 1904, pour l’aviateur Alberto Santos-Dumont, une montre bracelet baptisée Santos. En 1919 suivra la montre Tank. Le succès de ces deux modèles perdure aujourd’hui.
L’exposition Cartier, hébergée cet hiver au Grand Palais, exposait également une collection d’horloges étonnantes. Ces horloges dites «mystérieuses» ont hérité leur nom de l’incapacité de l’œil à détecter comment les aiguilles sont reliées au socle de l’appareil.
Joaillier, horloger, maître de l’art décoratif, Cartier a diversifié ses collections au fil des années et des inspirations. La flore et la faune –héritées de l’engouement pour l’exotisme des années 20– côtoient des modèles plus classiques pour perpétuer une ambition centenaire: "créer des objets élégants pour toutes les circonstances de la vie", selon Pierre Rainero.
La marque, restée entre les mains de la famille Cartier jusqu’en 1972, appartient depuis 1988 au groupe suisse Richemont. La Maison réaliserait un chiffre d’affaires de près de 340 millions d’euros par an, un montant non confirmé par Cartier, qui ne communique pas sur le sujet.
La haute joaillerie de la marque est toujours fabriquée dans les ateliers parisiens où environ 270 joailliers, polisseurs, sertisseurs, horlogers et concepteurs s’attèlent à confectionner des bijoux proches de la perfection. Cartier compte pas moins de 300 vitrines dans le monde, du Venezuela à l’Inde. Une aura indémodable mise au service du développement de l’art contemporain depuis 30 ans au travers de la fondation Cartier.
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