Un casino normand entre bandits manchots d'hier et jeux en ligne de demain

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Par Rébecca FRASQUET - Forges-les-Eaux (France) (AFP)
Publié le 12 janvier 2022 - 13:15
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Des employés du casino de Forges-les-Eaux en Seine-Maritime, le 10 janvier 2022
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Des employés du casino de Forges-les-Eaux en Seine-Maritime, le 10 janvier 2022
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Au casino de Forges-les-Eaux en Normandie, où d'imposantes machines à sous lumineuses ont depuis longtemps remplacé les bandits manchots qui crachaient des pièces, Partouche, deuxième casinotier français, investit dans son métier traditionnel tout en espérant comme ses concurrents la légalisation des casinos en ligne.

Le "domaine de Forges" qui comprend un casino, trois restaurants, quatre hôtels, un golf, un spa et emploie 350 salariés, est le 5e du groupe Partouche, avec 35 millions d'euros de produit brut des jeux (la différence entre les mises des joueurs et leurs gains) hors Covid et 11 millions d'euros de chiffre d'affaires hors jeux.

Comme tout le secteur, il a dû fermer ses portes "80 jours pendant le premier confinement puis 200 jours entre l'hiver dernier et le printemps, et a repris une activité très contrainte par le pass sanitaire", indique Fabrice Paire, président du directoire.

"Aujourd'hui, les casinos français subissent une baisse de fréquentation de 30 à 35%, qui se retrouve moins dans l'activité, puisqu'on est aux alentours de -15 à -20%", dit-il. Car "l'essentiel des clients qui ne reviennent pas sont des clients occasionnels, à petit budget de jeu", précise Ari Sebag, PDG du domaine de Forges.

Le site de Forges-les-Eeaux tourne en partie au ralenti: si les machines à sous du casino ont retrouvé leurs habitués, en semaine l'hôtel ne reçoit plus ni séminaires ni évènements d'entreprises, seule la brasserie le Bistro accueille des convives et aucun évènement n'est programmé avant un dîner-spectacle le 29 janvier.

En application des protocoles sanitaires, les tables de jeu -poker, roulette...- ont été espacées et des machines à sous ont été retirées.

Fondé en 1973 et coté en Bourse depuis 1995, Partouche compte 4.000 salariés et exploite 42 casinos sur les 202 français, un club de jeux, des hôtels, des restaurants, des centres thermaux et des golfs. Le groupe est détenu aux deux tiers par la holding de la famille Partouche, et Patrick, le fils du fondateur Isidore, préside le conseil de surveillance.

- Offre de "jeux à distance" -

En juillet 2021, la municipalité de Forges-les-Eaux a renouvelé pour 20 ans la délégation de service public confiée au groupe, avec un taux de prélèvement sur les jeux relevé à 15% - le maximum permis par la réglementation - pour la commune. Partouche a promis d'investir 12 millions d'euros pour agrandir les surfaces de jeux et de restauration.

Début 2020, le groupe a acquis 15% de la société La Pensée Sauvage, organisatrice dans le Vercors de séjours mêlant jeûne ou repas vegan, soins et randonnées. A Forges-les-Eaux, il veut aussi proposer, dans de futurs bâtiments, des séjours de "détox alimentaire encadrés par des naturopathes", indique Richard Frischer, directeur général du lieu.

"Malgré la situation actuelle complexe, nous continuons à investir. Pour nous développer, nous avons besoin d'espace", explique M. Paire.

Aujourd'hui Partouche, comme ses concurrents regroupés au sein du syndicat patronal Casinos de France, rêve de pouvoir proposer une offre de "jeux à distance", qui serait "une extension électronique de l'offre de chaque casino", explique à l'AFP Philippe Bon, son délégué général.

Chaque établissement proposerait un nombre de tables de jeu et de machines à sous virtuelles égal à celui qu'il offre en physique. Cela permettrait au secteur de "se moderniser et de reconquérir une clientèle qui, pendant les confinements où les casinos étaient fermés, s'est tournée vers une offre illégale", dit-il. Mais cette proposition devrait faire l'objet d'une expérimentation et d'une modification de la loi.

Interdits en France, les sites de casino en ligne "représentent des risques importants d'addiction", ne proposent pas de "mesures de protection des joueurs et de leurs données personnelles", et il n'existe "aucun recours en cas de non-paiement des gains", estime l'Autorité nationale des jeux, qui régule le secteur.

Mais celle-ci "n'arrive pas à juguler les offres en ligne illégales qui pullulent", affirme M. Bon. Seuls quelques opérateurs sont agréés par l'ANJ pour le poker en ligne (Winamax, Betclic, Netbet...).

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