Haute-Savoie : lutte contre la surfréquentation des chemins de randonnée avec des clous
La surfréquentation des lieux naturels est un phénomène en hausse, dû à la recherche frénétique de photos pour attirer des likes sur les réseaux sociaux, mais aussi à cause des restrictions de déplacement et de la pandémie, qui concentrent les touristes sur quelques destinations en France. Pour de nombreux habitants des plus belles zones naturelles françaises, la situation est devenue insupportable. Cela pousse certaines personnes à se faire justice elles-mêmes. En Haute-Savoie par exemple, des centaines de clous ont été placés sur les sentiers avec l’objectif de crever les pneus des VTT, et de dissuader les randonneurs de prendre ces chemins pour leurs balades.
Au moins huit secteurs de la forêt sur les sentiers communaux au-dessus d'Annecy, dangereux pour VTT et randonneurs
Sur des sentiers de randonnée, les clous dissimulés dans les racines des arbres se multiplient. Pour le maire de Villaz, Christian Martinoz, il est compréhensible que l'affluence des sentiers puisse en agacer certains, mais cela “ne justifie pas de réagir comme ça ". Des applications peuvent aider à signaler ce type de danger : les randonneurs peuvent se servir d'une application de randonné pour alerter de ce type d’obstacle dans les sentiers et les vététistes peuvent utiliser l’application Suricate, qui permet en quelques clics de faire remonter des informations et problèmes rencontrés lors de leurs sorties VTT. Les gendarmes ont ouvert une enquête pour tenter de démasquer le ou les coupables, en coopération avec les agents de l'ONF et la police de l'environnement, rapporte France 3.
Le confinement, mais aussi les réseaux sociaux, coupables d’encourager l’affluence massive dans des endroits naturels
L'Union internationale de conservation de la nature (UICN) expliquait récemment comment la pandémie avait mis à mal les efforts de protection de la nature à travers le globe. Autour de la Méditerranée et dans le sud de la France, l’hyper-fréquentation l'été dernier, à la sortie du premier confinement, a été vécue intensément dans le Parc régional du Verdon ou dans les Parcs nationaux de Port-Cros et des calanques. Les réseaux sociaux ont aussi leur part de responsabilité. Comme l’explique Éric Letonturier, sociologue et maître de conférences à l’université Paris Descartes Sorbonne, les instagrameurs sont sujets à une addiction aux likes, ce qui les pousse à tenter de reproduire les photos qui ont du succès, souvent dans des endroits naturels paradisiaques. En reproduisant ces “copies”, les sites naturels risquent la surfréquentation. Le tourisme motivé par les selfies n'est pas seulement source de pollution des sites naturels ; il tue aussi l'ambiance de tranquillité et de déconnexion que recherchent les passionnés de la nature. Cette tendance a aussi un impact négatif sur la faune de ces sites. Certains instagrameurs cèdent même à la tentation de débusquer et déranger des animaux sauvages, seulement pour un selfie.
À Marseille, la marie opte pour “démarketiser” les lieux surfréquentés
Conscientes des dangers de la marketisation des paradis naturels dans les réseaux sociaux, des villes comme Marseille, connue pour ses belles calanques, ont récemment entamé une cure de "démarketing" et n'hésitent plus désormais à publier des photos de plages bondées sur son site, ou d'embouteillages pour dissuader les visiteurs.
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