Crues : la décrue s'annonce lente

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Par AFP - Paris
Publié le 26 janvier 2018 - 12:02
Mis à jour le 29 janvier 2018 - 19:38
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Un homme regarde les berges inondées par la crue de la Seine, le 23 janvier 2018 à Paris
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La statue du Zouave sous le pont de l'Alma le 26 janvier 2017
© ludovic MARIN / AFP

La Seine a atteint à Paris lundi son pic de crue, nourrie par des pluies historiques, mais la décrue s'annonce lente avec pour les riverains des conséquences pendant plusieurs jours encore, et une progression de l'eau à suivre de près en Normandie.

La crue culminait dans la capitale à 5,85 m, soit moins qu'en juin 2016 (6,10 m), selon Vigicrues. "On est désormais dans la phase d'étale", selon Joël Hoffman, de l'organisme de surveillance des cours d'eau.

Ce niveau, mesuré à la station de référence du pont d'Austerlitz à Paris, devrait rester stable avant de redescendre très lentement à partir de mardi.

Douze départements restaient en vigilance orange inondations, en Ile-de-France, la Saône-et-Loire, la Marne, l'Aube, mais aussi la Seine-Maritime et l'Eure.

"La situation est sous contrôle", a assuré le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, qui s'est rendu en Seine-et-Marne dans des communes en bord de Seine, où il a remonté une rue en barque et rencontré élus, pompiers-plongeurs, habitants.

"Emmanuel Macron a souhaité qu'on vienne saluer le travail des uns et des autres, et dire aux victimes (des dégâts, ndlr) qu'on va essayer de faire en sorte d'accélérer les procédures", a-t-il dit, ajoutant qu'"il y a des dispositifs existants et puis des dispositifs exceptionnels qui pourront peut-être être mis en place".

Le scénario catastrophe d'une crue historique comme celle de 1910, où la Seine avait atteint 8,62 m à Paris, a été évité.

Mais dans la capitale, les berges restaient submergées, bateaux à l'arrêt, arbres et lampadaires baignant dans une eau boueuse. Côté transports, sept gares parisiennes du RER C resteront fermées au moins jusqu'au 5 février.

Sur les boucles du fleuve, après Paris, la hausse devait se poursuivre jusqu'en milieu de semaine, prévoit Vigicrues, à des niveaux supérieurs à ceux de 2016 en raison de l'apport de l'Oise.

Dans les Yvelines les riverains avaient les pieds dans l'eau, comme Alexandre, 52 ans, qui, à Villennes-sur-Seine, "surveille en permanence le niveau": "il y a 30 cm d'eau au rez-de-chaussée, où il y a une chambre, une chaufferie, une lingerie. On reste au premier étage, (mais) encore 10 cm et on devra évacuer la maison".

Au total, 1.500 personnes ont dû quitter leur logement en Ile-de-France, a indiqué la préfecture de police. Environ 1.900 abonnés étaient touchés par des coupures d'électricité.

- De plus en plus fréquents et intenses -

Plus loin, Vigicrues a placé lundi en vigilance orange la Seine dans l'Eure et en Seine-Maritime, du fait aussi de forts coefficients de marées attendus cette semaine.

"Un épisode pluvieux va survenir (à compter de mercredi, notamment sur le nord-est, ndlr), il paraît modéré, il faut faire attention", a dit le ministre. Ensuite "on va faire en sorte de porter notre attention" sur l'impact des marées.

A l'origine de ces crues qui ont aussi touché l'est et le sud-ouest du pays, des pluies records tombées sur des sols saturés.

Selon Météo France, le pays a connu sur décembre-janvier un cumul moyen record depuis 1959, année de début de la modélisation de la pluviométrie: plus de 282 mm.

Ce mois-ci - qui n'est pas encore fini - des régions comme Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté ont déjà battu leur propre record avec deux fois la valeur normale d'un mois de janvier (pris sur la période 1981-2010).

Sur la Saône, le niveau maximum a été atteint dimanche à Chalon−sur−Saône, et le fleuve a débordé légèrement lundi dans le centre-ville de Mâcon. Sur l'aval du Rhône, la décrue est là mais avec des niveaux encore élevés.

Nicolas Hulot a insisté lundi sur les "limites" de ce que la "technologie humaine" peut faire face à de tels phénomènes, "assez inédits" par leur ampleur.

"Beaucoup de choses ont été faites sur la prévention, on peut anticiper, envoyer des moyens de secours, mais on a forcément une limite, chacun peut le comprendre", a-t-il dit.

"Après, il y aura des retours d'expérience", a-t-il assuré. "Ne mettons pas chaque événement sur le compte du changement climatique, mais tout de même, les événements sont de plus en plus fréquents et intenses. (...) Donc il faut qu'on s'adapte".

Selon une étude scientifique publiée lundi, ce type d'inondations devraient se multiplier en Europe en raison du réchauffement climatique, l'air chaud contenant plus d'humidité: dans le scénario le plus optimiste, les dommages doubleraient, à environ 15 milliards d'euros par an, et le nombre de personnes affectées augmenterait de 86%, soit environ 650.000 par an.

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