Psychanalyste, comportementaliste, psychothérapeute : qui consulter ?
Nous avons tous le souvenir de ces posters, de ces tableaux avec la tête de Sigmund Freud, l’un des pères de la psychanalyse avec ses petites lunettes, son bouc et son cigare à la bouche. Et pourtant, il est loin d’être le seul. Tant de courants, d’écoles s’affrontent entre Freud, Jung et Lacan. Nous sommes face à des guerres de clocher que ce soit sur la méthode, le rythme des consultations ou la durée de ces dernières. Très à la mode des années soixante aux années quatre-vingt, personne n’hésitait à dire: "j’ai rendez-vous chez mon psychanalyste cet après-midi à 16h".
Il est vrai que cette phrase se faisait entendre plus du côté de Saint-Germain-des-Prés qu’ailleurs. Cette liberté à afficher le fait que nous puissions consulter un psychanalyste pouvait venir certainement de l’influence de Woody Allen, qui ne réalise que très peu de films sans inspiration psychanalytique. Même lorsqu’il ne prononce pas le mot, il y évoque ses maux et en fait des "Je de maux". La psychanalyse s’oppose aussi au courant des comportementalistes, mais que font-ils et qui sont-ils?
Les thérapies comportementales et cognitives couramment appelées (TCC) consistent en grande partie à traiter un symptôme sans se préoccuper de sa cause. Si vous êtes phobique des oiseaux, par exemple, il s’agira de vous confronter petit à petit à ces "ignobles" volatiles. Ils peuvent être montrés à la personne phobique tout d’abord sur une image puis sur une vidéo. Et enfin, le patient sortira sur une place aux alentours pour contempler un vrai oiseau, objet de son pire cauchemar.
Les TCC prennent en compte un certain nombre d’exercices comme la respiration vagale. Nous expliquons aux patients que leurs crises d’angoisse reposent sur un système d’hypo ou d’hyperventilation. Devant ce qu’ils considèrent un danger, ils se mettent souvent en apnée (hypoventilation) ce qui va déclencher un message d’alerte, un sentiment d’étouffement. Le cerveau va alors envoyer un signal comme s’il s’agissait d’une détresse respiratoire.
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Il va donc se créer un "Mayday" comme une urgence absolue dans un avion, mais ici c’est le cerveau qui l’envoie au corps humain. Ce dernier va recevoir le message et va mettre en place son processus: c’est pourquoi, à l'orée d'une crise, le phobique va sentir son cœur battre la chamade, ses jambes cotonneuses, des fourmillements dans le bout des doigts, des sueurs etc.
Ces sentiments extrêmement désagréables sont pour autant sans le moindre risque. Personne n’est jamais mort d’angoisse et l’anxiété n’a jamais raccourci la durée de vie d’un individu. Les signes de l’hyperventilation apparaissent lorsqu’un sujet respire extrêmement vite car paniqué par son état.
Notre société ne supportant plus l’attente, les anxieux et les dépressifs recherchent des solutions immédiates. Naît alors une demande de guérison instantanée: "Allo! Bonjour monsieur, quel est votre tarif? Et une dernière question pourrais-je guérir en deux heures?". Ce type de requêtes deviennent des demandes quotidiennes.
Au-delà des deux spécificités (psychanalyse et thérapie par TCC), il existe encore des psychopraticiens (Le terme "psychopraticien" est un nom de métier qui succède à l’ancienne appellation "psychothérapeute" avant que celui ne devienne un titre réservé en 2010). Que dire de la sophrologie, très à la mode. Il s'agit d'une approche de développement personnel qui s'intéresse à l'étude de la conscience individuelle, une thérapie qui se veut phénoménologique visant à tenir compte de l'histoire personnelle de chacun. De nombreuses écoles et pratiques sont apparues depuis la création en 1960 de la sophrologie par Alfonso Caycedo. Seule l’appellation "sophrologie Caycédienne" est protégée par des droits.
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Il existe d’autres thérapies comme la gestalt-thérapie (parfois appelé gestalt) qui est à la fois une approche thérapeutique, un corpus de concepts et un ensemble de pratiques visant un changement personnel, psychosocial et organisationnel.
A noter que Freud a pratiqué l'hypnose pendant plusieurs années, un état psychologique qui revêt certains attributs physiologiques. Il s’agit d’un état de conscience modifié de l'individu à un niveau d'attention autre que l'état de conscience ordinaire. Il peut ressembler au sommeil. Il est généralement provoqué chez une personne par l'action d'un tiers. Ce processus commence par une induction hypnotique.
Milton Ericksson a développé l’hypnose Ericksonnienne mais au sein même de l’hypnose. De nombreux et divers courants se sont développés. Qui n’a pas entendu parler de l’EMDR, une thérapie qui consiste à une stimulation des deux hémisphères du cerveau visant à effacer l’effet de souvenirs traumatiques. Elle a été créée par Hélène Shapiro au début des années quatre-vingt aux USA. Quoi qu’il en soit il n’y a pas de mauvaises méthodes, il n’y a que des rencontres!
Cet article a été rédigé par Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste (http://www.psy-92.fr/). Son dernier ouvrage, Peurs, angoisses, phobies, par ici la sortie! (Ed. Marie B) est disponible en librairie depuis le 15 novembre.
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