Suicide : un algorithme pour repérer les personnes fragiles psychologiquement
Et si les suicides pouvaient être évités grâce aux nouvelles technologies? C'est en tout cas ce que suggèrent des chercheurs américains à travers une étude publiée lundi 30 dans la revue Nature Human Behavior. Ils y expliquent avoir trouvé un algorithme permettant d'identifier les personnes suicidaires, avec une précision de 91%.
Pour y parvenir, ils ont fait appel à 34 jeunes âgés de 18 à 30 ans. Et pour les besoins de leur étude, ils les ont été séparés en deux groupes. Dans le premier, les 17 participants présentaient des idées suicidaires tandis que dans le second, les 17 autres personnes n'avaient aucun souci de cet ordre là. Une fois cette étape réalisée, les scientifiques ont fait passer à chacun une IRM fonctionnelle, une technique permettant d'analyser l’activité du cortex cérébral, en réponse à la réalisation d’une tâche cognitive (langage, motricité, stimulation tactile ou visuelle, mémoire, etc.).
Au total, 30 mots-clés se sont affichés devant les participants. Certains avaient une connotation joyeuse ("vitalité", "gentillesse", "insouciance"), négative ("cruauté", "inquiet", "obscurité") tandis que d'autres étaient directement liés à des idées suicidaires ("sans espoir", "funèbre", "désespéré"). Entre-temps, chaque cobaye devait prendre le temps d'y réfléchir pour que l'IRM visualise l'activité cérébrale de chacun.
Puis, pour que l'algorithme puisse faire ses preuves, les images de l'IRM lui ont été soumises. Pour chaque mot-clé, les chercheurs ont signalé à l'intelligence artificielle si les images des tests provenaient des personnes aux idées suicidaires ou bien des participants en bonne santé mentale. Enfin, pour voir son efficacité, les scientifiques ont soumis à l'algorithme d'autres images provenant chacune d'une IRM fonctionnelle et lui ont demandé à quel type de personnes correspondait chaque cliché. Les résultats ont parlé d'eux-mêmes: il a eu bon plus de neuf fois sur dix.
Ils ont ensuite cherché à savoir si l'ordinateur pouvait aller plus loin dans l'analyse. Ainsi, les patients aux idées suicidaires ont été séparés en deux groupes: l'un était composé des personnes ayant déjà tenté de se suicider (9) tandis que l'autre regroupait les participants qui n'étaient pas encore passés à l'acte (8). Là encore, l'algorithme ne s'est presque pas trompé et a réussi à reconnaître les personnes qui avaient déjà tenté de mettre fin à leurs jours dans 94% des cas.
Pour rappel, selon les données de l'OMS (Organisation mondiale de la santé), plus de 800.000 personnes se suicident chaque année dans le monde ce qui représente un mort toutes les 40 secondes. Aucune région ni aucune tranche d’âge n’est épargnée mais ce phénomène touche particulièrement les jeunes de 15 à 29 ans, chez qui il constitue la deuxième cause de mortalité à l’échelle mondiale. L’intoxication par pesticides, la pendaison et les armes à feu sont les méthodes les plus fréquentes au niveau mondial. Alors pour lutter contre ce fléau, l'organisme a encouragé les pays à développer ou renforcer leurs stratégies globales de prévention du suicide.
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