M6 a 30 ans : la "petite chaîne qui monte" joue parmi les grands
M6 devient mercredi une belle trentenaire: sous la direction de Nicolas de Tavernost, "la petite chaîne qui monte" a su se faire une place derrière les grandes chaînes avec quelques beaux succès, du "Loft" à "Top Chef", qui ont séduit un public plutôt jeune et féminin.
Le 1er mars 1987, M6 remplaçait la chaîne TV6 et diffusait son premier feuilleton, "Clair de Lune" avec le jeune Bruce Willis, attirant 6% des téléspectateurs. Trente ans après, la chaîne du groupe RTL est devenue une grande chaîne généraliste restant autour des 10% d'audience moyenne, et talonnant certains soirs le leader TF1 et France 2.
En trente ans, M6 a marqué le paysage audiovisuel avec des fictions comme "Scènes de ménage" ou "Caméra Café" et des émissions alliant information et divertissement comme "Capital", "E=M6", "Zone interdite", "Enquête exclusive" ou "Turbo", une des émissions les plus anciennes de la télé française.
M6 a aussi été la première chaîne de France à oser diffuser une émission de téléréalité, en 2001: "Loft Story", importée des Pays-Bas. Ses concurrentes dénigrent d'abord ce format sulfureux avant de s'y mettre. Suivront les émissions de coaching et de cuisine, très prisées du public ("Un dîner presque parfait", "L'amour est dans le pré", "D&Co", "Top chef"), qui donneront aussi des idées aux autres chaînes.
Récemment, les interviews politiques d'"Une ambition intime", menées par Karine Le Marchand, ont de nouveau suscité une pluie de critiques... et de très bonnes audiences.
"On a pris des risques, on a marqué des buts", explique dans un entretien à l'AFP Nicolas de Tavernost, à la tête de M6 depuis ses débuts comme directeur général puis président.
La chaîne, qui se targuait d'être "0% football" au Mondial-98, a battu en 2016 son record d'audience historique avec la finale de l'Euro et ses 20,8 millions de téléspectateurs. Elle cherche maintenant à obtenir les droits des matchs des Bleus entre 2018 et 2022, en codiffusion avec TF1.
- Réussite financière -
Malgré une audience qui a du mal à se maintenir au-dessus des 10%, M6 reste une belle réussite financière, bien plus rentable que TF1: son bénéfice net a bondi de 33% en 2016, à 152,7 millions d'euros, après des audiences record qui ont dopé ses revenus publicitaires.
Ses programmes séduisent notamment un public très prisé par les annonceurs: "les femmes de moins de 50 ans responsables des achats", les ex-"ménagères de moins de 50 ans".
"Nous n'avons pas les moyens de faire comme les autres: la contrainte nous a poussés à être créatifs", explique Nicolas de Tavernost. Le président du directoire du groupe vise notamment les jeunes, de plus en plus allergiques à la télévision, expliquant qu'il ne mettra pas un programme sur M6 "s'il est repoussoir pour les jeunes".
Parmi ses prochains objectifs: doper l'audience de sa chaîne de divertissement Paris Première en la faisant passer sur la TNT gratuite, après avoir essuyé plusieurs refus du CSA. W9, son fer de lance sur la TNT, a été doublée par C8 dans laquelle Canal+ investit beaucoup.
Le groupe souhaite aussi limiter les pertes des Girondins de Bordeaux (8,9 millions d'euros en 2016), club qu'il contrôle depuis 1999. Après un titre de champion en 2009 et une Coupe de France en 2013, le club ne brille plus et cherche un partenaire financier capable de l'installer parmi les cinq meilleurs français, affirme Nicolas de Tavernost, dont le mandat a été renouvelé jusqu'en 2020.
Après une gigantesque fête aux Tuileries pour ses 20 ans, la chaîne a réservé la Maison de la Mutualité à Paris mercredi pour souffler ses 30 bougies. A l'antenne, M6 fête son anniversaire le 7 mars, avec une émission spéciale présentée par ses deux animateurs les plus appréciés des Français, Karine Le Marchand et l'agent immobilier Stéphane Plaza.
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