Mondial-2018 : les fans des Bleus se rassemblent timidement en région parisienne
Maillot bleu sur le dos, traits tricolores sur les joues: à Noisy-le-Grand, seule "fan zone" de la région parisienne, comme sur un écran géant à Conflans-Sainte-Honorine, les supporters de l'équipe de France sont venus en petit nombre soutenir les joueurs pour leur premier match du Mondial-2018.
Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), début de la rencontre France-Australie. Le public est concentré, mais pas survolté. "C'est parce que ça joue pas bien", tranche en début de seconde période Virginie, 34 ans, maillot bleu et drapeau français crayonné sur les joues.
Ils sont 2.500 supporters - selon un décompte officiel de la mairie - à regarder la rencontre dans un calme souverain, sous la surveillance de policiers déployés en nombre dans un contexte de menace terroriste qui pèse sur la France.
Quand soudain le silence est brisé par les cris de quelques fans après l'obtention d'un penalty, avant le but d'Antoine Griezmann à la 58e minute: "Allez les Bleus, allez les Bleus!".
Au nord-ouest de Paris, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), où l'accès à un grand écran est également surveillé par des dizaines de policiers qui fouillent le public à l'entrée de la zone, les fans ne sont que quelques centaines.
Mais Antonin, 8 ans, accompagné de son père, estime qu'"être avec du monde pour voir le match, c'est plus rigolo !".
Avant le début de la rencontre, le public se livre déjà aux premiers pronostics. Pour Antonin, ce sont "les milieux" qui seront décisifs, notamment ses idoles N'Golo Kanté, Corentin Tolisso et Paul Pogba.
Non loin, Lorentzo, 12 ans, les joues maquillées et un maillot non-officiel de Kylian Mbappé sur le dos, pronostiquait avant le début de la rencontre un 2-1 pour la France, contrairement à son père Romain qui voyait plutôt un 3-0. "Ils sont forts en attaque, ils vont courir", analyse-t-il.
- Revivre 98 -
Antonin a eu raison: à Kazan (Russie), la France a battu l'Australie (2-1), aidée par l'arbitrage vidéo, puis portée par Paul Pogba pour le but victorieux.
Vingt ans après avoir gagné le Mondial en France, le public veut croire que les Bleus peuvent décrocher une nouvelle étoile sur le maillot. "On aimerait bien revivre ce qu'on a vécu il y a 20 ans, avec tout ce que ça a procuré comme joie. On a envie que nos enfants vivent ça", résume la mère de Lorentzo, Laetitia.
L'ambiance n'est cependant pas au rendez-vous, et peu de supporters ont fait le déplacement. Pour Laetitia, cet apparent manque d'intérêt s'explique par le fait que "cette fois, ça n'a pas lieu en France et puis (c'est) à cause des attentats. Les gens réfléchissent avant d'aller dans les +fan zones+ ou sur les Champs (Élysées), si on gagne", estime cette trentenaire.
Qu'importe les débuts timides de l'enthousiasme populaire. Selon un sondage Odoxa publié vendredi, 67% des Français ont une bonne opinion des joueurs et 47% estiment que les Bleus ont des chances "assez" (41%) ou "très importantes" (6%) d'être sacrés champions du monde.
Dans le contexte de menace terroriste, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a appelé fin mai les préfets et patrons de la police et de la gendarmerie à ne pas autoriser les retransmissions des matches sur grand écran dans l'espace public, sans mesures de sécurité draconiennes.
A Paris, plusieurs dizaines de personnes, essentiellement des enfants, ont regardé la rencontre sur un grand écran dans un gymnase du XIIe arrondissement.
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