Le rapport de force et la force du rapport aux autres
ÉDITO - Tout dans l'univers semble régi par un rapport de force. L'opposition et l'interaction entre les forces naturelles. Et hélas, il apparaît que la communauté humaine n’échappe pas à la règle.
« Aucune race n’est supérieure à l’autre. Depuis la préhistoire, c’est toujours le rapport de force qui décide de qui est le maître et de qui est le sujet », écrit Mohammed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra, dans son roman L’Équation africaine.
Il est manifeste que les dirigeants de bien des pays s’emploient à décider qui est le maître et qui est le sujet. Pour cela, ils mettent par exemple l'accent sur la sécurité, afin d’imposer à la population une société dont la gestion est axée sur le rapport de force.
Et il en va très souvent de même à l'intérieur des entreprises, des administrations et des couples. Alors que subordination, assermentation et différences de sexes, statuts et niveaux sociaux et autres, ne devraient pas nécessairement être synonymes de rapport de force, voire de relations de domination ou de soumission par la contrainte.
Dans toutes les espèces animales, le rapport de force est intrinsèque à la vie en communauté. Mais le rapport aux autres est une force qui lui est nettement supérieure, par essence.
Pourquoi ? Non seulement le rapport aux autres est indispensable à la survie de l'espèce elle-même, mais il est aussi indispensable à la survie de la communauté, prise en tant que structure et/ou en tant que mode de fonctionnement.
Car sans cohésion, nul regroupement ne peut être pérenne, ni ne peut avoir d'effectivité sur la durée. Or, la cohésion véritable ne peut pas résulter du rapport de force. Seuls la confiance et le respect mutuels peuvent donner à la cohésion la substantialité requise pour qu'un groupement d'individus puisse constituer une entité véritablement effective.
Un simple conglomérat d'individualités, plus ou moins homogène en apparence, mais qui serait composé en réalité d'entités individuelles, parfois parasites les unes des autres, ne saurait en aucune façon constituer une vraie communauté vivant en harmonie et en symbiose.
J'entends par là que chacun puisse, à condition d’en respecter les us et coutumes, les devoirs, les limites et les interdits, profiter des avantages offerts par la communauté. L’empathie, cette faculté de ressentir ce que ressentent les autres, est évidemment à la base du rapport aux autres.
« Ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse », dit l’adage. Ce qui est au fond comparable au verset biblique « Aime ton prochain comme toi-même ». Une empathie dotée de bienveillance qui donne à ce dicton chrétien l’envergure d’un principe fondamental, d’une règle première.
Enfin, n’oublions pas un aspect crucial : plus une communauté humaine est importante en nombre d'individus, moins ses membres peuvent avoir des interactions directes entre eux (a fortiori fréquemment). Mais quand, au sein de cette communauté humaine, le rapport aux autres a une place plus grande que le rapport de force, alors nulle entité parasite ne peut avoir la mainmise sur celle-ci.
D'où l'obligation, pour tout despote dans l'âme qui veut pouvoir diriger toute une société, d'avoir un moyen de coercition, une force armée suffisamment efficace et dissuasive pour confiner ses membres dans la soumission, par l’isolement, en créant une rupture du lien social et, souvent, en désignant un fautif, un bouc émissaire.
Des manœuvres politiques qui consistent finalement à remplacer, dans la communauté humaine, l'harmonie par la peur : la peur des étrangers, la peur du chômage, d'une pénurie, d'un virus, la peur des non-vaccinés... La peur perpétuellement entretenue d'un conflit nucléaire... La liste est tristement infinie.
Gouverner par la peur caractérise l'idiosyncrasie des dirigeants qui n'ont pas de légitimité véritable et qui ont pour objectif principal le bon déroulement de leur propre carrière professionnelle ou politique. Ils ne se soucient pas de nuire aux intérêts individuels et collectifs de la communauté humaine au centre de laquelle ils se comportent, pour leur propre confort, au fond, comme des parasites.
Dès lors que des dirigeants imposent par la force les décisions qu'ils prennent, leur souhait ultime est de substituer aux intérêts de ceux qui les ont placés au pouvoir, leurs propres intérêts.
Nos dirigeants seraient toutefois bien avisés de garder en mémoire la phrase de John Fitzgerald Kennedy : « La tolérance, ce n’est pas renoncer à ses propres convictions, mais refuser d’opprimer ou de persécuter autrui ».
Et si nous montrions que nous sommes capables de retrouver l’harmonie dans notre communauté ? Et si nous commencions par ressentir ce que ressentent les personnes qui nous entourent ? Si nous réalisions d'abord un geste bienveillant, un geste gratuit envers son voisin à qui on ne dit plus bonjour, envers celui qui a tout perdu, envers celui qui nous en veut pour quelque chose de tellement futile que plus personne ne s’en souvient ?
Et si nous commencions par un sourire, un moment d’écoute, un petit geste qui nous coûte peu et qui peut changer la vie de quelqu’un de désespéré, de celui qui a abandonné et ne croit plus dans la vie, qui n’espère plus en un meilleur avenir ?
Nous ne nous trompons pas, et n’attendons rien d’en haut pour que les choses changent.
C’est seulement par nos actions que nous pourrons améliorer notre vie en communauté, à commencer par de simples gestes de gentillesse, par un sourire, par un bonjour, par une action bienveillante, par une main tendue, des petites choses en apparence, mais qui mises bout à bout, nous pourront nous rendre l’harmonie perdue.
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