Quand “Tatoo” (1), t'es prêt “Tatoo” pour ne pas (Ta)tout perdre...

Auteur(s)
Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 03 novembre 2023 - 18:56
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Rose Tatoo
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Rose Tatoo, et surtout rouges de honte...
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EDITO - De par mon métier de journaliste et de ma fonction de directeur de la rédaction de France-Soir, j'ai eu pléthore d'occasions de rencontrer politiciens, journalistes, hauts fonctionnaires et autres anciens de Sciences Po et de l'ENA. En général, tous sont très carriéristes.

Certains le sont au sens noble du terme. Car à l'instar de celui de journaliste, politicien est un métier qui demande des qualités intellectuelles et humaines... quand on l'exerce avec probité. Et sans doute que cela est également le cas pour quelques hauts fonctionnaires, comme Jean Moulin par exemple, le seul et unique préfet qui n'a pas collaboré entre 1940 et 1945.

Mais les places sont bonnes, la rémunération intéressante, la pénibilité très basse, et les avantages de toutes sortes sont nombreux, sinon pharaoniques ou... élyséens.

Donc, quelque part, il est sinon normal, du moins logique, qu'au sein de ces trois corporations, on soit fortement enclin à s'affranchir de certains des impératifs basiques de l'éthique et de la probité, que l'honnête citoyen attend de ceux qui exercent ces trois métiers-là, de ces trois corporations qui en fait n'en constituent qu'une seule, entremêlées que sont la politique, le journalisme et le haut-fonctionnariat, et compte tenu du fait que nombreux sont ceux qui passent de l'une à l'autre ou font partie des trois en même temps...

Je sais de quoi je parle. Nombreux les journalistes à avoir enfreint la déontologie et l'impératif premier de la Charte de Munich qui nous impose de dire la vérité quoi qu'il en coûte. Ceux qui préfèrent à cela la vérité qui les arrange, à savoir celle qui leur permet de conserver leur poste. Les fact-checkers ont montré la voix avec les opérations d'infofiction qu'ils mènent désormais en permanence et sur tous les sujets. Les mensonges qu’ils assènent péremptoirement (sans argumentation véritable) comme étant des vérités à ce point incontestables que quiconque n'est pas d’accord avec eux se voit coller l'étiquette de complotiste associée à celle d'agent de l'extrême droite et d'antisémite radicalisé (voir à ce sujet mon éditorial intitulé “Chutzpah").

Bref, de quoi dissuader les plus résistants, les inciter à rentrer dans le rang ou, plutôt, de ne pas en sortir.

Et c’est bien là le problème. Car pendant la crise sanitaire, bon nombre de scientifiques se sont tus afin de ne pas perdre leur place. De même pour certains politiciens et journalistes. Tous avaient pourtant bien sûr les moyens de s’informer. Mais sachant qu’ils risquaient de se voir coller l’étiquette infamante de complotiste par les médias mainstream et les fact-checkers, la plupart d'entre eux se sont abstenus de faire leur devoir. Les cas de renoncement sont trop nombreux, tellement nombreux que pour pouvoir restaurer un tant soit peu de dignité à l’information (ou mieux rêvons un peu lui redonner ses lettres de noblesse), il va falloir enchaîner les procès en place publique.

Et si plus en avant, je vous ai dit que je sais de quoi je parle, c'est aussi parce que j'ai dans mon entourage proche plusieurs personnes qui sont prêtes à tout pour garder leur place. Je pense à deux ou trois en particulier. Politicien, journaliste ou haut-fonctionnaire ? Je vous laisse deviner.

La première de ces personnes est bien décidée à ne pas sortir du rang pour éviter de faire des vagues. Vacciné avant même que l’injection ne soit généralisée pour sa classe d’âge, car bénéficiant d’un traitement de faveur, un de ses enfants a été victime d’une paralysie partielle après sa vaccination Astra Zeneca. Alors qu’aucun lien de causalité n'a été mis en avant, la personne a bénéficié cependant d'une exemption de seconde dose. Et l’on attribua l'effet secondaire à son contraceptif !

Une seconde de mes connaissances avait besoin de se déplacer à l’étranger pour des raisons professionnelles, mais n’était pas convaincue par la vaccination. Qu’à cela ne tienne, un faux a fait l’affaire, mais bien sûr, on ne l’évoque pas dans les diners, cela permet de garder sa place dans le groupe ! 

Cependant, la plus intéressante est la troisième. Un exemple de plus du prêt à mentirpour garder sa place : mentir sur ce qu'elle pense réellement, à autant de gens que nécessaire et sur bien des sujets.

Néanmoins, les exemples concrets et déjà effectifs de politiciens, journalistes et hauts fonctionnaires qui ont fait montre d'une malléabilité extrême pour garder leur place ou grimper dans la hiérarchie, ces exemples sont trop nombreux.

Et je ne vous parle pas uniquement céans de la tristement célèbre "promotion canapé " (2).

Non. Je vous parle principalement de ce qui a trait à leurs fonctions et qui est notoirement connu comme dirait Gérald Darmanin (ou Karim Benzema) à propos des politiciens. Leurs revirements de position, changements radicaux dans leurs avis officiels sur tel ou tel sujet, précisément. Leurs changements de partis et d'amis politiques également, de tenues, de coiffures, de poids, etc., bref tout ce que les Inconnus ont parfaitement repris et résumé dans Le jeu de la vérité vraie, leur sketch sur les politiciens, parodie de l'émission télé quasi éponyme Le Jeu de la vérité. 

Mais je vous parle aussi ici des errements et manquements délibérés à l'éthique et à la probité, qui, hélas, là non plus, ne sont pas des cas si isolés que cela, bien au contraire.

Et ceci m'a amené à me poser la question suivante : jusqu'où certaines de nos élites sont prêtes à aller pour garder leurs places dans la société, leurs statuts, et pour atteindre leurs objectifs en faisant usage du mensonge ?

Mentir ou s’arranger avec la vérité sur leurs sentiments, leurs avis parce que les gens ne comprendraient pas ? Mentir sur leur statut vaccinal ? Il faut bien vivre, et j’ai droit au secret médical alors oui, j’ai fini par dire à mes amis que j’étais vaccinée.

Trahir leurs valeurs ou du moins celles qu'elles disent être les leurs, et non pas des leurres ? “Je ne peux pas dire ce que je pense, on me prendrait pour un fou.

Mentir sur la nature d'une injection ? Ou sur l'efficacité de celle-ci ? "J’ai eu le Covid, mais comme j’étais vaccinéprotégé d’une forme grave.

Mentir sur les effets secondaires ? “Lors d’un week-end en compagnie huit personnes, j’étais la seule à ne pas avoir un cancer ou un problème de santé important.

Mentir sur le contenu exact d'un contrat passé avec un laboratoire pharmaceutique ? Mentir sur les motivations véritables de financer, dans telle ou telle guerre, telle partie plutôt que telle autre ? Dans mes articles, je ne peux pas dire ce que je pense, sinon on n’accepterait pas mes papiers, je suis donc obligé de me censurer.

Et comment cela se traduit-il ? Par un blocage sur les réseaux sociaux. Ne surtout plus apparaître en connexion avec une personne qui pourrait mettre en jeu sa position sociale :

Tu le sais. J’écris dans les médias mainstream comme L’Express ou Les Échos, je passe à la télé : mon contact ne comprendrait pas.Plus facile de crier avec les loups et de condamner socialement une personne ! 

Et oui ! Cela est arrivé à ces personnes qui me demandent de ne plus être associé à France-Soir, car cela leur causerait un problème avec leur employeur, ou leur ordre, ou les médias dans lesquels ils écrivent. Et ceci même si ces médias ne les rémunèrent pas. Donc, ce n’est pas toujours uniquement un problème d’argent !

Alors quand, confrontés qu'ils sont à leur manquement au devoir du journaliste de dire la vérité quoi qu'il en coûte, on leur demande donc pourquoi mentir sur tel ou tel sujet.

La réponse est souvent hallucinante, comme par exemple ne pas avoir à affronter leurs voisins qui répétaient vouloir mettre les non-vaccinés en prison. Pourquoi plutôt ne pas affronter avec courage et argumenter de manière factuelle, que l’on a le droit de ne pas être d’accord ? Que notre démocratie nous garantit la liberté d’expression, ainsi que le consentement libre et éclairé ?

Hélas, toutes ces questions font que certains s’arrangent avec leur conscience. Lâcheté à tous les étages. Et comme un mensonge appelle un autre mensonge, l’escalade d’engagements avec le mensonge entraîne des rapports humains de plus en plus faussés. Et une perte de confiance. On ne sait plus ce que les personnes pensent vraiment puisqu’elles n’osent pas le dire ou alors disent ce qu’elles pensent que l’on doit entendre.

De nanti à anti (vérité anéantie), il n'y a qu'un N. Exactement comme, à l'inverse, de N (haine) à M (aime) il n'y a qu'un pont. Un pont que ceux qui ont tout n'hésitent pas à franchir...

Du coup, je ne sais pas exactement dans quelle proportion nos élites répondraient oui” à une ou à plusieurs de toutes ces questions (sinon à toutes). En revanche, je sais pertinemment ce qu'ajouteraient à cela, celles qui y répondraient par l'affirmative, exempte de tout scrupule qu'elles sont : 

Croix de bois, croix de fer, si je mens, c'est mon affaire !

 

(1) Cette pensée aurait pu germer de l’esprit d'Angry Anderson, chanteur du groupe de hard rock australien Rose Tatoo (qu'on peut également voir dans le troisième volet de Mad Max) s'il parlait français. Et surtout, s'il envisageait d'embrasser un jour la carrière d'homme politique ou de haut fonctionnaire. En France, notamment !

(2)Imaginez un peu la gueule du producteur qui a couché avec Sim”, disait Coluche pour illustrer une certaine idée de la promotion canapé...

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