Pour une loi européenne contre le gaspillage alimentaire par Arash Derambarsh
TRIBUNE : Avec cette crise sanitaire sans précédent provoquée par « Coronavirus Covid-19 », il est plus que nécessaire de développer la solidarité et la fraternité en Europe. La fraternité doit être un des piliers de la construction européenne car c’est une valeur qui permet aux citoyens européens de se rapprocher. Cela passe par une entraide alimentaire.
1,3 milliard de tonnes de nourriture sont jetées ou perdues chaque année, soit 1/3 des aliments produits sur la planète !
Une loi historique en France contre le gaspillage alimentaire
Face à cette aberration, près de 10 millions de Français n'ont plus d'argent sur leur compte en banque après le 10 du mois et plus de 100 millions d'Européens vivent dans une situation de pauvreté sur le continent (sources : INSEE et Eurostat). Il y a autre ans, le 3 février 2016, la France a adopté une loi historique contre le gaspillage alimentaire. Depuis, les supermarchés n’ont plus le droit de jeter leurs invendus alimentaires et doivent désormais les distribuer à une association. Une première mondiale.
En France, grâce à la loi, plus de 5 000 nouvelles associations ont bénéficié des invendus alimentaires. Et plus de 10 millions de repas ont été distribués à des démunis. C’est une hausse de 22% du don alimentaire (chiffres confirmés par le programme alimentaire mondial des Nations Unies).
C’est une loi efficace qui a été immédiatement applicable et n’a rien coûté à l'Etat ni aux contribuables.
Mais pour que la loi soit pleinement efficace, elle se doit d’être européenne... et on ne peut pas se satisfaire de la situation dans l’Union Européenne aujourd’hui.
Plus de 80 millions de personnes vivent encore sous le seuil de pauvreté. Et alors que beaucoup ont du mal à nourrir leurs familles et à faire face à la crise, chaque supermarché, dans l’Union Européenne, jette plus de 40kg de nourriture par soir ! Cela correspond à 500 € de nourriture consommable. Aujourd’hui, avec cette crise sanitaire que nous traversons, il faut montrer des signes importants et concrets. Ainsi, que des chefs d’Etat de l’Union Européenne, comme le Président Emmanuel Macron, demande à étendre la loi sur notre continent en obtenant une directive contre le gaspillage alimentaire.
L’impact sur le plan européen d’une telle directive permettrait d’éradiquer une partie de la faim sur notre continent.
Cette directive, à l’image de la loi votée en France ou à Herstal en Belgique (grâce à Frederic Daerden) est simple : elle obligerait chaque supermarché à faire don de ses invendus à l’association de son choix. Elle faciliterait la récupération des invendus consommables d’un supermarché par des bénévoles. Ces derniers pourraient ensuite les distribuer immédiatement aux personnes nécessiteuses, notamment les SDF.
Cet encadrement légal Européen aurait trois conséquences :
1) Que chaque citoyen Européen puisse créer une association et obtenir une habilitation auprès des autorités compétentes.
2) Que chaque citoyen Européen puisse ensuite s'adresser à l'enseigne de son choix, afin que celle-ci lui remette les invendus pour une distribution le soir même.
3) Enfin, que si un supermarché refuse, il soit exposé à une lourde amende. En France, cette amende est de 10.000 € aujourd’hui.
La pétition "Stop au gaspillage alimentaire en Europe" soutenue par le Programme Alimentaire Mondial de Nations Unies, La Croix rouge et Action contre la faim) a déjà dépassé 1,5 millions de signatures. Nous sommes confortés dans l’idée que les Français et les Européens attendent cette loi.
A propos de l'auteur :
Arash Derambarsh est avocat au Barreau de Paris, il est à l’origine de la loi contre le gaspillage alimentaire en France, il a reçu le prix « Win Win » en 2019 (équivalent du prix Nobel pour le développement durable).
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