Bons baisers (sans gestes barrières) de Madrid
CARTE POSTALE - Enfermés depuis trop longtemps, suffoquant dans nos appartements, c’est ce sentiment d’oppression qui nous fait décoller pour Madrid. Si l’objectif principal reste de découvrir une ville qui nous est inconnue, l’excuse du tourisme vient dissimuler une envie de retrouver une vie normale, plus fort encore : un besoin de respirer. Notre quotidien parisien est habituellement rythmé par des terrasses de café pleines, accompagnées de dizaines de verres vides. Mais ces derniers temps, ce sont des milliers de terrasses de café qui sont laissées vacantes.
À Madrid, le ressenti est hors du commun : à peine sortis de l’avion, nous sommes déjà installés à une terrasse en plein centre-ville. Un acte pourtant si simple, mais qui nous envahit d’une sensation de plénitude et de liberté retrouvées. Cependant, ce plaisir est gâché par une impression de délit, comme si nous n’avions pas le droit d’être assis là, à cette table. Pouvons-nous fumer ? Ou même simplement retirer notre masque le temps d’un café ? À vrai dire, ici les gens respectent les consignes sanitaires. Les trois clientes à côté de nous gardent leur masque sur le nez, et ne l’enlèvent que pour boire. Si vous cherchez des Français en ville, vous les reconnaîtrez directement au simple fait qu’ils portent leur masque sous leur nez. Tous les magasins sont ouverts, les musées également, l’oppression ressentie à Paris ne nous atteint pas ici. Au contraire, les habitants de Madrid semblent se rebeller contre ce virus, et le manifestent dans les rues. De nombreux tags sont présents dans la capitale espagnole, dénonçant la « dictature du Covid », parfois même définie comme une « hystérie collective ».
C’est cela qui rend la ville de Madrid attirante en ce moment, plus que d'ordinaire. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu l’idée de fuir le temps d’un week-end. La ville est envahie par les touristes, ce qui ne fait pas l’unanimité. Dès notre arrivée sur le sol espagnol, une journaliste locale vient nous aborder. Elle est intéressée par les motivations des touristes français qui viennent massivement profiter de la capitale. Cela ne se fait pas forcément sentir dans la ville, mais les habitants ne semblent pas apprécier cet exode.
Passé 18h, c’est la ville entière qui se transforme, les terrasses des bars sont submergées : impossible de trouver une place sans réservation, même les marches des bouches de métro sont prises par les plus déterminés. Nous sommes presque étonnés de voir un tel changement s’opérer, alors que notre intention était seulement de sortir boire quelques bières. Le couvre-feu instauré à 23h par les autorités madrilènes se fait à peine sentir pour nous, qui sommes privés de sortie et ce dès 18h.
La police madrilène commence à vider les rues autour de 23h, les gens rentrent de manière tranquille chez eux sans la peur d’être verbalisés pour quelques minutes de bonheur en plus. Après seulement deux heures de vol, nous voilà de retour dans la grisaille parisienne. Ces quelques jours passés en dehors de la France nous ont été bénéfiques, sur le plan culturel évidemment car il serait dommage de négliger cet aspect du voyage, mais surtout sur le plan psychologique : ils sont la preuve que la vie sociale existe encore, toujours aussi belle même sous son masque chirurgical, toujours essentielle même après un an de pandémie, que cette escapade nous a permis de délaisser. Ephémère mais salutaire bouffée de liberté !
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