Chronique N°99 - "Disparition du Conseil scientifique : bon débarras !"

Auteur(s)
François Pesty, pour FranceSoir
Publié le 08 août 2022 - 19:20
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Chronique Pesty 99
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Jean-François Delfraissy, ancien président du Conseil scientifique.
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CHRONIQUE - Le 21 juillet 2022, Lorrain Sénéchal, animateur radio sur France info, interviewait le Pr Jean-François Delfraissy, sur le départ…

                                 (Interview à retrouver intégralement : ici

Lorrain Sénéchal : Le Conseil scientifique va disparaitre à la fin de la semaine prochaine, en même temps que l’état d’urgence sanitaire. Le bilan du Professeur Delfraissy. 

                                    Jingle et voix féminine « France Info »

Lorrain Sénéchal :  Bonjour Jean-François Delfraissy.

JFD : Bonjour. 

Lorrain Sénéchal : Vous êtes pour encore 9 jours président du Conseil scientifique. Vous venez d’ailleurs de rendre un rapport (ici). Euh, le pic de la septième vague de covid, il est passé, il est derrière nous, y compris à l’hôpital ? 

JFD : Non, pas à l’hôpital. Euh, il est passé en termes de nombres de contaminations et comme vous le savez maintenant, il y a toujours un décalage d’environ une quinzaine de jour. Donc, on va continuer à voir un impact important, euh, au niveau hospitalier, en particulier des hospitalisations classiques. Ça va se passer. On l’avait dit d’ailleurs dès début juin. Hein, parce qu’on a les outils pour faire face. Euh, il peut y avoir un moment de tension important dans certaines zones françaises, puisqu’il y a les mouvements de population importants avec les vacances… 

Lorrain Sénéchal :  Et vous pensez au Sud ? 

JFD : … et beaucoup d’échanges en termes générationnels. Et donc, par exemple, sur la côte (d’Azur ?), sur le Languedoc, sur, on peut en parler là, du Sud-Ouest où la capacité du système de soins, qui est par ailleurs dans un système de soins qui est affaibli en ce moment, et avec un afflux de personnes, peut faire qu’il y ait de la tension encore, euh, je dirais, début août. Mais, globalement, on va passer cette 7ᵉ vague.

Lorrain Sénéchal : Ça veut dire qu’on va la passer sans avoir eu besoin de rendre le masque à nouveau obligatoire. Qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qui fait qu’on arrive à passer une telle vague aujourd’hui, alors qu’on avait tant de difficultés, il y a encore quelques mois, et surtout quelques années ?

JFD : Euh, deux choses. Euh, premièrement, qu’on a à faire à ce qu’on appelle Omicron et ses petits cousins. C’est la vague Omicron qui a débuté fin décembre, et puis on a eu BA.1, BA.2, BA.4, BA.5, euh, qui est de plus en plus transmissible [1]. C’est-à-dire, ça montre que ce virus continue à évoluer. Donc, euh, que c’est pas fini. L’épidémie n’est pas finie [2]. Il va continuer à évoluer. Mais, un point essentiel, c’est qu’il n’est pas sévère [3]. Hein, parce que tout s’effondre si, en effet, on a à faire à un virus qui est plus sévère. Ça, c'est le premier point.

[1] Si l’on compare la 7ᵉ vague à la 6ᵉ, et à la 5ᵉ, non, BA.5 n’est pas plus transmissible que les premiers sous-variants d’Omicron ! Bien au contraire. Mauvais point pour Delfraissy. Que fichent les journalistes, incapables de vérifier ce que proclame haut et fort le Président du Conseil scientifique ! Je croyais que France Info disposait d’une cellule d’investigation et de vérification de l’info mal dénommée « Le Vrai, du Faux »… Selon le point épidémiologique hebdomadaire national (PEHN) du 3 février 2022 (ici), le sous-variant BA.1 d’Omicron représentait 97% des séquences interprétables la semaine 3 (du 17 au 23 janvier 2022) pendant laquelle nous observions le 21 janvier 2022 le pic d’incidence de la 5ᵉ vague avec 365 758 nouveaux cas (moyenne quotidienne calculée sur les 7 derniers jours). Alors que le 21 mars 2022, Santé Publique France (SPF) rapportait dans son PEHN du 7 avril 2022 (ici) que le sous-variant BA.2 d’Omicron représentait 92% des séquences interprétables, nous enregistrions un pic d’incidence de la 6ᵉ vague le 31 mars 2022 avec 140 618 nouveaux cas positifs au Covid-19. Quant au pic de la 7ᵉ vague attribué au sous-variant BA.5 d’Omicron, il est survenu le 9 juillet (10 jours avant l’interview de JFD chez France Info…), culminant à seulement 130 944 nouveaux cas. Le PEHN de SPF publié le 28 juillet 2022 (ici) faisait état d’une prédominance à 92% du sous-variant BA.5, établie le 11 juillet. Le graphique ci-dessous montre bien que les sous-variants d’Omicron n’ont fait que décliner en termes de transmissibilité, n’en déplaise à JFD…

                          Déclin de la transmissibilité des sous-variants d'Omicron

Déclin de la transmissibilité des sous-variants d'Omicron

                             Déclin de la transmissibilité des sous-variants d'Omicron

 

Le graphique suivant illustre l’impact des sept vagues sur le nombre de patients positifs au covid-19 hospitalisés (tous services et soins critiques) et les décès « liés au covid » :

impact des 7 vagues sur les hospitalisations, les réanimations et les décès

        Impact des sept vagues sur les hospitalisations tout service, les réanimations et les décès

 

Le graphique suivant permet d’observer lors des sept vagues les impacts de l’hospitalisation en soins critiques sur les nombres de décès quotidiens (moyennes des sept derniers jours)

Évolution comparée des nombres de patients covid hospitalisés en soins critiques et des décès

Évolution comparée du nombre de patients positifs au covid et hospitalisés en soins critiques et des décès

[2] L’épidémie ne serait pas finie, selon JFD. Cependant, John Paul Ioannidis, le meilleur épidémiologiste au Monde, a déclaré que cela faisait belle lurette que la pandémie était terminée avec une publication à l’appui dans la revue Eur J Clin Invest (reçue le 4 janvier 2022 et acceptée le 26 mars 2022 (ici). Il est étonnant que le Conseil scientifique, très mal conseillé, n'ait pas pris acte de cette excellente nouvelle…

[3] Non, on ne s’en serait pas douté… Dans ma chronique N°80, datée du 12 décembre 2021 (ici, se rendre au commentaire [48]), j’avais eu la curiosité de regarder ce qu’il se passait en Afrique du Sud d’où était originaire Omicron, et de comparer l’évolution des nouveaux cas et des nouveaux décès. Cela sautait aux yeux qu’Omicron était particulièrement inoffensif… Les journalistes de France Info, la radio qui voulait laver plus blanc que blanc l’info covid (Relire ma chronique N°72 : ici), n’avait même pas consenti cet effort d’aller voir comment les choses s’étaient déroulées en Afrique du Sud. Mais, c’est bien que Delfraissy ait fini par s’en apercevoir…

JFD : Le deuxième, c’est que, ben la médecine reprend ses droits, si je peux dire, hein. Et donc, on a les outils maintenant pour faire face. Euh, qui sont pas uniquement des outils de santé publique, qui demeurent importants, bien sûr, hein. Mais, on a les vaccins, la vaccination qui est quand même le cœur de la guerre, euh contre ce virus [4]. On a des traitements, avec les antiviraux qui sont insuffisamment utilisés en France. On a la capacité de diagnostiquer, de séquencer, de voir arriver un nouveau variant à l’avance [5]. Parce qu’on séquence un peu partout. Donc, on a une série d’outils.

[4] Je crois qu’il prend des vessies pour des lanternes. Comment ce professeur de médecine peut-il encore croire en la moindre efficacité des vaccins anti-covid ?

[5] À l’avance, cela ne s’est jamais vu. On a toujours été à la ramasse en France, contrairement aux Anglais qui séquençaient déjà un an avant nous !

Lorrain Sénéchal : Alors, les traitements, ils sont toujours efficaces, c’est vrai qu’on en parle très peu.

JFD : Oui, on en parle très peu, parce que vous en parlez très peu. Moi, j’ai beau, j’ai beau m’époumoner à dire…  

Rires de Lorrain Sénéchal.

JFD : ... qu’il y a …, cette notion de traitement n’est pas suffisamment mise en place en France. 

Lorrain Sénéchal : Ils sont efficaces contre Omicron ? Allez-y. Lesquels alors ? 

JFD : Deux types de traitements. Un, les anticorps monoclonaux qui sont des substances qui sont produites in vitro puis ensuite sont injectées pour les populations les plus, les fragiles, en particulier les immunodéprimés ».

Lorrain Sénéchal : Donc, ça, c'est par intraveineuse.

JFD : Bon, ça, c'est par voie intraveineuse. Et puis, on a maintenant un médicament par voie orale, qui est le Paxlovid®. Je n’ai aucune action sur le laboratoire qui le fabrique [6].

[6] Peut-être, mais, Delfraissy a eu tellement de conflits d’intérêt avec les firmes pharmaceutiques tout au long de sa carrière, qu’il est resté un super VRP des médicaments anti-infectieux. Que ça soit pendant la période où les recommandations éponymes (qu’il écrivait lui-même chaque année pendant plusieurs années, 1999, 2002, 2006, 2010…) sur les antirétroviraux (médicaments indiqués chez les patients infectés par le VIH), faisait la pluie et le beau temps auprès des labos concernés. Idem à l’occasion de l’arrivée sur le marché des antiviraux à action directe contre le virus de l’hépatite C chronique (Sofosbuvir et compagnie…). À partir de 2005, et pendant 12 ans, JFD aura été le directeur général de l’ANRS (agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales), une structure « public privé » dotée d’un budget annuel de 50 millions d’euros, financé par les firmes pharmaceutiques qui commercialisent des médicaments indiqués dans le cadre de l’infection liée au VIH ou pour soigner les hépatites virales. Il ne fut remplacé qu’en mars 2017 par le Pr François Dabis (ici). Actuellement, l’ANRS est dirigée par le Pr Yazdan Yazdanpanah (ici). Lui aussi a longtemps été un membre influent du Conseil scientifique, et également fortement perclus de conflits d’intérêt avec les firmes…

JFD : qui, on le prend, c’est quatre comprimés par jour pendant cinq jours. S’il est pris de façon précoce, il réduit d’environ 85%, 85%, l’évolution vers les formes sévères et les formes graves [7]

[7] Eh bien, il n’a pas bien appris sa leçon ce Professeur. Dans l’essai clinique Pfizer, il s’agissait d’un critère combiné (qui enjolive bien entendu les résultats) qui définissait comme résultat de santé (les anglosaxons parlent de « outcome ») soit l’hospitalisation, soit le décès. Ce n’est pas tout à fait pareil. De surcroit, et comme le Pr Gilles Pialoux qui ventait aussi les vertus du Paxlovid® sur BFMTV (voir ma chronique N° 97, au niveau de mon commentaire [1] (ici), Delfraissy exprime l’efficacité de ce médicament comme le font de nombreux PU-PH très courtisés par les laboratoires pharmaceutiques, en termes de réduction d’un risque relatif. Une expression qui exagère fortement la perception du résultat de l’essai thérapeutique et est, de ce fait, trompeuse. En l’occurrence, en calculant le risque de réduction absolue, les nombres de patients à traiter avec le Pavlovid® pour éviter une seule hospitalisation ou un seul décès, sont respectivement de 19 et 87. C’est évidemment beaucoup moins sexy qu’une réduction de 85%.

Lorrain Sénéchal : Y compris avec le BA.5 ? 

JFD : Y compris avec le BA.5, puisqu’il est sur des protéines du virus qui ne changent pas selon les variants [8]. Et c’est là, évidemment, la très bonne nouvelle. On sous-utilise ce médicament, en particulier par rapport aux États-Unis, hein, qui l’utilisent de façon très, très, large. Y compris par rapport à d’autres pays. Il faut qu’on avance. Qu’il y ait une prescription médicale qui soit plus avancée. Ce médicament est disponible. On manque pas de ce médicament. Si vous faites un covid, que vous êtes avec plus de 65 ans, 70 ans [9] et que vous avez un facteur de risque, demandez à votre médecin traitant s’il pense utile ou pas de vous mettre sous Paxlovid® !

[8] Oui, sauf que cela n’a absolument pas été vérifié. Car l’essai de Pfizer sur le Paxlovid® a été mené à l'époque du variant Delta, un variant beaucoup plus dangereux qu’Omicron. Ces résultats ne pourraient certainement pas être reproductibles si l’on refaisait aujourd’hui un essai sur le variant BA.5. Le Pr Delfraissy est un menteur. Son argument n’est qu’une hypothèse et pas un fait scientifique…

[9] Oui, alors là, dans l’essai Pfizer, l’âge médian des participants était de 46 ans. Un certain nombre de critiques peuvent être faites à cette étude clinique. La proportion d’hommes est plus importante dans le groupe placebo (51,7% versus 50,5%). Or, les hommes sont plus souvent que les femmes, sujets à des formes sévères et aux décès liés au covid-19. Par ailleurs, les patients qui ont reçu le placebo sont aussi plus âgés que dans le groupe traité (46,5 ans versus 45 ans) ; Or, l’âge est de loin le premier facteur de risque de faire une forme sévère ou de décéder de la covid. Mais, il y a pire. Alors que cela était signalé page 27 du protocole (dans les « suppléments »), aux fins d’analyses en sous-groupes, qui elles sont présentées dans la publication, la répartition entre le groupe Paxlovid® et le groupe placebo des facteurs de risques favorisant les formes sévères : âge ≥ 65 ans ou < 65 ans [10], tabac, diabète, immunosuppression, insuffisance respiratoire chronique, hypertension artérielle, maladie cardiovasculaire, insuffisance rénale chronique…, a été dissimulée (non publiée). Il est donc impossible de déterminer si les groupes sont comparables. Une condition absolument indispensable à la validation des résultats de n’importe quel essai randomisé versus placebo ! Cette étude en l’état est donc à mettre à la poubelle.

[11] D’ailleurs la distinction entre ≥ 65 ans et < 65 ans est très insuffisante. Pour s’assurer que les groupes placebo et traités sont bien comparables, il aurait fallu disposer de la répartition dans les classes les plus âgées : 70-79 ans, 80-89 ans, 90-99 ans, 100 ans et plus.

Lorrain Sénéchal : Vous dites qu’on a donc les traitements, qu’on sait gérer en quelque sorte. Il y a le vaccin qui reste efficace donc, contre les formes graves, y compris le BA.5 [12].

[12] Cette assertion du journaliste endoctriné est totalement erronée. Les vaccins à ARN messager (celui de Pfizer/BioNtech, surtout, et accessoirement celui de Moderna, qui a été beaucoup moins utilisé), dont il est question implicitement ici, n’ont jamais vraiment fonctionné, et ce, quelle qu’en ait été la souche en circulation, Alpha, Delta, et encore moins Omicron, quel qu’en soit le sous-variant. Il y a d'abord les résultats intermédiaires des essais cliniques initiaux, véritables tromperies organisées, avec un non-respect du double aveugle et l’introduction de biais volontaires tels que celui de ne pas avoir testé à intervalles réguliers les participants, y compris asymptomatiques. Mais les problèmes viennent aussi de l'absence de prise en compte d’une consommation plus importante de paracétamol (à la fois antalgique et fébrifuge) autant chez les vaccinés que chez les participants qui avaient reçu le placebo, ce qui a gravement faussé les résultats, sans que l'on puisse imaginer que cela n’ait pas été intentionnel. On peut également noter l’absence de démonstration dans ces essais d’une réduction tant de la mortalité que des formes sévères (lesquelles amalgamaient les hospitalisations classiques nombreuses de patients rapidement guéris avec celles en soins critiques, sans avoir isolé les seules véritables formes sévères attribuables au virus de la covid, que sont celles de patients intubés, sédatés, curarisés et placés sous ventilation mécanique). Enfin, l’efficacité vaccinale proclamée par les laboratoires et leurs aficionados est également infirmée par l’observation de l’absence de toute baisse des taux de létalité à mesure que la couverture vaccinale forcée par la campagne de vaccination progressait dans notre pays, jusqu’à l’arrivée d’Omicron qui a vu la létalité s’effondrer (voir ma chronique N° 89 : ici) ; De même, les pics de nouvelles contaminations, de nouvelles entrées à l’hôpital, y compris en soins critiques et de décès, se sont produits en dépit de l’augmentation de la couverture vaccinale (Voir ma chronique N° 97 : ici)…

Lorrain Sénéchal : Quel regard vous portez quand vous voyez que le débat au niveau politique est en train de monter pour réintégrer les soignants non-vaccinés ? 

JFD : Écoutez, on a pris position dans notre avis. On pense que c’est un débat politique. Moi, je m’occupe du sanitaire. Euh…

Lorrain Sénéchal : Au niveau sanitaire, est-ce qu’il y a quelque chose ? 

JFD :  Oui, il y a deux éléments.

Lorrain Sénéchal : Ah ! 

JFD : Euh, d’abord, il est rappelé que le conseil national de l’ordre infirmier a fait un travail remarquable au cours des derniers mois dans un silence, euh, euh, absolu. Pourquoi, parce que, ils se sont faits... Un certain nombre de leurs bureaux se sont fait attaquer par des antivax. Il faut aussi le dire, des choses de ce type... Euh, ils ont fait un travail de médiation important. C’est-à-dire que les personnes, les soignants qui étaient non-vaccinés et qui voulaient réintégrer. Plus de la moitié d’entre eux qui sont passés dans ces cellules, montées par la CNAMTS, ont pu finalement avoir un vaccin. Bon. Deuxièmement, ça concerne un tout petit nombre de gens (À ce moment-là, JFD a subitement un chat dans la gorge pendant quelques secondes. Covidé JFD ?). On dit 75 médecins ou pharmaciens.

Lorrain Sénéchal : 75.

JFD : 75 médecins ou pharmaciens. Et probablement de l’ordre de 2 à 3 000 professions infirmières ou aides-soignantes. Voyez... C’est donc pas très, pas très important.

Lorrain Sénéchal : Sur des centaines de milliers, hein, euh…, en France [13].

[13] Comme si le journaliste rajoutait une couche à la minimisation flagrante du problème par le Pr Delfraissy…

JFD : Mais quels sont les arguments scientifiques ? Eh bien, les arguments scientifiques, ils sont pas énormes. Mais d’abord le vaccin protège pas très bien contre l’infection et contre la contamination. Mais, il protège quand même ! [14]

[14] L’archétype de l’expertise au doigt mouillé. Et en plus ce n’est pas vrai ! Nous allons le vérifier ensemble.

JFD : Et en particulier chez les sujets jeunes qui ont une bonne réponse immunitaire, et les soignants sont des sujets jeunes. Et deuxième élément, lorsque l’on compare la charge virale, l’importance de la quantité du virus qui circule, chez quelqu’un qui a été infecté par le variant Delta et qui est vacciné. Eh bien, elle est beaucoup plus faible et beaucoup moins durable que chez quelqu’un qui a été non-vacciné. Ce qui montre bien que, évidemment, les personnes vaccinées, même si elles sont infectées, contaminent probablement moins que les autres. [15]

[15] Totalement faux. Nous retrouvons effectivement l’argumentaire anti-réintégration des soignants non-vaccinés développé par Delfraissy lors de son interview sur France Info, dans l’avis du Conseil scientifique daté du 19 juillet 2022 (ici).

La réserve du Conseil scientifique sur la réintégration des soignants non-vaccinés (17-07-2022)

La réserve du Conseil scientifique sur la réintégration des soignants non vaccinés

Il y a notamment, l’observation selon laquelle « les personnes vaccinées et infectées par le variant Delta sont porteuses d’une charge virale plus faible et moins durable que les non-vaccinés infectés ». Cependant, aucune référence bibliographique n’est mentionnée à l’appui de cette affirmation. D’autant plus que la déduction faite par l’immunologiste à partir de cette observation, « les personnes vaccinées, même si elles sont infectées, contaminent probablement moins », mériterait d’être étayée et la relation de cause à effet d’être démontrée. Mais, au fond, la charge virale, ce n’est pas vraiment le problème. La question pertinente pour juger de l’intérêt et du bien-fondé de l’obligation vaccinale (chez les soignants comme les non-soignants) serait de savoir si l’on contamine moins les autres lorsqu’on est vacciné qu’une personne qui ne le serait pas ? Nous avons la réponse scientifique à cette question dans une admirable étude anglaise dont les résultats ont été publiés le 28 octobre 2021 dans la revue Lancet Infectious Diseases (ici). Je ne m’étonne plus de ne pas la retrouver dans la bibliographie de cet avis du Conseil scientifique, pas plus que dans ses précédents. Pas étonnant, car ses résultats mettent à mal le dogme de l’efficacité du vaccin à éviter les contaminations.

Lancet Infectious Diseases : Community transmission and viral load kinetics of the SARS-CoV-2 delta (B.617.2) vriant in vaccinated and unvaccinated in the UK : a prospective, longitudinal, cohort study 

Lancet Infectious Diseases Community transmission and viral load kinetics - Interpretation

Le message est très clair lorsqu’on le traduit : « les personnes complètement vaccinées qui contractent le SARS-CoV-2 (variant Delta) ont un pic de charge virale similaire à celui des cas non-vaccinés et peuvent transmettre efficacement l'infection dans les foyers, y compris à des contacts entièrement vaccinés ».

Autrement dit, il n’y a pas de différence en termes de transmissibilité entre les complètement vaccinés et les non-vaccinés ! (Pour plus de détail sur cette étude anglaise remarquable, financée par de l’argent public et que nous n’avons pas su (voulu) réaliser en France, reportez-vous à ma chronique N°82 : ici)

JFD :  Enfin, dernier point. Moi, je suis un soignant. Je suis issu du milieu hospitalier. Ben, on choisit ce métier. On a finalement quand même une vision de ce métier. Eh bien, c’est pour protéger les autres. Et donc, moi, je vois. À l’hôpital, les gens me disent, mais si on doit réintégrer les soignants qui n’ont pas été vaccinés, ben, ça va pas très bien se passer non plus dans les équipes soignantes [16]. Pour toutes ces raisons, dont certaines sont scientifiques et c’est de mon regard, les autres sont moins scientifiques. Eh bien le Conseil scientifique, a émis un avis réservé sur la réintégration des soignants non vaccinés.

[16] À ces mots, Lorrain Sénéchal se met à glousser… Je trouve cela insupportable. Un journaliste d’information en continu doit rester neutre.

Lorrain Sénéchal : Jean-François Delfraissy. Merci beaucoup pour ce bilan. Vous qui quittez donc la tête de ce Conseil scientifique. Il sera d’ailleurs dissous à la fin de la semaine prochaine, en même temps que l’état d’urgence prendra fin.

Mais le Conseil scientifique n’a hélas pas été le seul à se fourvoyer à propos de la question de l’obligation vaccinale des soignants, de leur suspension et de leur réintégration. L’actualité récente nous invite à scruter les doctrines suivies dans cette affaire par l’Académie Nationale de Médecine et la Haute Autorité de santé.

L’Académie nationale de médecine s’est, elle, fendue d’un communiqué de presse le 19 juillet 2022, intitulé « Réintégrer les soignants non vaccinés contre la Covid-19 serait une faute » (ici). Elle ne cite aucune publication médicale à l’appui de ses quatre arguments « massues », tous formulés en termes péremptoires, mais tout à fait conformes à la doxa de ceux qui nous gouvernent et de leurs groupies. Lesquels, hélas, détiennent la majorité absolue non pas à l’Assemblée nationale, mais dans la population générale :

1. « Tout refus de se faire vacciner motivé par des convictions personnelles [17] est respectable, mais incompatible avec le métier de soignant [18] »

[17] Les académiciens, médecins retraités depuis fort longtemps pour certains, ont-ils oublié que la Loi autorise le refus de la vaccination, comme de tout acte, soin, analyse de laboratoire, médicament, imagerie médicale… prescrit(e)s. C’est dans le Code de santé publique. Il faut leur rafraichir la mémoire. La Loi du droit des malades, dite Loi « Kouchner » avec le consentement libre et éclairé. La décision médicale partagée… Ça vous revient ? Sinon, relisez ma chronique N°71 (ici)

[18] En quel honneur ?

2. « La baisse d’efficacité des vaccins pour prévenir l’infection et la contagion par les nouveaux variants du SARS-CoV-2 ne saurait justifier la réintégration des non vaccinés : les vaccins actuels conservent une efficacité résiduelle contre la transmission [19], qui doit être complétée par le respect strict des gestes barrières en milieux de soin [20] »

[19] Ce n’est pas exact. Je ne vais pas encore rabâcher... Remontez un peu dans ma chronique et vous comprendrez pourquoi, à moins d’être atteint par quelques problèmes d’ordre cognitif…

[20] Si vous pensiez aux masques. Peine perdue. Ils protègent bien des bactéries, mais pas des virus respiratoires. Prenez l’exemple du FFP2, je suis certain qu’une majorité d’académiciens les portent encore, notamment lors de leurs réunions. Je pense avoir fait preuve de pédagogie pour expliquer pourquoi ils ne marchent pas dans la vraie vie. (Voyez ma chronique N°90 : ici)

3. « Qu’aucun des arguments ressassés (absence d’efficacité, effets indésirables, manque de recul...) ne permet de valider scientifiquement le refus de se faire vacciner, les véritables contre-indications médicales à la vaccination étant très rares [21] »

[21] L’un des plus importants problèmes de la médecine, mis à part les conflits d’intérêt avec les firmes pharmaceutiques et les entreprises de la santé, c’est qu’elle repose le plus souvent sur des croyances ou opinions et non pas sur des faits scientifiques prouvés. Vous connaissez la médecine fondée sur les preuves ? L’avez-vous pratiquée ? La lecture critique des publications médicales, vous y êtes-vous entrainés ?

4. « La vaccination restant très efficace vis-à-vis des différents variants et sous-variants pour protéger contre les formes sévères de Covid-19 [22], elle permet de rendre exceptionnelle la reconnaissance de Covid-19 grave en maladie professionnelle chez les soignants vaccinés »

[22] Il n’y a que la Foi qui sauve. Qu’avez-vous vérifié pendant cette pandémie des informations qui parvenaient à vos oreilles, à moins que vous ne soyez complètement sourd…

La Haute Autorité de santé n’est pas en reste puisqu'elle a publié le 21 juillet 2022 un avis expéditif et très succinct sur le même sujet. Seulement trois pages, la dernière étant quasiment blanche. La HAS qui s’autoproclame « indépendante », ne reconnait toujours pas comme conflit d’intérêt les prises en charge dans les congrès, les invitations au restaurant et le fait que sa présidente a été nommée par Emmanuel Macron, lequel a affiché vertement sa position rigide et non fondée sur la question (Lire ma chronique N° 84 : ici). Madame Dominique Leguludec ayant obéi aux injections du président de la République et de son gouvernement en rendant un avis favorable au projet de Loi de juillet 2021 qui allait instaurer cette si cynique obligation vaccinale avec suspension des récalcitrants, autant qu’inutile sur le plan sanitaire, n’allait évidemment pas se dédire un an plus tard. D’ailleurs, un bilan a-t-il été fait pour vérifier que l’obligation vaccinale avait évité des contaminations entre soignants, entre soignants et patients, entre patients, dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux ? On peut affirmer sans se tromper qu’il n’y a jamais eu autant de nouvelles contaminations que depuis l’instauration de cette obligation en septembre 2021. Toujours est-il que l’avis, après avoir rappelé la position prise en faveur de cette obligation, ne fait que contextualiser la 7ᵉ vague liée au sous-variant BA.5 dans un court paragraphe avec pour sous-titre : « Le contexte actuel marqué par une nouvelle vague épidémique due au sous-lignage BA.5 du variant Omicron ».

Puis très rapidement dans son avis, elle assène, à la manière péremptoire du Conseil scientifique et de l’Académie nationale de médecine :

« La disponibilité de vaccins sûrs et efficaces face au variant Omicron après une première dose de rappel, en premier lieu contre les formes sévères, mais aussi contre les infections, participant ainsi à la limitation de la diffusion de l’épidémie »

Bien entendu, aucune publication scientifique à l’appui de ces affirmations tout à fait contestables.

Aucune étude clinique randomisée en double aveugle versus placebo pour vérifier l’efficacité vaccinale contre Omicron et ses sous-variants. Pourquoi faire ?

Y a-t-il seulement un expert indépendant à la HAS qui aurait lu la publication citée plus haut ? Cette étude qui innocente et réhabilite pleinement les soignants non-vaccinés, comme les non-soignants.

Quel intérêt à vacciner alors qu’il est maintenant prouvé que les non-vaccinés qui contractent le virus ne transmettent pas davantage que les pleinement vaccinés !

Bref, la HAS ne fait aucun effort de compréhension et conclut son avis par un lapidaire :

« Les données ne sont pas de nature à remettre en cause l’obligation vaccinale des personnels des secteurs sanitaire et médico-social. »

In fine, François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, qui ne semble pas mieux informé que les autres, se sera laissé convaincre de ne pas réintégrer (pour le moment) les soignants non-vacciné

Cette peine, totalement injuste, est prolongée, en même temps que l’urgence sanitaire disparait avec le Conseil scientifique.

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